Actualités of Tuesday, 3 October 2023

Source: Le Messager

Cameroun : les débits de boisson menacent de fermer boutique

Le Collectif des barmen du Cameroun est en rogne Le Collectif des barmen du Cameroun est en rogne

Suite à la décision unilatérale de la Cameroon Alcohol producers Association (Capa) de réaménager la ristourne en la réduisant de moitié (50%), les exploitants des débits de boisson menacent de fermer boutique. Leur contestation commence par des sit-in ce mardi 02 octobre devant les unités de production si la Capa ne se ravise pas ont-il annoncé lors d’un point de presse vendredi dernier à Yaoundé.

Le Collectif des barmen du Cameroun est en rogne et déterminé à défendre leur droit. Ils l’ont fait savoir lors d’un point de presse donné le vendredi 29 septembre dernier à Yaoundé. La raison est « la décision de prélever dès le 1er octobre 2023, 50% de nos ristournes/épargnes logées dans leurs livres de comptes » notifié par la Cameroon Alcohol Producers Association (Capa), une association qui regroupe les entreprises du secteur brassicole. Soit 122,5 Fcfa au lieu de 245 Fcfa par casier tel que fixé par le ministère du Commerce.

« Il convient de préciser que cette décision inique de nos partenaires de la Capa porte gravement atteinte à notre secteur d’activité déjà très fragilisé. Il convient également de rappeler que depuis le rachat de Guinness Cameroun SA par Boissons du Cameroun (ancienne Sabc), c’est la descente aux enfers chez les exploitants des débits de boissons que nous sommes », énumère Paul Ndongo, Vice-président national du Syndicat des débits de boissons et bars du Cameroun (Syndebarcam), porte-parole du Collectif. « En dehors des autres maltraitances que nous avons jusqu’ici subi et déploré (vente sous condition, refus de reprendre les bouteilles non conformes, augmentation unilatérale des prix des bouteilles et des casiers, absence de contrat de service…), les sociétés Brassicoles (Boissons du Cameroun, Guinness SA, Ucb et Fermencam) ont décidé de s’accaparer de la moitié de nos ristournes/épargnes qu’elles versaient aux barmen », s’insurge-t-il.

La note de cette décision apprend-on est salée et s’évalue à « environ 20 milliards de Fcfa, retenue au profit de ces entreprises brassicoles résolument tournées vers la course effrénée d’augmentation de leurs bénéfices sans tenir compte de leurs partenaires », accuse le Collectif. Face à cette décision « teintée de mépris et de traitement esclavagiste », le Collectif appelle à « un sit-in pacifique devant toutes les unités de productions et de distributions des entreprises brassicoles dès le 2 octobre si jamais, elles venaient à toucher un seul franc de nos ristournes/épargnes disponibles chez elles », menace Paul Ndongo. Au-delà du « zéro prélèvement » sur leurs ristournes, les barmen exigent désormais que « cet argent gardé nous soit reversé moyennant un taux d’intérêt ! »

Pertes de recettes fiscales

« La guerre est ouverte et nous sommes prêts », clame Basiliste Ngo Oum, présidente régional Syndebarcam pour le Sud pointant un doigt accusateur en direction des leaders syndicaux. « Nous étions à cette réunion du 21 juillet à Douala, mais il n’a jamais été question d’accorder notre voix aux brasseries […] Nos charges n’ont pas diminué. Nos présidents sont restés muets. Muets ça veut dire que tu as mangé quelque part. Nous venons défendre la cause des barmen », martèle cette dernière. La Fédération de gestion des centres de gestion agréée est également contre cette décision. « Il est hors de question que l’Etat laisse passer cette réforme parce que cela engendre des pertes au niveau fiscal. Les gens ne peuvent pas épargner leur argent et lorsque vous venez rembourser, vous diviser par deux. Cela n’a pas de sens », assène Mouliom Mazou, secrétaire général de ladite Fédération.

« Si cette réforme passe, les débits de boisson vont vider les centres de gestion agréée. Ce qui va entrainer une défiscalisation du secteur parce que les gens vont aller se ravitailler dans l’informel », annonce-t-il avant d’indiquer que c’est à travers les bars que les centres de gestion agréée vivent. Ces derniers avaient justement été créés dans le but d’accompagner les Pme mais surtout pour l’Etat, il s’agissait de fiscaliser les débits de boissons. Aujourd’hui cette entité fédère « 7000 adhérents donc 7000 Pme soit au moins 12000 débits de boisson qui apportent une recette énorme sur le plan fiscal. Et c’est les abattements accordés par l’Etat qui attire ces débits de boisson ». La Capa mentionne que syndebarcam a approuvé la démarche.

« Or le Syndebarcam est composé d’un bureau exécutif et non d’un président qui peut agir seul. Il faut lever l’équivoque. C’est pourquoi le vice-président s’est levé en porte faux en disant que le bureau n’a jamais pris l’initiative d’enterrer les barmen. La ristourne n’est pas un bonus mais une épargne dont le montant officiel est égal à 250 Fcfa », insiste Valery Njendie, Coordonnateur national du Synergie nationale des exploitants des débits de boisson du Cameroun (Synedebocam). Si la stratégie des sit-in ne portent pas, les barmen menacent d’arrêter les achats et fermer boutiques en plan B.