Monsieur le Président National, Malgré ma jeunesse relative, je me suis penché sur les quarante dernières années politiques de notre nation ; des années indéniablement marquées par votre empreinte sur la vie de nos compatriotes, l’émancipation citoyenne et le développement de notre pays. Je dois reconnaitre au regard du chemin parcouru, qu’il y’a lieu de s’incliner devant la perspicacité du projet pour le Cameroun tel que consigné dans votre ouvrage-doctrine intitulé : Pour le Libéralisme Communautaire, que j’ai eu du plaisir à lire assidument. L'idée que vous aviez du Cameroun en 1982, le chemin sur lequel vous engagiez vos compatriotes, l'avenir que cette approche profilait pour ma génération censée aujourd’hui prendre la relève pour poursuivre notre marche commune vers le développement apparaissaient alors évidents.
Cher Grand Camarade, Je me permets une digression avant d’aborder l’objet de cette Première Lettre en me fondant sur votre discours historique de Bamenda. Celui-ci marquait le Renouveau et donc le mouvement vers le multipartisme. Ce dernier exigé par les peuples qui découvraient les bontés de la liberté d’expression autrefois servie sur les planchers de l’influence. L’histoire retiendra que vous êtes celui qui a engagé le Cameroun dans la démocratie. À contrepied des courants rétrogrades voulant contraindre les peuples d’Afrique à rester dans la monarchie absolue sous le fallacieux prétexte de « l’immaturité », vous avez osé, vous vous êtes par-là exposé à une compétition dont l’ampleur et les dangers vous étaient alors inconnus. À ce propos, sauf erreur de ma part, il y eut des résistances fortes dans les rangs du Parti UNC où vos camarades estimaient comme Joseph Goebbels que : « Celui qui peut régner sur la rue, règnera un jour sur l’État… ». Les défis étaient tout aussi exigeants, pressants et urgents que ceux d’aujourd’hui. Ce rappel historique de vos débuts n’est pas fortuit, il a pour finalité d’apprécier votre résilience dans un environnement où vous deviez osciller entre maitrise des relations avec l’ancienne puissance coloniale qui manœuvrait pour tenir le bon bout et dompter la traitrise endogène.
Des manœuvres qui fragilisaient la cohésion nationale du berceau de nos ancêtres ; d’autant plus que d’entrée de jeu, vous conceviez votre édifice sur deux piliers à savoir : Rigueur et Moralisation. Considérant ces mots, je me suis interrogé sur les motivations qui ont justifié cet ancrage éthique. La rigueur se définit comme la sévérité, la dureté extrême, l’observance obligatoire d’une règle établie. Leonard de Vinci a affirmé à ce propos : « La rigueur vient à bout de l’obstacle ». En comparaison avec mon époque, ou devrais-je dire de cette époque où vous présidez toujours aux destinées de notre patrie, je me suis demandé quel pouvait être le contexte ayant déterminé cette inclinaison qui a fait de la rigueur et de la moralisation la priorité ? Était-ce pire qu’aujourd’hui ?
Loin de moi, toute intention de sonder la fondation de votre ligne politique qui a guidé la vie de notre nation jusqu’à ce virage critique que nous allons inéluctablement affronter sous peu et probablement dans un climat d’incertitudes. Permettez-moi, Monsieur le Président National et Cher Grand Camarade, de reprendre une de vos phrases mémorables, restée dans les annales des meilleurs discours politiques de notre ère, à l’endroit de la jeunesse : « Jeunes (…), vous êtes le fer de lance de la nation ». Le fer sur une lance n’est-il pas le point d’attaque ? celui qui transperce la cible pour accomplir la mission du lanceur ? Revenant à notre activité et contexte, comment est-ce que la jeunesse du RDPC, pour rester dans le sillage de notre Parti, pourrait-elle incarner ce fer ? Où est passée la lance ? Et qu’en est-il du lanceur ? J’ai choisi d’exprimer ces questionnements à l’intérieur de notre Parti pour éviter de rentrer dans une opposition contreproductive d’autant plus que ma conviction est que le changement prendra source dans nos rangs, sous notre bannière, du moins tant qu’il y aura lieu de ne pas douter de votre sagesse et que mon esprit alerte et flexible restera convaincu de ce que vous tenez la flamme de feu, notre étendard. Une flamme nécessaire pour exorciser les esprits malveillants qui résistent à la norme de « L’État bienveillant conforme à votre projet initial » de Rigueur et Moralisation.
En réalité, je questionne ici la vie interne de notre Parti. Il ne faudrait la confondre avec la gouvernance du pays dont on peut quand même dire qu’elle est majoritairement le fait de camarades choisis par vous depuis près d’un demisiècle pour des résultats somme toute modestes. Voyez-vous Monsieur le Président National, loin de nous l’idée de nous glorifier au regard du nombre permanemment croissant de camarades du Parti, enfermés dans nos prisons pour des raisons de malversations financières (avérées ou pas). Le constat est simple et implacable : vos compagnons de longue date ont trahi et pour la plupart, le peuple camerounais dans sa grande majorité n’en attend plus rien. Par leur égoïsme, ils ne sont plus d’aucune utilité. L’objectif de cette lettre est de vous interpeller sur l’urgence de refonder le Parti avant votre départ mérité à la retraite. Je refuse de croire aux dire de certains que vous n’êtes plus en capacité de gouverner.
Je préfère l’idée que votre grand âge qui inquiète d’autres reste un atout-maître nécessaire dans ce virage tortueux requérant expérience, pondération et sagesse au moment où certains de nos camarades en fonction ont convenu de saborder le navire de diverses manières évidentes. L’attitude de certains cadres du Parti occupant des fonctions importantes dans le Gouvernement donne l’impression que le Cameroun fonctionne en roue libre et que chaque compartiment du pouvoir est d’office la propriété de celui qui l’occupe. Dans un tel contexte, ma génération n’a pas voix au chapitre. Vos discours sur l’égalité des chances et les multiples circulaires édictées au niveau du Secrétariat Général du Comité Central de notre Parti ont juste un effet de bruit. Ils ne restent que des mirages qui offrent au contraire, à nos camarades véreux, de l’amplitude dans leur système de « drague » à caractère fantaisiste lors des échéances électorales.
Celles-ci sont devenues des champs de tir pour les élites, d’une part et des cimetières politiques pour des jeunes qui estiment que le mérite légitime devrait être la règle qui guide notre formation politique, d’autre part. Compte tenu de l’extrême virtualité de notre époque, je ne rentrerai pas dans les détails de ces scènes ubuesques dont j’ai été le cobaye lors de cette soirée électorale dans mon arrondissement…Les populations ont hélas toujours en mémoire ce trafic d’influence et ces scènes de prise d’otage en pleine nuit qui visaient à m’empêcher de « lever le doigt », pire de « lever la tête » pour faire reculer les chasseurs d’étoiles au sein de notre Parti. Citer mon cas ici n’a pas pour but de jeter les vieux camarades à la vindicte populaire mais d’apporter la lumière là où se sont enracinés les ténèbres à nos dépens. Il est utile que l’exemple de mon oppression dans le Parti serve à exorciser ces pratiques d’un autre âge. Beaucoup trop de jeunes camarades ont connu les mêmes déboires par le passé allant jusqu’à devoir démissionner du Parti pour rejoindre les chapelles concurrentes d’opposition. L’émergence de jeunes acteurs politiques en 2018 en réponse à votre interpellation sur l’inertie de la jeunesse camerounaise a profité aux seules jeunes en dehors de notre Parti.
Vous êtesvous demandé pourquoi ? Souvenons-nous de cet autre article paru dans Jeune Afrique en février 2022, tout juste après votre traditionnel discours à l’endroit de ma génération. En titre on pouvait lire : « Cameroun : Les jeunes du Parti de BIYA sont-ils prêts pour la relève ? ». Observons ensemble que l’auteur ici visait l’autarcie dans laquelle est maintenue la jeunesse au sein du Parti RDPC. L'OJRDPC est une organisation assujettie, brimée et quasi inexistante dans l’arène des débats politiques. Pour cette raison, elle n'a ni pu exercer un droit de réponse à ce journal, ni exprimé une position sur la question. Tout ceci me remémore l’appellation dégradante de « sardinards » à notre endroit en 2018 ; comprenez en ces termes, ceux qui militent pour la sardine et le pain. En fait, ceux pour qui l’avenir est confiné dans une boite de conserve. Pourtant, nous constituons le véritable bouclier électoral du RDPC en ces temps de réveil politique où les réseaux sociaux passent tout au peigne fin exposant quotidiennement les tares et les avatars de la gouvernance de notre pays. Je me refuse à verser dans les conjectures Partisanes qui donnent tout aussi un sens à cette appellation fort révélatrice de la démission de la jeunesse de notre Parti dans les sphères de décision. Celle-ci fait l’objet des railleries des « réveillés » issus des Partis d’opposition, bien que ces derniers soient eux aussi infestés des mêmes pourfendeurs de la jeunesse progressiste. Sera-t-il juste, après votre départ du pouvoir, d’être tenus dans ces conditions pour responsables d’un héritage politique duquel nous avons permanemment été écartés ?
Monsieur le Président National, si vous êtes informé de ce que le Cameroun est devenu ironiquement « un continent » au point d’en faire allusion dans une adresse à la nation, vous devez savoir aussi que l’hémicycle est inaccessible pour les jeunes du RDPC. Signalons aussi que les mairies qui devraient être les laboratoires du développement rural sont infestées d’anciens camarades retraités qui ont transformé nos collectivités territoriales en reposoir et source d’engraissement pour maintenir leur train de vie ostentatoire. Résultat des courses : une forte démobilisation des populations et une rage sournoise qui à terme fera le lit de l’implosion du Parti. Au risque d’être redondant, les griefs de ma génération sont clairs : la procédure de constitution des listes lors des élections locales est biaisée. C’est à ce niveau que la démobilisation de notre Parti a fondé ses racines. La constitution des listes aux élections devrait obéir aux directives du Parti dont entre autres : les états de services des candidats. La réalité est toute autre sur le terrain parce que le sectarisme prime en lieu et place de la méritocratie. À défaut, la priorité revient aux fonctionnaires venus de la ville bien souvent déconnectés de la réalité du terrain de la zone rurale. Monsieur le Président National, notre Parti n’a en l’état aucune chance de survivre si ces pratiques restent entretenues d’où mon interpellation urgente à entreprendre leur bannissement. Le Pape Jean Paul II, parlant de la jeunesse, disait que nous sommes « le sel de la terre et la lumière du monde ». L’ancien séminariste que vous êtes connait l’impact de la lumière sur la vie. Voilà l’état de végétation de vos jeunes camarades au sein du Parti, ces jeunes qui espéraient qu’à pareil moment notre Parti révèlerait des visages neufs, propres, à même de faire l’unanimité en 2025 dans l’hypothèse où vous décideriez de « rentrer au village » comme vous l’avez déclaré récemment à un journaliste étranger. C’est une génération enthousiaste qui ne demande qu’à s’exprimer pour sortir du gouffre et éviter le chaos qui se dessine devant nos regards impuissants. Monsieur le Président National, Je suis d’ores et déjà conscient que ceux des zélés camarades, jeunes qui se lèveront pour me répondre en votre nom, le feront sur commande de ceux pour qui ils roulent et qui ne souhaitent pas ce réveil. C’est peine-perdue car je sais que vous lirez ceci et que le bon sens d’Homme d’État qui vous a guidé jusque-là, se saisira de votre instinct de Père de la Nation Camerounaise démocratique, pour prendre des mesures urgentes pendant que cela est encore possible afin de restructurer le RDPC de fond en comble. C’est à ce propos que je vous livre la profonde volonté de la jeunesse de notre Parti avant les élections présidentielles, législatives et municipales à venir. Il s’agit de celle qui se refuse d’être manipulée par des anges parachutés de l’UNC au RDPC et qui n’ont pas songé jusqu’ici à réinitialiser leur logiciel mental pour s’arrimer au nouveau monde qui appelle à la circulation générationnelle du pouvoir politique Les cadres dirigeants du Parti Le prestigieux clergé des membres du Comité Central de notre Parti manque de fraîcheur et de vigueur. Je vous laisse vérifier la proportion réservée aux jeunes, encore qu’on devrait définir leurs âges et leurs rôles. Vous pourriez vous pencher en plus sur la proportion des jeunes de notre Parti au sein de l’Assemblée Nationale ainsi que leur pourcentage à la tête des communes dirigées par notre Parti. J’irais même plus loin en vous invitant à vous enquérir auprès du Secrétariat Général du Comité Central ou du Chef de file de nos députés, de la liste portant filiation complète ainsi que les postes occupés hors Assemblée Nationale de ces « honorables ». Ce mouvement est valable pour le Sénat qui gagnerait à être transformé en EPHAD au regard de la fourchette d’âge et de l’état de santé de nos camarades qui constituent la majorité de cette haute chambre. Souvenez-vous Grand Camarade, que vous êtes devenu Président de la République à 49 ans, après avoir assumé des très hautes fonctions à l’exemple de chargé de mission à l’âge de 26 ans. J'évoque cet aspect pour que vous puissiez vous-même situer la courbe d’évolution socio-politique de la jeunesse camerounaise en 2024. Plus clairement : « en 1960, il était possible d’occuper de très hautes fonctions à moins de 30 ans et devenir Président de la République avant 50 ans ; rendus en 2024, il faut se résoudre à attendre que des gens décèdent pour accéder à des postes qu’ils occupaient, bonjour les batailles interminables de clans et personnes sans merci… ». Il me revient à l’esprit votre discours durant les émeutes de 2008 où vous avez titillé certains avec l’appellation « apprentis sorciers ». Sauf erreur de ma part, vous indexiez ceux de vos pairs qui voulaient instrumentaliser la jeunesse à réclamer le pouvoir dans la rue plutôt que dans les urnes. Seulement Monsieur le Président National, vous semblez être Partisan de leur pseudo politique qui s’appuie sur vos propres décrets pour implémenter cette technique du chaos lent qu’un célèbre universitaire ne cesse de marteler. Connaissant les efforts consentis pour la construction d’un Parti politique fort, des citoyens libres et une démocratie ordonnée, je vous prie de revoir vos priorités avant les élections à venir en restructurant urgemment le RDPC. Monsieur le Président National, les règles démocratiques exigent que la voix du peuple soit entendue et que la légitimité prime en toute circonstance ; d’autant plus quand cette dernière fait face à la médiocrité. La majorité de nos grands camarades, à l’exception de quelques-uns ont perdu toute légitimité de représentation du Parti sur le terrain et les seuls arguments qu’ils tiennent comme joker restent les circulaires émises du Secrétariat Général du Comité Central. Ce dernier vous en attribue la paternité comme si vous aviez besoin d’intermédiaire pour nous communiquer vos recommandations. Même s’il faut tout de même avouer que ces adresses venant dit-on de vous, sont fixées par avance et prévisibles, sans compter sur ceux qui se découvrent un ADN militant suite à un décret.
Le RDPC vous survivrat-il ? Je suis certain que vous vous êtes déjà posé cette question. Comme Chirac, Sarkozy et même votre prédécesseur de regrettée mémoire Amadou Ahidjo, il est très difficile que des formations politiques élitistes subsistent à leur leader. Cette problématique nous conduit à une réflexion sérieuse et nous avons pris l’engagement de vous interpeller personnellement avant le début de la prochaine campagne électorale. La probabilité que nous perdions cette élection est faible mais réelle, nul ne peut objectivement le nier. Non pas du fait de notre projet de société mais par la faute de ceux qui, depuis plus de quarante ans, n'ont pas réellement mis en œuvre les principes de la normalité comme cadre d'ascension dans notre Parti. Le mécanisme de sélection de notre candidat à l'élection présidentielle est désormais un handicap pour l'avenir de notre Parti. Cette disposition était utile pour réguler les appétits des camarades qui avaient effectué la migration de l'Union Nationale Camerounaise (UNC) avec vous pour le RDPC. Seulement, au regard du clanisme ambiant qui nourrit, verrouille et saborde l'ambition salvatrice dont vous avez posé les jalons au début, il est plus qu'urgent de réformer nos textes et règlements. Précisément, celui cité plus haut en Particulier pour nous éviter un hold-up à la tête du Parti alors même que tous les militants doivent pouvoir y postuler. Monsieur le Président National, Je m’impose un détour en rappelant le discours que vous avez prononcé le 23 mars 1985 à Bamenda, lequel a inspiré ma comparaison des époques. À l'entame de votre propos, face à vos pairs camarades qui continuent d'ailleurs avec vous de diriger le RDPC, vous avez dit : « Nous avons toujours su, par ailleurs, saisir l'occasion de ces assises pour célébrer un culte à la gloire de notre Parti, l’Union Nationale Camerounaise, pour sa part considérable dans la construction d'un Cameroun uni, moderne, fort et prospère » ; plus loin vous poursuiviez en précisant : « la multiplicité et la complexité toujours accrues de ces missions nous commandent, tous les cinq ans, une pause qui n'est pas cependant ni une trêve, ni un répit, il s'agit davantage d'un moment de réflexion nécessaire à l'évaluation de nos entreprises communes au service de nos compatriotes, au service de notre chère et belle patrie ». Voyez-vous Monsieur le Président, ces bonnes attitudes et habitudes n'existent plus, pourtant inscrites dans les textes du RDPC. Le RDPC de 2024 est censé être la copie améliorée de l'UNC de votre époque. Qu'est ce qui nous asphyxie donc aujourd'hui au point de passer deux septennats sans avoir des pauses réflexives, même lorsque les évènements dramatiques qui gangrènent notre formation politique nous le commandent ? L’horloge de 1985 a évolué, et le monde se résume aujourd'hui à un smartphone où tout le monde peut scruter ce qui se passe chez le voisin et vice-versa. Les pandémies ne sont plus essentiellement sanitaires, mais aussi et surtout politiques. L’envie d’émancipation n’est plus seulement un processus lent, mais pourrait être un mouvement spontané, copié sous d’autres cieux. Je ne « Macronise » pas notre arène politique. Mais, considérant les mots que vous avez récemment utilisés pour apprécier l’élection du Président Sénégalais Diomaye Faye, j’ai trouvé juste de vous faire le cliché de l’état de votre Jeunesse, Ma génération qui refuse de vous trahir malgré la pression. Je fais mention et rend également hommage à ceux-là qui se dressent courageusement dans d’autres domaines, comme le sport et même la politique, pour freiner les pulsions princières des « vrais apprentis sorciers que vos décrets ont jusqu’ici protégés ». Dans le même ordre de vos propos inspirants, vous disiez que le congrès de Bamenda était indispensable à la préparation à l’action, celle qui appelait à cette époque la contrainte des réalités immédiates qui vous obligeaient à faire un bilan tous les 5 ans. Cela vous a permis d’anticiper sur le vent du multipartisme qui a emporté certains régimes aveugles parce qu’ils refusaient de se conformer aux exigences du peuple. Le Présent accéléré par la puissance des nouvelles technologies de l’information et de la communication, vous convoque aujourd’hui à anticiper la pression ou la catastrophe du futur. Ni vous, encore moins moi, ne savons ce qu’il adviendra de ce monde continuellement changeant et exigeant ; de la réaction de cette jeunesse fatiguée de servir de marchepied à une génération qui refuse de transmettre le flambeau et trouve tout de même la force pour multiplier des stratagèmes en vue de tuer toute étoile qui essaye d’éclairer les ténèbres qu’ils imposent volontairement au sein de notre Parti et de ce fait à notre belle patrie. Voilà pourquoi, à la question de savoir qui vous succèdera ? tous baissent le visage et personne ne vous avouera ses intentions. Sommesnous toujours dans un Parti démocratique ? À titre de rappel, c’est lors des travaux de Bamenda que vous avez décidé du changement des dénominations UNC et RDPC et vous avez vu juste, en trouvant trois mots, qui allaient guider vos actions au sein du Parti RDPC, version Paul Biya. Unité - Progrès - Démocratie L’Unité en politique n’est pas l’absence de divergences, bien au contraire les opinions divergentes dans un groupe doivent servir de ferment à l’ancrage démocratique dans une saine concurrence idéologique. Malheureusement, dans le cas du RDPC, cette unité d’apparence tient encore simplement du fait de votre présence aux commandes du Parti, du moins, votre nom y figure comme Président national. Sinon, notre Parti est constitué de deux blocs concurrents, à savoir, les ainés qui refusent la rotation démocratique à la tête des instances du Parti et cette génération dont les sacrifices et l’endurance sont ignorés. Le Progrès : Aucun signe de progrès apparent, dans les rangs de notre Parti, le progrès à mon sens repose sur la capacité d’adaptation d’une structure dans le temps et qui se justifie dans sa forme. Les mêmes qui ont géré l’UNC d’hier, sont ceux-là même qui pilotent allègrement le Comité Central du RDPC à l’heure actuelle. Sans jeter l’opprobre sur l’équipe qui siège dans cette instance du Parti, constatez vous-même que ce sont des personnes qui ont traversé le temps à vos côtés, qui sont dépassées et aujourd’hui insuffisamment imaginatives pour maintenir la flamme d’amour avec les Camerounais. Sommes-nous en droit de dire que nous avons progressé quand ce sont les mêmes qu’on retrouve partout trainant les mêmes tares ? Lequel parmi nos camarades actuels peut sérieusement faire face aux jeunes loups concurrents dans un débat politique de structuration d’un État moderne comme c’est la tendance à l’heure actuelle ? La Démocratie : Le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais, notre Parti, s’est éloigné de sa propre devise. Cher Grand Camarade, en lieu et place des règles démocratiques, on assiste partout à de petits arrangements claniques et à un trafic d’influence qui a établi dans l’imagerie populaire, que certains postes au sein de notre Parti sont accessibles en fonction du statut social, (dont vos décrets ou autres nominations), selon votre affiliation clanique pour ou contre le patron politique (les représentants du Comité Central).
Sans compter que généralement, ces messies envoyés de Yaoundé arrivent dans les localités avec des listes arrêtées qu’ils imposent tout simplement usant de menaces de tout genre. Pour terminer, vous pouvez et vous devez agir vite et énergiquement tant qu’il est encore temps pour arrêter cette hémorragie politique sans quoi le RDPC implosera. Nous avons porté tout ceci à votre très haute attention pour ne pas vous laisser distraire de l’essentialité que constitue aujourd’hui la refondation urgente du RDPC. Il urge de convoquer un Congrès avant la tenue de toute future élection.
Grand Camarade Président, Afin que cela ne soit pas considéré comme une dissonance dans nos rangs, j'en profite pour vous annoncer que ma génération et moimême, celle-là qui veut voir notre formation politique subsister à l’issue du brutal combat qui se profile à l’horizon, partagerons avec les Camerounais, un bimensuel de propositions de réformes pour nous départir des chaînes du musellement communicationnel qui s'est installé au sommet de notre Parti en attendant la tenue de ce Congrès déterminant. Permettez-moi de conclure par l’appellation « Tara, Père », car c’est de cette suprême casquette que découlent toutes les autres.
C’est aussi pour compter sur tous les défis et les prérogatives du « Père » qui vous incombent : à côté de l’amour et de la patience, l’écoute, la correction, la présence, le respect, l’humilité et la protection pour ne citer que ceux-là. C’est m’appuyant sur ces qualificatifs que vous maîtrisez à suffisance, que ma hardiesse s’est manifestée en vous adressant cette missive qui je sais, retiendra votre attention et vous amènera à donner à la jeunesse camerounaise, à la nation toute entière, cette réaction du « Père » tant attendue depuis des décennies. Comptez, Grand Camarade, Président National, « Père », sur mon dévouement indéfectible et ma très haute considération de votre illustre personne. Leon Theiller Onana Conseiller Municipal RDPC Monatélé