Actualités of Friday, 4 November 2022

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : voici le parcours atypique de Lazare Atou, le cauchemar de Ngoh Ngoh

Très peu d’informations filtrent sur lui sur internet Très peu d’informations filtrent sur lui sur internet

• Lazare Atou veut faire tomber Cyrus N’goh

• L’huissier de Justice est l’ami de Laurent Esso

• Voici le parcours de Lazare Atou


Très peu d’informations filtrent sur lui sur internet. L’homme n’a quasiment pas de photo sur le web. Véritable « fantôme » digital, Lazare Atou est pourtant un redouble huissier de justice qui trouble le sommeil de plusieurs personnalités du pays. Selon les révélations du magazine Jeune Afrique tous ses secrétaires généraux de Paul Biya qui se sont frotter à lui l’ont regretté. Le Directeur général du Port autonome de Douala Cyrus Ngo’o est sa dernière victime.

« Dans son courrier au chef du gouvernement, le SGPR a rappelé que le président Paul Biya a demandé au ministre des Finances, Louis-Paul Motaze, de mettre fin « sans délai » au mandat de liquidateur qui avait été confié à Atou. Deux des prédécesseurs de Motaze, Polycarpe Abah Abah et Emmanuel Essimi Menye, se sont eux aussi cassé les dents sur ce dossier, tout comme plusieurs ministres des Domaines et des Affaires foncières. En 2007, Lazare Atou a même effectué une brève garde à vue à la suite d’une plainte d’Abah Abah. », indique le journal.

Rien ne prédestinait pourtant cet huissier de justice à un tel avenir. Lazare n’est pas le plus brillant dans sa corporation. Il fut d’abord « notificateur » auprès de la commission de liquidation mise en place pour débarrasser l’État de ses plus gros canards boiteux. Par la suite, il se propose comme par hasard pour gérer les actifs abandonnés de certaines sociétés de l’Etat.

« Le processus terminé, le « garçon de course » s’est retrouvé sans emploi. Mais la question du patrimoine de ces entreprises, laissé à l’abandon, reste à régler. Atou propose alors d’en assurer la surveillance et la sauvegarde. De commis, il se retrouve ainsi titulaire d’un mandat aux pouvoirs proches de celui d’un liquidateur », raconte Jeune Afrique.

C’est ainsi qu’il crée un cabinet d’expertise comptable dénommé Cabinet Atou alors qu’il ne figure pas sur le tableau des experts comptables du Cameroun.
« Il fonde alors un cabinet d’expertise comptable et d’audit, même si son nom n’apparaît pas sur le tableau de l’ordre national des experts comptables et même si ses activités s’apparentent davantage à celles d’un gestionnaire de patrimoine. Il se bat devant les tribunaux pour récupérer les biens immobiliers des entreprises concernées, que les ministres des Domaines et des Affaires foncières successifs ont tentés d’aliéner. Aujourd’hui, on le dit proche du tout-puissant ministre de la Justice, Laurent Esso. Quant à Louis-Paul Motaze, il veille à ne pas marcher sur ses plates-bandes… », ajoute Jeune Afrique.

Fausses hautes instructions

Les Camerounais ont été habitués depuis quelques années par la formule « SUR TRES HAUTE INSTRUCTION DU CHEF DE L'ETAT », utilisée par certains membres du gouvernement et proches collaborateurs de Paul Biya dans leur correspondance. Selon les révélations du ministres d’Etat Secrétaire général de la présidence de la République, toutes ces correspondances n’expriment pas forcément les volontés du président de la République. L’expression serait usurpée par certains membres de l’exécutif dans leur propre intérêt. Ferdinand Ngoh Ngoh a fait ces confidences à Lazare Atou l’administrateur du Cabinet de conseil Atsou dans une lettre en date du 24 juin 2021. Le SG/PR remettait ainsi en cause une correspondance qu’aurait signé le premier ministre Dion Ngute.

« Parallèlement, vous m'avez fait recevoir le 24 juin dernier par un de vos collaborateurs que vous avez chargé de me remettre votre correspondance ci-annexée datée du même jour, par laquelle vous remettiez en cause le caractère authentique des Très Hautes Instructions du Chef de l'État, pourtant conformes à nos lois et règlements, qui nous ont été notifiées en date du 26 mai 2021 par un autre collaborateur du Chef de l'Etat, qui comme vous, est bien habilité à faire usage de cette même formule sacrée "SUR TRES HAUTE INSTRUCTION DU CHEF DE L'ETAT", dont était d'ailleurs revêtue sa correspondance ci-annexée », révèle Lazare Atou.

Les frères ennemis

Alors qu’il se fait de plus en plus rare, Paul Biya a cependant instauré une nouvelle pratique qui consiste à recevoir tous les vendredi le premier ministre Joseph Dion Ngute au palais de l’Unité. Cette tradition qui surprend tout le monde au palais fragilise davantage Ferdinand Ngoh Ngoh d’autant plus que les entretiens en Biya et Ngute se font en privé.


« Comme pour faire contrepoids à la puissance de Ngoh Ngoh, Paul Biya s’emploie maintenant à renforcer Dion Ngute. Il s’entretient tous les vendredis après-midi avec son Premier ministre. Une nouveauté que ce privilège accordé par un président qui apparaît de moins en moins en public et reçoit rarement ses ministres », révèle Jeune Afrique.


Le journal indique également que la violente bataille que se livrent Ferdinand Ngoh Ngoh et Joseph Dion Ngute ne déplait point à Paul Biya. Il serait d’ailleurs l’incitateur. « Tels deux caïmans du même marigot, ils s’épient, se jaugent et s’opposent tout en veillant à ne pas faire trop de vagues. Le président ne perd pas une miette de ce duel au sommet et alimente même en munitions leur animosité. Tant que les coups qu’ils se portent ne dégénèrent pas en une guerre de tranchées trop bruyante, le « chef » savoure. Âgé de 87 ans, conscient que sa succession occupe tous les esprits, il se joue du choc des egos pour contenir les ambitieux », précise Jeune Afrique.