Quelques jours après avoir été auditionné par la gendarmerie, Ibrahim El Rachidine a été déféré devant un tribunal militaire. Il est accusé d’être lié à la mort de l’un de ses neveux, qui a été torturé avant de succomber, le 31 janvier dernier.
Est-ce parce que l’affaire a provoqué un véritable scandale à Garoua que l’enquête progresse rapidement ? Ou parce que l’autorité traditionnelle et religieuse la plus puissante du Nord est mise en cause et que le palais d’Etoudi lui-même a demandé à ce que le dossier soit instruit avec célérité ? Quelques jours seulement après avoir été entendu par la gendarmerie sur les circonstances du décès de l’un de ses neveux, le lamido de Garoua a été déféré devant un tribunal militaire, le 7 février.
Tortures et sévices
Ibrahim El Rachidine est soupçonné d’être lié à la mort d’Ali Youssouf, un jeune homme tué le 31 janvier dernier sur la propriété du lamido et enterré dès le lendemain dans un cimetière de la ville. Le 3 février, le corps de la victime avait été exhumé pour être autopsié après que plusieurs témoignages avaient fait état de tortures et de sévices. Le 4, alors que la foule en colère menaçait de lyncher le lamido, les forces de sécurité l’avaient extrait de sa résidence pour le conduire dans les locaux de la gendarmerie de Garoua afin de l’entendre.
L’autopsie a rapidement confirmé les actes de torture et le lamido, un officier de gendarmerie ayant fait carrière au sein de la sécurité militaire, a été formellement inculpé de torture et d’homicide. Six autres personnes ont été déférées devant la justice, dont deux militaires étant au service d’Ibrahim El Rachidine.
Pour sa défense, celui-ci avait dans un premier temps déclaré que le drame était survenu alors que sa garde rapprochée tentait de maîtriser le jeune homme qui se trouvait, selon lui, sous l’emprise de la drogue.
Ibrahim El Rachidine avait été élu lamido en mai dernier à la suite du décès d’Alim Hayatou, qui était par ailleurs secrétaire d’État auprès du ministre de la Santé.