Actualités of Friday, 30 June 2023

Source: Cameroon Tribune

Cameroun: mon passé avec la drogue

Mon passé avec la drogue Mon passé avec la drogue

Après deux cures de désintoxication, Darwin S. 30 ans et Jules T, 24 ans regrettent d’avoir emprunté un chemin qui a failli leur être fatal et souhaitent désormais avancer

Darwin, S, 30 ans, était heureuse de sortir enfin du centre de désintoxication Feef by Flomik hier. Elle y est entrée il y a six mois après une première cure à l’Hôpital Jamot de Yaoundé. Une cure qui, visiblement n’a pas réussi à la sortir de la drogue. Cette fois, elle en est convaincue, elle est guérie. Elle a d’ailleurs bonne mine.

« Quand je suis entrée ici, je pesais 65 kg. Aujourd’hui, j’en ai 75. J’ai pris conscience de mon erreur, du mal que j’ai causé autour de moi et je souhaite reprendre ma vie en main », confie-t-elle. C’est en 2014 que la jeune fille commence à fumer. Elle est alors étudiante à l’Université catholique de Buea. Elle est entraînée par des amis qui lui fournissent de la drogue contre de l’argent. Très vite, Darwin devient dépendante et manque de moyens pour s’en procurer davantage. Elle se met à voler chez elle, vend au passage tout ce qu’elle peut trouver à la maison.

« Chez moi, les bouteilles à gaz sont enchaînées. On a peur que je prenne pour vendre. Quand j’arrive à la maison, toutes les portes des chambres sont fermées. On a peur de moi », relève-t-elle. Cette image, Darwin ne la veut plus. Cadre d’administration, elle a pris une permission à son lieu de service pour se faire soigner et réintégrer la société. « On m’a menti. On m’a fait croire qu’en consommant la drogue, ça irait mieux. Mais je me rends compte aujourd’hui qu’au fur et à mesure que je la consommais, je m’enfonçais. J’agissais mal et les gens s’éloignaient de moi. J’étais malade, j’ai perdu du poids, j’ai même failli perdre mon travail parce que j’étais toujours absente », regrette-t-elle.

Avant son intégration dans le centre Feef By Flomik, Darwin avait laissé sa fille d’un an à la charge de ses parents. Aujourd’hui, son rêve est de veiller sur l’éducation de cette dernière. ` Histoire similaire racontée par Jules T., 24 ans, étudiant en deuxième année de Biochimie à l’Université de Douala. Il consomme de la drogue depuis l’âge de 16 ans. Le jeune garçon rencontré dans le même centre de désintoxication que Darwin est tout joyeux. Il y séjourne depuis un mois et ne pense plus à consommer de drogue, quelle que soit la forme. Lui également, en est à sa deuxième cure de désintoxication, après un premier échec total. Il a intégré ce centre sans aucune volonté. Mais la donne change quand Jules se rend compte de son comportement agressif, des coups de vol qu’il organise avec ses amis, et surtout de ses projets qui sont au ralenti.

« Quand mes parents m’ont demandé de me rendre à nouveau dans un centre de désintoxication, j’ai tout de suite accepté. Les premiers moments ne sont pas faciles parque tu es loin de tout le monde, de tous ceux que tu connais. Je suis ici depuis un mois et je me suis déjà adapté. Tout se passe pour le mieux. Je sais que je vais sortir d’ici guéri. Ce que la drogue a fait dans ma vie, je n’ai plus envie de revivre cela. ».

Si tout se passe bien, Jules sortira du Centre dans trois mois. Avec l’aide de psychologues, il parvient désormais à se maîtriser, à être patient et s’énerve moins. Mais pour guérir complètement, Jules souhaite changer de ville, s’éloigner de ses anciennes compagnies. «Quand je serai bien rétabli, je pourrais y retourner pour les sensibiliser aussi. Je vais poursuivre mes études et rendre fiers mes parents. Ils sont venus me voir il y a une semaine et ils étaient déjà contents du résultat. Moimême je suis fier de moi. », relève-t-il.