Actualités of Wednesday, 9 February 2022

Source: Le Messager N° 5941

Cameroun : voici comment Paul Biya a fait de la CAN, une compétition des ruptures

Le Cameroun a fini 3ème de sa CAN Le Cameroun a fini 3ème de sa CAN

Depuis ce 6 février, la 33ème édition de la Coupe d’Afrique des nations appartient à l’histoire avec le premier sacre continental du Sénégal. Le Cameroun, pays hôte a fini en bronze. Mais, au-delà du drame d’Olembé, le Cameroun a réussi l’organisation de sa deuxième CAN après celle de 1972. Elle aura été une compétition des ruptures, pense le Messager dans sa livraison de ce mardi 8 février 2022.


CAN 2021 : une compétition des ruptures


La grande messe du football continental a connu son apothéose ce 6 février 2022 avec le triomphe du Sénégal, une Can pionnière et de toutes les calomnies dans tous les sens du terme, en présence du couple présidentiel. La première rupture visible est la reconnaissance ou l'honneur accordé par les leaders du football mondial au chef de l'État camerounais. Paul Biya a ravi finalement la vedette à tous au stade d’Olembé, en ce jour de clôture de la compétition qui a duré près d’un mois. D’abord il y a eu à son arrivée triomphale avec son épouse, tous deux copieusement ovationnés, debout dans la rutilante berline noire qui ne boudait pas à la vitesse de tortue, ce moment exceptionnel de communion dans le stade flambant neuf, paré de tous ses plus beaux atouts. Il a fallu ressortir pour accéder à la loge présidentielle. Ensuite, la cérémonie de clôture, se situant dans le sillage de celle d’ouverture, a donné toutes les sensations aux téléspectateurs à travers le monde, alliant savamment la réalité au virtuel. Le lion, dans les deux phases aura été prépondérant. Le spectacle en lui-même, offert dans un décor féerique a combiné tous les feux et tous les éclats dans l’antre d’Olembé avec ses lumières sous le boisseau, les torches des téléphones dans les gradins, allumées par milliers, s’imposant comme des étoiles de félicité. En dernier lieu, le monde entier aura à sa juste valeur apprécié la procession unique des présidents de la Caf et de la Fifa, tenant ensemble le trophée, pour monter de la pelouse vers le numéro un camerounais, assis à la loge présidentielle. Dans cette marche vers le chef de l'Etat, tous ont compris l'implication indicible de ce dernier, « la pierre angulaire » qu'il aura été dans cette réussite. Il a donné sa main d'association pour remettre le trophée au capitaine sénégalais, Kalidou Koulibaly, tout juste. Cet acte, pour anodin soit-il, traduit une certaine reconnaissance des efforts du pays de Samuel Eto'o pour avoir remis une copie largement satisfaisante de l'organisation globale de cette compétition au format de 24 équipes sans anicroches à la dimensions des différentes craintes nourries avant le début de la compétition.. On reconnaît de ce fait, sans occulter les multiples couacs qui ont jalonné cette préparation, que le Cameroun aura bon an mal an, tiré son épingle du jeu.


Un concerto d’inimitiés envers le Cameroun


La Can Total Energies 2021 a mis sur la place publique tout le ressentiment entretenu dans d'autres pays africains suite aux victoires, des différents hold-up sur les cinq trophées dans divers pays, si ce n'est pas l'élimination précoce des pays organisateurs. Tous nourrissaient, on l’a compris, un esprit de vengeance à l’endroit du pays de Roger Milla. Jamais on n’aura vu cela auparavant. Les attaques à défaut de les mener sur le gazon, se sont déroulées sur les réseaux sociaux avec une virulence sans limite. La Côte d'Ivoire, qui n'avait pas encore digéré son élimination de la Coupe du monde Qatar 2022, couplée à son élimination précoce par l'Égypte de la Can Total Energies 2021, s'est donnée à cœur joie dans le dénigrement du Cameroun, taxant le pays de manipulation des tests Covid-19 pour engranger ses victoires. On a volé si bas au point où le quintuple champion d'Afrique, a été taxé d'avoir vaincu les Comores de manière irrégulière. Dans cette campagne de dénigrements tous azimuts, menée tambour battant par le faisceau des pourfendeurs, on a retenu « qu'il fait très chaud au Cameroun », que « les pelouses sont des plus odieuses du monde », que « plusieurs joueurs partagent la même chambre ( dixit le coach gambien) », que « les arbitres étaient complaisants vis-à-vis des Lions indomptables », et le chapelet de diabolisation d'une Can qui a tenu tout de même les promesses au-delà de ce qui était espéré, a continué de faire son bonhomme de che min. La Can camerounaise, tenue finalement le jour dit, selon les propos présidentiels, aura connu tellement de péripéties et de rebondissements, que le seul fait de l'avoir organisé est déjà en lui-même un véritable exploit. On se souvient qu'à la 13ème Assemblée générale extraordinaire de la Caf tenue au Caire en fin novembre, il y avait eu des manœuvres monstres pour annuler ou reporter l'organisation de cette compétition. Comme si cela ne suffisait, il a fallu, après l'échec de ces complots, que les clubs européens mettent sur la table le refus de libérer les joueurs africains pour cause officielle de Covid-19. Personne n'a oublié les propos outranciers et abominables de Jurgen Klopp qui ne voulait pas du tout se débarrasser de ses deux stars que son Mané et Salah. C'est donc en soi une victoire camerounaise avec la bénédiction de la Caf d'avoir surpassé ces blocages.


L'égrégore Ahidjo


Jamais dans l'histoire de la Can aucune équipe n'aura été aussi certaine de sa victoire dès l'entame de la compétition que le Sénégal. Depuis Bafoussam dans la poule B où elle était logée, le manager des Lions de la Teranga n'aura fait aucun mystère de sa détermination de monter à Yaoundé pour faire main basse sur le trophée. Il ne manquait jamais de le rappeler à ses poulains qu'au cas où ils rencontreraient même les Lions indomptables du Cameroun en finale, la victoire leur serait acquise car Ahmadou Ahidjo depuis le cimetière musulman de Yoff à Dakar les couvrait de ses prières pour la victoire. C'est pourquoi Aliou Cissé considérait la rencontre et la victoire de dimanche passé contre les Pharaons comme un sacré retour d'ascenseur dans la sphère cosmologique, de la bénédiction bienfaisante du père de la Nation camerounaise qui repose depuis 1989 en terre sénégalaise, où l'a rejoint l'année dernière l'ex-Première dame Germaine Ahidjo. Faut-il y croire ou pas? La victoire des conquérants de la Téranga est là, inscrite comme dans du marbre. Toujours dans le domaine métaphysique, les huit morts suite à une bousculade le 24 janvier 2022, en nocturne à l’entrée du stade d’Olembé, lors du match Cameroun-Comores, sont venus donner un violent coup de pied dans la fourmilière de tous les métaphysiciens, qui sont montés au créneau pour signifier toute la masse de malédiction née de ces morts innocents qui devrait entacher la victoire tant attendue du Cameroun au bout de la compétition. Ainsi la défaite devant l'Égypte aux tirs au but est venue amplifier la polémique. Par l’ampleur des débats au-delà des frontières nationales et surtout sur les réseaux sociaux, des esprits remuants ont tourné ce pénible événement contre le Cameroun par des commentaires les plus désobligeants. Toute chose qui montre par ailleurs que les lauriers engrangés par les Lions à travers le monde suscite une masse inaltérable d'aigris à travers la planète.« On lance les pierres toujours contre un arbre qui porte des fruits », dit l’adage. Une interpellation faite au pays de Samuel Eto’o qui devra souffrir le chaud et le froid en Algérie le mois prochain dans le cadre du match retour des qualifications pour Qatar 2022.