Selon l’enquête par grappe à indicateurs multiples (Mics) réalisé par l’Institut national de la statistique (Ins), seulement 66,1% d’enfants de moins de 5 ans ont été enregistrés à l’état civil. Cette situation est plus accentuée en milieu rural avec un taux d’enregistrement de 48% contre 81% en milieu urbain.
Les régions qui connaissent le plus faible taux d’enregistrement à l’état civil sont l’Extrême-Nord (42%), le Sud-Ouest (56%) et l’Est (58%). La situation connue dans les régions dites anglophones va favoriser la baisse des inscriptions dans les registres de naissance. Des chiffres et des données peu reluisants démontrent qu’il y a anguille sous roche. Le gouvernement a pris acte de la situation. Il a répondu à cette problématique en mettant sur pied des institutions en étroite collaboration avec l’appui des partenaires internationaux, ensemble des réformes profondes du système national de l’état civil ont été engagées afin de trouver des solutions palliatives à cette préoccupation. Les localités situées dans l’arrière-pays sont dépourvues de service d’état civil.
Dans la plupart de ces endroits, les déclarations de naissance ne sont pas à la portée du premier venu. Certains parents soucieux d’enrôler leurs progénitures parcourent le plus souvent des kilomètres pour se rendre dans le centre secondaire le plus proche. D’autres par contre subissent la loi de la longue distance entre l’administrateur et l’administré. C’est une conséquence négative de la carence de création par l’autorité compétente des centres secondaires et la formation des auxiliaires de l’état civil au Cameroun.
A cela, s’ajoute la rémunération du personnel de l’état civil, avec en ligne de mire les officiers et les secrétaires de l’état civil des centres secondaires qui reste également un problème majeur dans le cadre de la réforme de l’état civil dans le pays. Les réponses apportées par les pouvoirs publics semblent ne pas casser les barrières et le chemin à parcourir est encore très long pour atteindre le niveau du droit fondamental humain pour toutes les couches sociales. Un long chemin reste donc encore à parcourir pour atteindre le seuil universel de l’état civil au Cameroun.
Par définition, l’état civil d’une personne est l’ensemble des éléments relatifs à la personne qui identifient un individu. Par extension, c’est l’appellation donnée aux services administratifs d’une commune qui reçoivent les déclarations et qui conservent les registres concernant les naissances, les mariages et les décès. D’après la Division statistique des Nations Unies (Unst), le Cameroun est l’un des rares pays d’Afrique où l’enregistrement des actes d’état civil a baissé au fil du temps, atteignant environs deux tiers en 2014. Concernant l’enregistrement des actes de naissance par exemple, seulement 61% des nouveau-nés sont enregistrés à leur naissance au Cameroun. Le Littoral enregistre 82%. Selon les chiffres du Bureau national de l’état civil (Bunec), cette région fait d’ailleurs office de bon exemple sur les plans des déclarations des naissances, des mariages et des décès.
Les taux d’enregistrement les plus bas se retrouvant dans les régions de l’Extrême-Nord (38,2%) et de l’Est (56%), selon une étude faite sur le système local de l’état civil. Les raisons de la disparité des enregistrements sont multiples. Il s’agit entre autres du manque d’information, des barrières économiques et géographiques pour les familles, de l’accroissement des enfants abandonnés, des barrières culturelles, et de la discrimination entre hommes et femmes. Pour certaines familles, l’enregistrement coûte cher, notamment en zone rurale, quand il faut parcourir parfois de longues distances pour accéder aux services de l’état civil. Ce d’autant plus lorsque l’enregistrement ou la délivrance d’acte d’état civil est payant. Parfois, la corruption vient encore augmenter les frais imposés aux familles. Les enfants non enregistrés ou privés d’acte de naissance sont presque exclusivement issus des communautés les plus pauvres et les plus exclues, parmi lesquelles certaines minorités ethniques ou religieuses discriminées. Par exemple, au Cameroun, le taux d’enregistrement est de 28 % dans les familles les plus pauvres, mais de 89 % dans les familles les plus riches. Bien que de nombreuses campagnes soient menées, le phénomène d’abandon des nouveau-nés et plus ne tarit pas.
En effet, l’on peut constater que du fait de l’extrême pauvreté, certaines jeunes mères n’arrivant pas à subvenir à leurs propres besoins préfèrent abandonner leurs enfants dans des lieux divers. Pour les plus chanceux, ces enfants sont recueillis par des orphelinats ou des églises, mais un bon nombre se retrouvent parfois dans des endroits douteux, privés de leurs droits fondamentaux et même d’une identité. L’enregistrement des naissances est indéniablement lié au niveau d’éducation des parents tout comme à la langue. Illettrées et parfois ne parlant donc pas l’une des langues officielles, certaines familles sont dans l’impossibilité de communiquer avec des personnels de l’état civil, et encore moins remplir les formulaires d’état civil, à moins de payer une aide pour les assister.
Dans certaines parties du Cameroun, les femmes n’ont pas le droit de déclarer elles-mêmes les naissances ou alors la présence du père est imposée lors de la déclaration. Dès lors, si le père est absent pour des raisons économiques ou s’il refuse de reconnaitre l’enfant, il sera impossible de déclarer la naissance de l’enfant. Il faut noter que le cinéma numérique ambulant (Cna) avait organisé une campagne de sensibilisation à l’état civil dans les dix régions du Cameroun entre avril et juillet 2016. Ceci ayant pour objectif d’améliorer le taux d’enregistrement d’état civil. Cette campagne a été menée dans le cadre du Programme de réhabilitation de l’État civil du Cameroun (PR2C), conduit par le ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation (MINATD), soutenu par la France et mis en œuvre avec l’assistance technique de CIVIPOL conseil.