Quel est le dénominateur commun entre les nommés Patrick Mouaffo, Onana, Péguy, Karen Knowles, Wontchuang (père et fils), Viviane Simeu, André Njiawouo Marcel ?
Ces compatriotes issus de sphères sociales différentes ne sont plus de ce monde. Tous emportés par un poison ajouté à leurs repas par des proches. Et pas de manière accidentelle. Leurs cas, peut-être les plus visibles et parlants de ces derniers mois de l’an de grâce 2021, ne sont cependant pas isolés. Seulement entre mai et octobre 2021, la presse locale dans ses colonnes de faits divers a relayé une vingtaine de cas d’empoisonnement criminel.
Les victimes se recrutent parmi des personnes vivant sur le territoire national et des ressortissants camerounais en provenance de l’étranger pour des vacances au pays. Parmi elles, de jeunes enfants, des adolescents, des pères et mères de famille de différentes catégories sociales: élèves, étudiants, enseignants, influenceurs web, cadres administratifs, riches hommes d’affaires, cultivateurs…
La majorité des cas relayés par les médias est survenue en milieu urbain. Les intoxications ont été collectives dans certains cas : parents et enfants. Les signes présentés étaient variables suivant le ou les produits toxiques en cause, la quantité ingérée et le délai écoulé avant l’arrivée dans un hôpital Toute une gamme de troubles digestifs, neurologiques, respiratoires et cardio-vasculaires est relevée. 90% des cas sont décédés très rapidement. Les autres cas ont survécu avec ou sans séquelles.
L’empoisonnement criminel est donc devenu un problème courant. Inquiétant. Le nombre de cas est probablement sous-estimé du fait de l’éventualité du nombre important de ceux non diagnostiqués ou non déclarés. « Le phénomène est plus remarquable dans les grandes villes parce que les cas font grand bruits, affectant par exemple la diaspora en vacances au pays ou des personnes très en vue.
Mais les cas d’empoisonnement sont aussi notoires, peut-être même plus fréquents dans les zones rurales où les victimes et leurs familles sont souvent désemparées, ne sachant pas qu’elles peuvent recourir à la justice. En un an, je peux recevoir trois à quatre cas à qui j’administre mes potions pour désintoxication. Nous sommes pourtant une toute petite communauté villageoise, mais le poison circule dangereusement ici et tout le monde le sait », soutient un tradipraticien vendant ses services dans un village de la Lékié.
De quoi susciter stupeur, incompréhension et psychose. Déjà, un groupe de particuliers a lancé une campagne de sensibilisation et prévention sur les réseaux sociaux, alors même que les fêtes de fin d’année, période à risque où beaucoup de personnes se lâchent et n’assurent pas leurs arrières, approchent. La multiplication des cas impose une sensibilisation des populations et une mise en œuvre de stratégies, ayant pour objectifs de limiter la vente libre de certains produits toxiques