Actualités of Monday, 28 October 2024

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : un fonctionnaire met à nu le ministre de la jeunesse

Le tribalisme à outrance : une pratique néfaste Le tribalisme à outrance : une pratique néfaste

Un fonctionnaire au ministère de la jeunesse adresse une lettre publique au ministre. Il dénonce la mauvaise gouvernance de ce département ministériel censé accompagné la jeunesse camerounaise.
« Monsieur le Ministre,

En tant que fonctionnaire au sein du Ministère de la Jeunesse et de l’Éducation Civique du Cameroun, il me paraît impératif de vous adresser cette lettre ouverte pour dénoncer une fois de plus comme d’autres l’ont certainement déjà fait un certain nombre de comportements et de pratiques qui, à mon sens, nuisent gravement à l’atteinte des objectifs qui nous sont assignés. Mon intention n’est pas de porter atteinte à votre dignité ou à votre autorité, mais plutôt d’attirer votre attention sur des dysfonctionnements qui, s’ils perdurent, mettront en péril l’efficacité de notre ministère et, par conséquent, l’avenir de notre jeunesse.

1. Le tribalisme à outrance : une pratique néfaste
Il est devenu manifeste que le tribalisme a pris une ampleur inquiétante au sein de notre ministère. Je ne dirais en aucun cas que vous êtes le plus tribaliste de ce gouvernement, mais votre façon de faire cache très mal la mission que vous vous êtes assignée en arrivant à la tête de ce département ministériel à savoir : privatiser ce ministère au profit des ressortissants de votre plus proche contrée. Les choix de nominations et de promotions semblent de plus en plus influencés par des considérations ethniques, financières, et parfois même sexuelles. Une telle situation engendre non seulement un sentiment d’injustice parmi les fonctionnaires, mais elle altère également la cohésion nécessaire à un bon fonctionnement de nos services. L’apparente iniquité des décisions, prise sur la base de critères subjectifs plutôt que de compétences, est non seulement démoralisante pour le personnel, mais elle mine également l’engagement et le dévouement qui devraient être au cœur de notre mission.

2. Navigation à vue et désalignement des objectifs

Il est également préoccupant de constater que notre ministère semble naviguer à vue, éloigné des prescriptions clairement énoncées dans l'organigramme et le cahier des charges. Ce manque de clarté et de direction finira inévitablement par compromettre notre capacité à atteindre nos objectifs. Les décisions semblent parfois prises à la va-vite, sans tenir compte des priorités stratégiques que nous devons respecter. Dans un environnement qui devrait stimuler l’innovation, nous sommes trop souvent confrontés à des initiatives qui manquent de vision et de cohérence.

3. Affectations trompe-l'œil et absence de progression

En ce qui concerne les affectations, il est inacceptable que certains collègues passent des années—parfois près de dix ans au même poste ou au même lieu d’affectation (demandant des mutations généralement refusées sans explication aucune) sans perspective d’évolution, tandis que d’autres subissent des changements de fonctions inexplicables et souvent motivés par des querelles personnelles ou des histoires de commérage. Cette situation crée un climat toxique et dégradant, où l’angoisse et la frustration remplacent la motivation et l’engagement. Monsieur le Ministre MOUNOUNA, vous ne devez pas oublier que nous sommes ici pour servir et que notre travail doit être honoré par des progressions justes et équitables.
Si pour quelque raison on essayait d’appliquer la fameuse formule selon laquelle « le plus ancien, le plus gradé au poste le plus élevé ». Du coup je vois à quoi vous pensez « la nomination est discrétionnaire, le poste appartient à l’administration et le grade à l’individu ». Voilà ce qui ouvre un boulevard aux injustices que nous dénonçons.
Concernant cette question je pense qu’il n’y a que le Président de la République qui seul peut se prévaloir de cette commodité et surtout dans le respect des lois et règlements.
Par ailleurs je me suis amusé très langoureusement lorsque de source très vérifiée un de vos collègues à votre sujet disait à son collaborateur : << ce type fait même quoi avec tous ces cadres qu’il refuse de libérer et qu’il utilise même mal. Il confond le Ministère de la Jeunesse aux Enseignements secondaires d’où il vient ? >>

4. Non-respect des profils de carrière

Le non-respect des profils de carrière est un autre point qui suscite une inquiétude croissante au sein de notre administration. Les exigences de compétences spécifiques et d'expériences appropriées pour certains postes ne sont pas toujours respectées, ce qui compromet l’efficacité de nos services. Des nominations basées sur des critères de favoritisme au détriment de la compétence ne pourront jamais offrir les résultats escomptés, à savoir l’épanouissement de notre jeunesse. A ce sujet suivez vous-même mon regard avec à l’actif cette jeunesse en déliquescence progressive et plutôt dangereuse pour l’avenir du Cameroun. Si on s’amusait à demander votre nom au hasard à un échantillon de 100 jeunes à travers le triangle national, vous comprendrez alors l’inquiétude qui est la mienne à votre sujet.

5. Instaurer la terreur et écraser les voix de la dénonciation

Enfin, la terreur instaurée contre les cadres qui cherchent à faire des remarques et suggestions constructives est particulièrement alarmante. Dans tout environnement de travail sain, la critique constructive et le débat ouvert devraient être encouragés. Or, la peur des représailles stérilise la créativité et l’initiative au sein de notre ministère. Il est impératif que vous respectiez les statuts de la fonction publique et encouragiez un dialogue ouvert, permettant à chaque fonctionnaire de contribuer positivement à notre mission collective.

En conclusion, Monsieur le Ministre, je vous exhorte à la réflexion. Le rôle de ministre n’est pas seulement une question de pouvoir, mais aussi de responsabilité envers ceux qui vous entourent. Le temps dont vous disposez en tant que ministre ne doit pas être utilisé pour briser le destin des autres. Chaque fonctionnaire ici a sa propre aspiration et ambition, tout comme vous. Je vous prie de prendre conscience des enjeux qui se dressent devant nous et d’agir dans un esprit de justice et d’égalité par ce que tout compte fait vous n’êtes ni le premier encore moins le dernier ministre de la Jeunesse du Cameroun. Que restera-t-il de vous dans l’esprit de la plupart de vos collaborateurs d’ici quelques semaines quand vous rejoindrez votre Yagoua natal. L’avenir n’est nullement promoteur, une fois de plus ressaisissez-vous.

Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette lettre et j'espère sincèrement un changement positif dans notre ministère et dans vos agissements au bénéfice de notre jeunesse et de notre nation.»