Le sociologue analyse la tendance « Sugar Daddies », qui prend de l’ampleur.
De plus en plus, le phénomène des Sugar Daddies se banalise à travers les réseaux sociaux. En avez-vous déjà entendu parlez ?
Bien évidemment. On ne peut pas vivre dans une société comme la nôtre qui vibre au rythme de la mondialisation et méconnaitre l’existence des Sugar Daddies encore connu sous l’appellation de « sponsors », pas seulement sur les réseaux sociaux mais à travers la littérature scientifique.
Ce phénomène peut-il être considérer comme la conséquence d'une dépravation des mœurs ?
Qui dit dépravation des mœurs aligne ce fléau au rang des déviances sexuelles. En effet, l’ordre social qu’on pourrait qualifier de « normal » voudrait qu’une fille fasse ses classes affectives avec des jeunes de sa génération. Or, dans ce cas, il s’agit de la rencontre d’un homme riche « papa gâteau » et d’une « Sugar Baby » à court d’argent et éprise de gain facile. Vu sous cet angle, il s’agit d’une forme de prostitution déguisée pour ces jeunes filles qui acceptent d’échanger des plaisirs socio-affectifs avec ces hommes fortunés moyennant quelques billets de banques. Considérant que la prostitution est punie par l’article 343 de la loi du 12 juillet 2016 portant code pénal au Cameroun, on se retrouve effectivement dans un cas de dépravation des mœurs.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette ruée des jeunes filles vers les hommes du troisième âge plutôt que vers des hommes de leur génération ?
Lorsqu’on observe notre société et lorsqu’on lit les témoignages des « Sugar Babies » on se rend compte que la principale motivation de celles-ci est pécuniaire. Ce qui explique cette suspension reste le gain facile. Ces jeunes filles vivent leur époque caractérisée par la course aux biens matériels à tout prix et à tous les prix ; elles veulent s’offrir des sacs de luxe, vêtements de marque, smartphones… Vivant sous un faible contrôle social et quasiment sans repères normatifs, elles se laissent aller à la facilité.
Y’a -t-il possibilité de parler d’amour véritable dans ce type de relation ?
Dans une relation asymétrique et commandée par les lois de l’argent, le pouvoir du matériel, le commerce sexuel intergénérationnel, l’on ne saurait parler d’un amour vrai. Notre société offre combien d’exemples de Sugar Daddies ayant épousé une « fillette » ? Par contre la récente actualité des jeunes femmes dites « influenceuses » qui vivent le calvaire avec les hommes fortunés à Dubaï montre que cette relation ouvre pus facilement les portes de l’enfer que celles du paradis sentimental avec le gros risque de tomber dans les filets des gros pervers, des sectaires qui, derrière le voile de l’opulence leur cache un destin traumatisant comme quoi, il n’y a pas de roses sans épines.