Samuel Eboua , SGPR raconte cela dans son livre « une décennie avec le Président Ahidjo »
« 6 décembre 1977
Le Président m'avait demandé d'obtenir du ministre de l'Education Nationale toutes les pièces justificatives des dépenses engagées sur la ligne "frais d'études", se rapportant à l'implantation de l'Université de Technologie.
A l'audience de ce matin, je les lui apporte. Il y jette un coup d'œil rapide et se rend compte de la manière dont les dépenses ont été engagées. Le ministre a signé un arrêté irrégulier, octroyant une somme forfaitaire de cent mille francs par mois à chaque membre du Comité d'Etudes.
Plus grave, il a lui-même émargé pour six cent mille francs.
- C'est un voleur, ce gars ! s'écrie Ahidjo. Ce n'est ni plus ni moins qu'un détournement de deniers publics. Je vais le révoquer. Contactez le ministre des Finances. Ils doivent tous rembourser
Il actionne le système de sonnerie et son Aide de camp entre.
- Dites au Ministre de l'Education nationale que je le reçois à 17h30.
Il est 18h. Mon garde du corps me signale l'arrivée du ministre de l'Education nationale qui demande à me voir.
Je sais qu'il revient de l'audience que le Chef de l'Etat devait lui accorder à 17h30. J'ordonne qu'on l'installe au salon. C'est un homme abattu que je trouve. Il est resté debout. Je l'invite à s'asseoir. Il ne peut se retenir et éclate en sanglots. Il pleure à chaudes larmes.
Je fais de mon mieux pour le consoler.
-Le Président m'a chassé de son bureau, me dit-il. Il na même pas voulu que je m'explique. Il m'a dit que j'irai m'expliquer devant les tribunaux.
C'est dans ces conditions que nous nous séparons.
7 décembre
Je suis reçu en audience par le Chef de l'Etat à 9h30. Je lui fais le compte rendu de mon entretien de la veille avec le ministre de l'Education Nationale, et ne manque pas de lui dire combien j'ai été peiné de voir un membre du gouvernement pleurer comme un gosse.
- En effet. Il a la larme facile. Il m'est revenu qu'il a également pleuré lorsqu'il il a été mis fin à ses fonctions de ministre des Finances, il y a quelques années. Ce sont des larmes de crocodile. Je vais le révoquer.
[……]
Il est 11h30 lorsqu'un gendarme m'apporte dans une chemise un bout de papier de mon secrétariat sur lequel je lis : "le Président vous demande de regagner un instant votre bureau. Il veut vous parler au téléphone". Je pénètre dans mon bureau et j'ai le Président au bout du fil.
- Eboua ?
- Oui Monsieur le Président.
- Vous êtes seul ?
- Oui Monsieur Le Président.
- Préparez-moi un projet de décret nommant Ndam Njoya
- Ministre de l'Education Nationale. Je le reçois dans quelques instants. Le décret sera rendu public à 13h .
Entre-temps, le Président avait convoqué le Premier Ministre pour l'informer de cette décision. C'est ainsi qu'à 13h, la radio annonce la nomination de Ndam Njoya à la tête du département de l’Education Nationale.
C'est le premier départ d'un ministre depuis la formation du gouvernement du 30 juin 1975
La patience du Président Ahidjo est légendaire, et lorsqu'il prend une décision comme celle-là, en moins de quarante-huit heures, c'est qu'après avoir toléré un certain nombre de comportements incompatibles avec le service de l'Etat, il est excédé.
C'est également une preuve qu'en sa qualité de responsable suprême de l'Etat, rien et nul ne peut être à l'abri des foudres de l'Olympe, dès lors que les intérêts de l'Etat sont en jeu. Il n'est pas exclu de penser que d'autres, encore dans l'ombre, mais dont les crimes contre l'intérêt général sont autant, sinon plus graves que ceux reprochés au ministre de l'Education nationale, soient, un jour ou l'autre, frappés à leur tour »
Le ministre révoqué s’appelait Bernard Bidias à Ngon
Aujourd’hui, les gens volent des milliers de milliards et narguent impunément le bas peuple! Ils asphyxient le bas peuple avec des taxes et impôts insupportables pour entretenir leurs trains de vie.