Avant de quitter les affaires, le président Ahidjo a légué à Paul Biya un Cameroun avec une économie prospère et un budget équilibré. Le pétrole fait partie des armes secrètes du premier président du Cameroun. Ahidjo a refusé d’intervenir directement dans la gestion de cette manne. Il a également refusé que les négociations liées au pétrole soient faites par le seul Directeur Général de la SNH.
« Une seule personne ne doit pas négocier la vente du pétrole. Je n'ai rien contre le Directeur Général qui a ma confiance. Mais je répète qu'il ne doit pas être seul avec ses collaborateurs, à négocier le prix du placement du pétrole. Vous allez former un comité de trois personnes que vous présiderez et qui examinera les différentes offres, attribuera les marchés aux mieux offrants. La décision du comité sera aussitôt notifiée au bénéficiaire », avait-il indiqué.
CamerounWeb vous propose quelques extraits de l’œuvre « Ahidjo et la logique du pouvoir » de Samuel Eboua explique comment Ahidjo se servait du pétrole pour sauver l’économie nationale.
Au même titre que les autres marchés publics, jamais Ahidjo ne se mêla de la vente du pétrole. Mais il s'intéressait constamment à la situation des comptes de la SNH et notamment aux provisions de recettes durant une période donnée. Aussi appelait-il constamment le Directeur Général de la SNH ou l'attaché du cabinet, un ingénieur statisticien économiste, Claude Tchépannou, qui suivait pour le compte de la présidence de la République, les prévisions des recettes pétrolières, pour lui faire le point sur la situation des comptes.
En effet le budget de l'Etat était de plus en plus équilibré grâce aux ressources que nous procurait la vente du pétrole. Mais Ahidjo ne voulait pas ce ses ressources nouvelles démobilisent les populations. "Avant le pétrole, avait-il déclaré, il y avait l'agriculture. Après le pétrole, il y aura l'agriculture." Il fallait donc observer une certaine discrétion sur tout ce qui avait trait au pétrole, au point où avec l'accord de l'Assemblée nationale, il institua deux budgets : le budget normal de l'Etat voté par l'Assemblée nationale, où n'apparaissait qu'une infime dotation des ressources provenant de la vente du pétrole et un budget spécial alimenté par les ressources provenant des soldes créditeurs des sociétés d'Etat.
En fait de société d'Etat affichant un solde créditeur, il n’y avait que la SNH. Une seule fois la Caisse Nationale de prévoyance sociale est venue au secours du trésor public mais sous forme d'avances remboursables.