Qui occupera quel poste au sein du Conseil de l’ordre des avocats du Barreau du Cameroun ? Alors que la dernière Assemblée générale ordinaire (AGO) élective de la corporation s’est achevée le 20 juin dernier, couronnée par la désignation de Maître Mbah Eric Mbah comme nouveau bâtonnier, la question est sur les lèvres de la plupart de ses confrères. Empruntant l’image bien connue de l’Etat du Vatican lorsque se fait attendre la désignation d’un nouveau pape, plusieurs hommes en robes noires disent attendre toujours la fumée blanche. Le bâtonnier aurait à cœur de rendre la traditionnelle visite de courtoisie au ministre de la Justice, avant de poser publiquement ses premiers actes administratifs en rapport avec sa charge, disent des sources proches de lui. Mais de nombreux avocats estiment que la composition de l’équipe des 15 membres élus du Conseil de l’ordre ne facilite pas la situation au patron. En effet, le Conseil de l’ordre compte bien cinq des sept autres élus qui avaient battu campagne pour se faire élire comme bâtonnier, dont trois qui ont coalisé à un moment ou à un autre de l’Assemblée générale élective pour empêcher la victoire de Maître Mbah Eric Mbah. La gestion de ces adversaires récents, par leur nombre, n’est pas une tâche aisée. Encore que certains ont fait leur entrée dans le conseil de l’ordre avec de fidèles lieutenants, à l’image de Maître Fojou Pierre Robert, soutien sûr de Philippe Memong, le principal challenger du bâtonnier élu, qui était le Représentant sortant du bâtonnier dans la Région du Centre lors de la dernière mandature. En tout, le bâtonnier élu compte en fait six inconditionnels, partisans de la mouvance «Ubuntu», qui l’a porté au pouvoir. Il avait aussi reçu le soutien sur la dernière ligne droite de son élection de Maître Kontchou Gabriel, candidat indépendant au départ. L’autre élu indépendant, Maître Claude Assira Engoute, est resté sur sa ligne jusqu’au bout du scrutin.
Postes à compétence nationale
La difficulté pour le bâtonnier tient, non pas seulement du fait du nombre assez élevé des «fortes têtes» dans son équipe, mais aussi des postes à pourvoir notamment à la tête des représentations régionales. Sur ses six inconditionnels, apprend-on, il y en a qui ont la préférence pour le poste diriger des représentations dans le Centre et le Littoral, des positions qui assurent une réélection automatique lorsque l’élu est vraiment au service de ses confrères. Certains y voient déjà la désignation de Maître Anne Yolande Ngo Minyogog, à Yaoundé, et de Maître Serge Martin Zangue, à Douala. Ce serait les plus importants soutiens du nouveau bâtonnier lors de sa marche pour la conquête du poste… L’équation des deux autres postes à compétence nationale de l’ordre, avec le bâtonnier, que sont le secrétaire et le trésorier, reste posée. Ce sont des postes qui reviennent en principe aux hommes de confiance. Mais, comme cheville ouvrière appelée à être régulièrement au contact des autorités publiques et des autres partenaires du barreau, le poste de secrétaire requiert du bénéficiaire de fortes capacités de travail et un sens élevé d’organisation. Il faut donc trouver cet oiseau rare, de préférence basé à Yaoundé, où se trouve le siège de l’ordre. Et pour ne pas faciliter les choses au nouveau bâtonnier, certains de ses partisans font pression pour que le gâteau se partage essentiellement entre membres élus de son équipe de campagne… Quand, en plus, au moins six élus sur 15 sont basés à Yaoundé, ça complique un peu plus les choses. Quoi qu’il en soit, au regard du nombre grandissant des avocats inscrits au grand tableau de l’ordre, qui sont plus de 3600 contre 300 à l’époque où la loi portant organisation de la profession fut votée et promulguée, le chef de l’ordre devra recourir à certains «délégués», dans les régions qui n’ont pas enregistré d’élu au sein du Conseil de l’ordre, pour jouer le rôle de représentant du bâtonnier. Jusqu’à sa publication, le gouvernement du nouveau bâtonnier sera objet de curiosité