Six mois après l'étrange effraction au palais d'Etoudi, l'enquête sur le cambriolage du bureau de Samuel Mvondo Ayolo semble s'être évaporée dans les méandres du pouvoir camerounais. Un silence assourdissant qui soulève de nombreuses questions sur les dessous de cette affaire survenue dans l'un des lieux les plus sécurisés du pays.
Dans la nuit du 15 au 16 juin 2024, l'impensable s'est produit au cœur même de la présidence camerounaise. Le bureau de Samuel Mvondo Ayolo, directeur du cabinet civil de Paul Biya, a été la cible d'un cambriolage dont les circonstances défient toute logique. Une vitre brisée, quelques documents dérobés, et surtout un système de vidéosurveillance mystérieusement désactivé au moment précis des faits.
L'enquête, confiée au colonel Dieudonné Evina Ndo, directeur adjoint de la sécurité présidentielle, semblait prometteuse au départ. Son choix n'était pas anodin : ancien précepteur des enfants Biya et officier de police judiciaire de gendarmerie, il bénéficiait de la confiance présidentielle pour faire la lumière sur cette affaire sensible.
Pourtant, depuis décembre 2024, c'est le silence total. Aucune communication officielle, aucune fuite, aucune arrestation n'a été annoncée. Ce mutisme interroge d'autant plus que l'affaire touche au cœur même du système sécuritaire camerounais : la Direction de la sécurité présidentielle (DSP) du général Ivo Desancio Yenwo et la garde présidentielle du colonel Raymond Charles Beko'o Abondo.
Ce cambriolage s'inscrit dans un contexte de luttes intestines au sommet de l'État. La rivalité notoire entre Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, et Samuel Mvondo Ayolo continue d'alimenter les tensions. Les deux hommes, qui "se haïssent cordialement" selon les observateurs, se sont notamment affrontés dans l'affaire Samuel Eto'o.
Comment des cambrioleurs ont-ils pu pénétrer dans l'un des bâtiments les mieux gardés du pays ? Pourquoi le système de vidéosurveillance était-il désactivé ? Qui a pu orchestrer une telle opération nécessitant une connaissance approfondie des lieux et des protocoles de sécurité ?
Les rumeurs initiales concernant le vol présumé de plusieurs milliards de francs CFA, bien que démenties par l'entourage de Mvondo Ayolo, continuent de circuler dans les cercles du pouvoir. L'hypothèse d'un décaissement à la BEAC pour un voyage présidentiel annulé reste dans les esprits, malgré les démentis officiels.
Le silence prolongé sur cette affaire révèle un malaise profond au sein de l'appareil d'État camerounais. L'absence de résultats de l'enquête pourrait suggérer soit une volonté délibérée d'étouffer l'affaire, soit l'implication d'acteurs trop puissants pour être inquiétés.
Cette absence de réponses sur un événement aussi grave qu'une intrusion dans le bureau d'un des plus proches collaborateurs du président Biya soulève des questions sur la sécurité même du palais présidentiel. Le mystère qui continue d'entourer cette affaire contribue à alimenter les tensions déjà vives entre les différents clans du pouvoir, dans un contexte politique particulièrement sensible.