Actualités of Tuesday, 26 November 2024

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : le silence troublant de Paul Atanga Nji face à l’enlèvement du sous-préfet d’Idabato

Cameroun : le silence troublant de Paul Atanga Nji face à l’enlèvement du sous-préfet d’Idabato Cameroun : le silence troublant de Paul Atanga Nji face à l’enlèvement du sous-préfet d’Idabato

Le ministre camerounais de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, habituellement prompt à réagir aux questions de sécurité, reste étonnamment silencieux dans le cadre de l'enlèvement du sous-préfet de l'arrondissement d'Idabato, Ewane Roland. Ce dernier est détenu depuis plus de 50 jours par des ravisseurs, identifiés comme des pirates nigérians opérant dans la péninsule de Bakassi, une région au statut contesté entre le Cameroun et le Nigéria. Le mutisme du ministre, qui dans d'autres circonstances n'hésite pas à prendre des mesures fermes, y compris contre les activités de l'opposition ou des journalistes, suscite de nombreuses interrogations particulièrement chez notre confrère MMI.

L’enlèvement d’Ewane Roland, accompagné d’un employé du conseil municipal, a été suivi d’une demande de rançon des ravisseurs. Ces derniers exigent une somme de plus d’un milliard de FCFA ainsi que la libération d’un de leurs complices incarcéré à la prison centrale de Buea. Malgré la gravité de la situation, il a fallu attendre plus de 50 jours pour que le gouvernement réagisse officiellement. Ce n'est qu’à travers le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, que l’exécutif a exprimé sa position, promettant de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour obtenir la libération des otages.

Le ministre Atanga Nji, quant à lui, a seulement transmis les condoléances du président Paul Biya aux familles des victimes, sans offrir plus de détails sur les actions entreprises pour résoudre cette crise. Ce retard dans la réponse officielle a nourri l'inquiétude et renforcé les doutes sur la capacité des autorités à protéger leurs responsables dans les zones à risque.

Les ravisseurs, ne voyant aucune avancée dans les négociations, ont diffusé il y a quelques semaines des images choquantes des otages. Ewane Roland et son collègue apparaissaient ligotés à des poteaux dans une forêt dense, sous la menace d’une exécution si leurs exigences n’étaient pas satisfaites. Face à la pression, le gouverneur de la région du Sud-Ouest, Okalia Bilai, s’est rendu à Idabato par voie maritime et a lancé un ultimatum de 72 heures aux ravisseurs pour qu'ils libèrent les otages. Il a également ordonné l'arrêt des activités commerciales dans la région, affirmant que les ravisseurs étaient soutenus par des membres de la communauté nigériane locale, en réponse aux efforts du sous-préfet pour lutter contre l’évasion fiscale et les activités illicites.

Cependant, l'ultimatum est resté sans effet, et l’officier de division est toujours en captivité, tout comme son collègue. La crise d’Idabato rappelle douloureusement l’enlèvement et l’assassinat en 2018 de Namata Marcel Diteng, sous-préfet de Batibo dans la région du Nord-Ouest, en pleine crise anglophone. Là aussi, les autorités avaient tardé à intervenir, et le corps de Namata Marcel n’avait été retrouvé que plusieurs mois plus tard. Ces événements soulignent la détérioration continue de la situation sécuritaire dans les régions anglophones du Cameroun.

Des efforts diplomatiques ont été engagés pour tenter de résoudre l’enlèvement d’Idabato. Le gouverneur Okalia Bilai a entamé des discussions avec le consul général du Nigéria, sachant que les otages auraient été transférés sur le territoire nigérian. Cette coopération internationale est désormais cruciale pour une issue favorable à la crise. Toutefois, l’absence d’actions décisives de la part du ministre Atanga Nji et la lenteur de la réaction gouvernementale alimentent les doutes sur la capacité des autorités à faire face à la montée des menaces sécuritaires.