Paul Biya n’est pas le premier à accuser Ahidjo d’avoir tenté de le renverser. Alors qu’il était au pouvoir, le premier président du Cameroun avait fait savoir à Paul Biya qui était son secrétaire général qu’il a eu vent du coup d’Etat qu’il préparait. Atangana Mebara fait des révélations sur cette affaire.
- Je n'ai jamais entendu le président BIYA dire du mal du Président AHIDJO. Je peux même dire que je me suis demandé s'il ne conservait pas quelque part au fond de lui, un peu d'admiration. Sinon une admiration certaine pour le premier Président de la République du Cameroun.
- COMMENT CELA ?
- Réponse : Il lui est arrivé plusieurs fois de me révéler des propos tenus par le Président AHIDJO, ou ce que celui-ci aurait fait en telle circonstance, comme se sorte d'hommage à celui qui avait été son « patron »,
- POUVEZ-VOUS ME DONNER QUELQUES EXEMPLES ?
- Réponse : Un jour il me parle de la visite d'un Président français en Afrique.
Il me révèle que le Président AHIDJO n'avait jamais accepté que le Cameroun soit inclus dans une tournée d'un Président français. Il exigeait que le Cameroun soit traité comme un pays à part, qui n'a jamais fait partie des colonies de la France. Les Présidents français successifs avaient fini par s'y accommoder.
Une autre fois, le Président BIYA me raconte qu'alors qu'il était Secrétaire général de la Présidence, le Président AHIDJO, au cours d'une audience, lui apprend qu'il a reçu des informations indiquant que lui BIYA stockait des armes en vue de perpétrer un coup d'État. Le Président AHIDJO lui demande ce qu'il en est.
Après ses explications, son Chef conclut l'entretien en l'assurant de nouveau de sa confiance; il lui donne même les noms des auteurs de la note dénonciatrice, en ajoutant « je voulais que vous sachiez qui dans le gouvernement complote contre vous !».
Ma réaction après ces révélations a été : « Et vous avez gardé ces personnes dans le gouvernement quand vous avez accédez au pouvoir? ». Le Président BIYA m'a répondu : « C'est tout cela la politique. »
À une autre occasion le Président BIYA m'indique que le Président AHIDJO avait pour règle de ne jamais créer une nouvelle structure publique ou parapublique sans avoir préalablement identifier la personne à laquelle il allait confier la responsabilité de cette nouvelle structure.
- MAIS LUI A SOUVENT CREE DES STRUCTURES QUI ONT ENSUITE ATTENDU PLUSIEURS ANNEES POUR QUE LES DIRIGEANTS SOIENT DESIGNES...
- Réponse : J'ai pensé en l'écoutant, qu'il regrettait quelque peu de n'avoir pas conservé cette règle. En même temps, je crois qu'il voulait aussi par-là, me recommander de toujours réfléchir aux éventuels responsables des nouvelles structures en voie de création.
- LUI EST-IL JAMAIS ARRIVE DE PARLER DE MADAME AHIDJO ?
- Réponse : Jamais.
- ET DES MEMBRES DE LA FAMILLE DU PRESIDENT AHIDJO ?
- Réponse: A deux reprises, dont je me souviens clairement, le Président
BIYA a parlé de deux enfants de la famille du Président AHIDJO.
Une première fois, je lui ai rendu compte qu'un des enfants AHIDIO, Daniel, m'avait demandé une audience et je sollicitais la conduite à tenir. Il s'est empressé de me répondre « Recevez-le»; et avec une sorte d'attendrissement, il ajouta : « vous savez, Daniel, je l'ai connu quand il était encore tout petit quand je me rendais à la résidence présidentielle, sur la convocation du Président AHIDJO. »
Extrait du livre Jean Marie Atangana Mebara : Le Secrétaire général de la Présidence de la République du Cameroun, entre mythes, textes et réalités.