De l’avis des témoins même de cette attaque survenue le 29 juillet 2023 à minuit, les terroristes de Boko Haram avaient pris le temps d’étudier le terrain et les forces en présence. La brigade de gendarmerie, bien qu’équipée pour répondre à des attaques de faible intensité, comptait une vingtaine d’éléments.
De nuit, il est impossible de discerner les mouvements de l’autre côté de la frontière, à seulement quelques mètres. Les leaders terroristes en étaient conscients et ont profité de la vulnérabilité du poste, mal protégé comparé à celui des autres forces déployées côté camerounais. A minuit et cinq minutes, plusieurs dizaines de combattants, des jeunes pour la plupart, lancent l’assaut.
Les gendarmes ripostent. Fidèles à leur stratégie, les terroristes sacrifient les plus jeunes, lancés aux premiers rangs. Suivis des plus aguerris. Face au surnombre et après avoir tenu près de 30 minutes, les pandores engagent la retraite. L’un d’entre eux reçoit une balle mortelle. Il s’agit du gendarme Kelmo, sentinelle cette nuit.
Il a été surpris par l’effectif et a succombé sur le champ. Son arme a été récupérée. Deux autres sont blessés, Hedou et Dobi. Dans le repli, une jeune civile a été également mortellement atteinte, et un membre du comité de vigilance blessé. Conscients que les renforts arrivent, notamment ceux du BIR et du 42e BIM, les petites mains de Boko Haram s’activent à piller ce qui peut l’être dans la brigade.
Dans la hâte, ils emportent une automitrailleuse, une kalachnikov et un pistolet semi-automatique. Les réserves de vivres de la brigade sont aussi emportées. Le ratissage effectué dans la matinée du 30 juillet a permis d’identifier deux corps d’éléments de Boko Haram. Dans leur retraite vers le Nigeria, ils ont également abandonné deux chargeurs et une grenade.
L’attaque de ce poste de gendarmerie est à mettre en perspective avec les conflits internes que les groupes terroristes se mènent. En effet, l’Etat islamique et le groupe historique dirigé jusqu’en mai 2021 par Shekau, se livrent une guerre sans merci pour contrôler des territoires.
« En 2013 et 2014, on a vu fleurir ce type d’attaques sur des postes de gendarmerie et de police, avec l’intention de cibler ces maillons de la chaîne de protection que le Cameroun a mis en place », fait savoir un expert. « Le risque et les moyens qu’ils ont mis sur Assighashia traduit bien leur détermination à s’approvisionner en armements », est-il convaincu.