Un événement remarquable se profile dans le paysage politique camerounais. Quatre ministres du gouvernement de Paul Biya, nommés le 4 décembre 2004, atteignent aujourd'hui une longévité ministérielle exceptionnelle de 20 ans dans leurs fonctions respectives, démontrant une stabilité politique rare et singulière.
Cette trajectoire ministérielle sans équivalent met en lumière Jacques Fame Ndongo, ministre de l'Enseignement supérieur, Madeleine Tchuinté, ministre de la Recherche scientifique et de l'Innovation, Hélé Pierre, ministre de l'Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable, et Luc Magloire Mbarga Atangana, ministre du Commerce. Ces quatre personnalités politiques ont réussi le tour de force de conserver leurs portefeuilles ministériels pendant deux décennies, une performance qui interpelle et interroge sur la dynamique politique camerounaise.
Ce record intervient dans un contexte gouvernemental tout aussi exceptionnel. Le gouvernement de Paul Biya s'apprête, le 4 janvier prochain, à battre lui-même un record de longévité de six ans, confirmant une stabilité politique qui caractérise le régime camerounais depuis plusieurs décennies. Cette continuité se manifeste par le maintien de ces quatre ministres à des postes stratégiques, malgré les mutations politiques et les changements sociaux que le pays a pu connaître.
Le contraste est saisissant lorsque l'on observe parallèlement le sort des quatre ministres décédés depuis 2021 et qui n'ont jamais été remplacés. Adoum Gargoum, ministre délégué aux Relations extérieures, Halim Hayatou, secrétaire d'État à la Santé publique, Dodo Ndoke, ministre des Mines, de l'Industrie et du Développement technologique, et Clémentine Ananga Messina, ministre déléguée à l'Agriculture, représentent une autre réalité du système politique camerounais.
Cette longévité ministérielle n'est pas le fruit du hasard, mais bien le résultat d'un système politique rodé et d'une stratégie de gouvernance qui privilégie la continuité et la stabilité. Comme le souligne l'expression originale : « N'est pas ministre au même poste qui veut, mais qui peut », ces quatre personnalités incarnent non seulement la durabilité politique, mais aussi une forme de expertise acquise au fil des années dans leurs domaines respectifs.
L'anniversaire de ces quatre ministres est donc bien plus qu'une simple commémoration. C'est un témoignage éloquent de la persistance des structures politiques camerounaises, un marqueur significatif de la gouvernance de Paul Biya, qui a su maintenir un noyau de dirigeants stables malgré les transformations du paysage politique national et international.
Au-delà des chiffres et des parcours individuels, cet événement invite à une réflexion plus large sur la nature du pouvoir politique au Cameroun, sur les mécanismes de sa reproduction et sur les dynamiques de continuité qui caractérisent le système gouvernemental depuis plusieurs décennies.