• Hamidou est enseignant de sport au lycée de Beka dans la région du Nord

• Depuis 10 ans il n'a pas de salaire ni de matricule

• Les démarches qu'il a entreprises auprès des autorités sont restées infructueuses


Hamidou a trop souffert et continue de souffrir. Depuis 10 ans, c'est-à-dire à 120 mois, encore plus précisément 43 800 jours il enseigne sans salaire ni matricule. Les multiples démarches qu'il a entreprises auprès des autorités pour régulariser sa situation sont restés un fiasco.



Hamidou est âgé de 38 ans. Il professeur de Sport et d'éducation physique (EPS) en service au lycée de Beka dans le département du Faro, région du Nord. Amoureux de sport, il intègre le Cenajes de Garoua en 2009 et sort en 2011. Le jeune Hamidou, déterminé à servir son pays qu'il aime tant partout où besoin se fera, est affecté à Beka dans le département du Faro le 5 mars 2012 par un note du gouvernement de la région du Nord de l'époque, Mr Gambo Haman. Il prend service le 13 avril de la même année.

C'est en ce moment que commence son martyr et sa descente aux enfers. En effet, en 10 ans se service dûment rendu, Hamidou n'a toujours pas perçu un radi de son salaire. Il n'a jamais eu de matricule ni connu de détachement. Après avoir monté trois fois de suites son dossier (on sait jamais comment ça disparaît dans les couloirs des ministères) d'intégration, ce n'est que ce 14 Février 2022 qu'il a été enregistré au ministère de la fonction publique et de la réforme administrative (Minfopra). Soit 10 ans d'arriérés de salaire. Beaucoup feront tôt de juger, mais pour la petite histoire, l'arrondissement de Beka se trouve dans ce qu'on appelle "l'arrière pays". Pour ralier Garoua c'est un parcours de combattant, il faut prendre une moto de Beka à Troua ( 7 000 francs cfa en saison de pluie ), payer ensuite le trajet Troua-Ngong à 2 500 fcfa et enfin Ngong-Garoua à 700 francs cfa, soit près de 10 000 fcfa. Imaginer donc Beka-Baounde en aller-retour (3 fois de suite) pour un enseignant sans salaire. << Si voyiez les photos de Hamidou à son arrivé à Beka et ce qu'il est devenu aujourd'hui, vous aurez des larmes aux yeux, L'ETAT L'A TUÉ!", s'est lâché son collègue Pakom.

Joint au téléphone par la rédaction de camerounweb.com, Hamidou dans un ton pâle, pitoyable et larmoyant nous a confié qu'il se bat comme il peut au quotidien avec l'agriculture et l'élevage pour vivre. Il est chef de famille. Hamidou a sous sa responsabilité 5 têtes à nourrir. Mais comment faire sans salaire ? Obligé de trouver un plan B qui est l'agriculture et l'élevage. Sa fille aînée est âgée de 8 ans.

L'État du Cameroun devrait se pencher sur ce dossier avec urgence.