Alors que l'année 2023 tire sa révérence, les Camerounais dressent un bilan en dents de scie marqué par des attentes déçues et des désillusions palpables, créant une ambiance contrastée à l'aube de 2024.

Winifred, agricultrice à Bamenda, résume l'amertume partagée par de nombreux agriculteurs : « 2023 a été une mauvaise année pour moi. Mes récoltes ont été décevantes, impactant considérablement mes revenus annuels. » Les promesses présidentielles de développement agricole formulées il y a sept ans semblent être restées lettre morte, laissant de jeunes agriculteurs aux prises avec des défis persistants tels que le manque de terres, de financement et d'accès au marché.

Outre les difficultés économiques, la crise anglophone a éclipsé l'horizon de la nation. « Le Cameroun était un pays accueillant, mais pour des raisons inconnues, il est devenu hostile, en particulier dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie à un conflit », déclare Nse Paul à Douala. Ce conflit a provoqué une émigration massive des jeunes, exacerbée par des conditions économiques difficiles et des témoignages poignants de violences, documentés par le « Cameroon Anglophone Crisis Database of Atrocities. »

Alors que les regards se tournent vers le discours du président Biya du 31 décembre 2023, l'atmosphère est teintée de scepticisme. Ses précédentes déclarations n'ont pas été suivies d'actions tangibles, laissant certaines régions dans l'obscurité, tant métaphoriquement que littéralement, avec un accès limité à l'eau potable.

Malgré ces défis, certains conservent un espoir ténu pour l'année à venir, exprimant des attentes concrètes envers le leadership. Du règlement de la crise anglophone à l'amélioration des infrastructures défaillantes, les Camerounais aspirent à des mesures tangibles. Reste à voir si le président Biya, au pouvoir depuis quarante ans, pourra répondre à ces attentes et transformer les promesses en actions concrètes en 2024. Seul le temps révélera la direction que prendra le pays dans cette nouvelle année cruciale.