Le Cameroun a produit sans doute les meilleurs journalistes d’Afrique francophone et la presse est foisonnante au pays de Paul Biya. Mais qu’en est-il de l’indépendance de ces nombreux médias. A chaque crise, les journaux titrent en fonction de leur proximité ou non avec les acteurs impliqués. Dans le livre Cameroun le journalisme en mutations, Haman Mana ne se reconnait pas dans cette manière de fonctionner. Il dit défendre avant tout le droit à la justice et la liberté d’expression.
- VSZ : [...] Haman Mana, je dois à la vérité de dire que votre propre journal n'est pas au-dessus de tout soupçon. On n'a pas besoin de le lire entre les lignes pour s'apercevoir de votre alignement en faveur d'un homme politique de premier plan... Comment assumez-vous un tel choix éditorial ?
-HM.: Vous m'avancez, non sans malice, la question du "soupçon" qui planerait sur le quotidien Le Jour, coupable à vos yeux d'un « alignement en faveur d'un homme politique de premier plan ». Le journal que je dirige aujourd'hui, comme les autres que j'ai eu à diriger par le passé, est mu par des engagements affichés: le combat pour la liberté d'expression et autres libertés, celui pour l'instauration d'une démocratie véritable, la dénonciation des atteintes à la fortune publique, l'instauration d'une société plus juste, un Cameroun où on peut travailler et vivre du fruit de son travail, où l'on peut demander justice devant les cours et tribunaux et l'obtenir... Si cette manière de voir s'aligne sur les options d'un « homme politique de premier plan », alors, j'assume ce choix éditorial.