Actualités of Thursday, 19 October 2023

Source: L'Oeil du Sahel N°1860

Cameroun : un véhicule de la gendarmerie incendié

Malgré leurs efforts pour éteindre les flammes, le véhicule est parti en fumées Malgré leurs efforts pour éteindre les flammes, le véhicule est parti en fumées

Le samedi 14 octobre 2023, vers 11h, un véhicule de la brigade de recherches de la ville de Maroua, en pleine intervention, a été réduit en cendres au lieu-dit Marché Abattoir par des individus non encore identifiés. Mais selon un témoin qui a requis l’anonymat, « deux gendarmes à bord d’une Land Cruiser de la gendarmerie ont fait irruption au Marché Abattoir. Après avoir garé leur véhicule, ils se sont dirigés vers le cœur du marché pour s’entretenir avec les vendeurs des médicaments de la rue. Quelques minutes plus tard, leur véhicule a été incendié par des inconnus.

Malgré leurs efforts pour éteindre les flammes, le véhicule est parti en fumées ». Un récit confirmé par d’autres personnes ayant été sur les lieux. Une situation qui, du reste, a créé la panique. « Amenant les uns et les autres à courir dans tous les sens», renchérit un autre témoin de l’incident. Certains revendeurs des médicaments de la rue ont dû abandonner leurs marchandises pour fuir. Par contre, un autre témoin, visiblement habitué des scènes entre pandores et revendeurs de médicaments contrefaits en ces lieux, indique qu’«ils ont l’habitude de venir collecter de l’argent auprès de ces revendeurs.

Aujourd’hui, ils sont tombés dans leur propre piège. Ces gendarmes en font trop. Certes, ce sont des produits illégaux que ces gens vendent, mais ce sont parfois ces hommes en tenue qui les encouragent, car ils y trouvent également leur compte ». Pour celui-ci, « ce qui s'est passé n'est que le résultat d'un négoce qui a tourné au vinaigre. Et en pareilles circonstances, chacun tire le drap de son côté en racontant l'histoire qui l'arrange le mieux». Nos multiples tentatives de rencontrer le commandant de la brigade de recherches de Maroua ont été infructueuses. En revanche, le bulletin des renseignements quotidiens sur cette affaire que nous avons pu consulter, indique qu’« un certain Bouba s’est rendu à la brigade de Domayo pour solliciter une intervention militaire visant à séparer deux vendeurs de drogue au marché Abattoir de Maroua. À la brigade de Domayo, il a été orienté vers la brigade de recherches située à Maroua 3ème ».

Le même bulletin souligne également que « le gendarme de garde lui a donné les coordonnées du commandant de la brigade de recherches, que Bouba aurait tenté de contacter à plusieurs reprises le commandant de brigade pour solliciter une intervention». Finalement informé, le commandant a rassemblé ses hommes et s’est rendu sur les lieux pour séparer la bagarre. Seulement, le même informateur Bouba a été identifié comme celui qui aurait jeté un engin explosif dans la cabine du véhicule, selon une source.

12 suspects interpellés En détention à la brigade de Doualare, le suspect Bouba que nous avons rencontré nie en bloc les accusations portées contre lui. L’homme dit n’avoir pas été présent sur les lieux ce jour de l'incident. « Je suis surpris que mes compagnons de tous les jours rejettent cette affaire sur moi. Pourtant, je collabore avec ces gendarmes en tant qu’informateur depuis longtemps. Face à cette situation, ils veulent me noyer et sauver leur peau », se défend-il. « Je sollicite que le haut commandement ordonne une enquête indépendante pour connaître la vérité. Leur business a tourné au vinaigre, c’est tout», soutient l’homme.

« Sinon, comment comprendre que quelqu'un qui alerte la gendarmerie soit la même qui incendie sa voiture ? » s'est-il interrogé. Au demeurant, quelques zones d’ombre peuvent susciter des interrogations. Le poste de police du Marché Abattoir est situé à quelques mètres de l'incident; mais l’incident a été signalé plutôt à Domayo située à plusieurs kilomètres de là; pourtant c’est la brigade de Doualaré qui est territorialement compétente, et se trouve non loin du commissariat de police de Bamare. L’enquête suit son cours. Mais l'on signale 12 personnes interpellées et actuellement détenues dans les cellules de la brigade de Doualaré.