• Selon une dépêche de l’AFP, les Camerounais sont les mauvais élèves en matière de vaccination anti-covid
• Seul 4,1% de la population âgée de plus de 18 ans
• C’est la conséquence des idées reçues, de la désinformation, de la Psychose
C’est un secret de Polichinelle. Les Camerounais sont assez réticents à l’idée de se faire vacciner contre la Covid-19. Malgré les campagnes de sensibilisation et autres, l’Etat ne parvient à convaincre les populations à se faire vacciner. L’Agence France Presse a condensé quelques idées reçues qui empêchent les Camerounais de se décider et de franchir le pas.
« Au Cameroun, un des pays d'Afrique subsaharienne les plus touchés par le Covid-19 avec plus de 107.000 contaminations, dont 1.795 décès, les idées reçues et la désinformation sur les réseaux sociaux freinent la campagne vaccinale. Seul 4,1% de la population âgée de plus de 18 ans est vaccinée depuis que les premières doses ont été administrées il y a sept mois, selon le ministère de la Santé, très loin de l'objectif affiché de 40%, à cinq semaines de la Coupe d'Afrique des nations prévue dans le pays », introduit l’AFP.
Voici les idées reçues recensées par l’AFP
- "Psychose" -
Face à la réticence des Camerounais, le gouvernement a lancé une double campagne de vaccination: une de 5 jours, du 17 au 21 novembre, ciblant toute la population, et une autre d'un mois, du 10 novembre au 10 décembre, à l'intention des fonctionnaires.
Irène et Lucienne se positionnent dès les premières heures de la journée devant un petit hôpital public d'Odza, un quartier de Yaoundé, où un poste de vaccination a été ouvert.
Leur déploiement, en pleine rue, sur une route très fréquentée qui mène à l'aéroport, vise à susciter l'intérêt des passants. Seulement, se désole Lucienne, "très peu" acceptent la proposition. "C'est très difficile de convaincre. Il y a une vraie psychose chez les Camerounais", admet-elle.
La veille, rapporte-t-elle, "une personne a menacé de me donner un coup de poing si je persistais à lui proposer le vaccin".
"L'argument qui revient le plus est celui selon lequel les +Européens+ (renvoyant plus globalement aux occidentaux, NDLR) veulent nous tuer", renchérit Irène, sa collègue.
Les deux jeunes femmes cherchent à convaincre une autre passante, Jamiro. Elle décline aussi l'offre de se faire vacciner.
"J'ai lu sur internet, et appris aussi dans la rue, que ce vaccin rend stérile", s'inquiète-t-elle.
- Désinformation -
"La réticence des populations résulte de la désinformation à travers les réseaux sociaux", explique à l'AFP David Messy, agent du Programme élargi de vaccination (PEV, initiative gouvernementale).
"Certains Camerounais de la diaspora envoient des messages à ceux du pays pour présenter les méfaits supposés de cette vaccination", accuse-t-il, alors que "la vaccination protège".
"Le gouvernement encourage fortement et fermement toutes les populations à se faire vacciner", plaide à la CRTV, la radio d'État, Manaouda Malachie, ministre de la Santé. "Nous avons suffisamment de doses pour tout le monde", assure-t-il.
Mais les autorités doivent faire plus pour convaincre. "Le plus grand défi est la transmission de la bonne information aux populations, qui doivent faire leur choix sur la base des faits et pas simplement d'opinions tirées sur les réseaux sociaux", explique le professeur Yap Boum II, représentant régional d'Epicentre, la section Recherche et épidémiologie de Médecins sans frontières (MSF).
"Il y a 30 fois moins de décès parmi les personnes vaccinées que chez les personnes non vaccinées", poursuit-il.
"Il faut aller vacciner Paul Biya", le président camerounais, lance dans la rue un vieillard à qui on propose le vaccin. Contrairement à d'autres pays où les chefs d'État se sont faits vacciner publiquement, au Cameroun, on ne sait pas si M. Biya, 88 ans, dont 39 au pouvoir, est vacciné ou pas.
Son Premier ministre, Joseph Dion Ngute, et certains de ses ministres ont toutefois pris leur dose face caméra.
Mais certains Camerounais remettent toujours en cause l'existence du virus, jugeant de fait le vaccin inutile. "Le vaccin ne m'intéresse pas parce que je n'ai pas encore vu quelqu'un de malade. Je doute de l'existence de cette maladie", estime ainsi Jeannette Aboudi, 53 ans, vendeuse d'oranges sur le marché de Nfou, petite ville du centre du Cameroun.
Andréa, une jeune d'une vingtaine d'années, n'a plus d'hésitations depuis que sa tante a contracté une détresse respiratoire à cause du virus. "Après cela, il a été décidé en famille que tout le monde allait se faire vacciner", souligne-t-elle, précisant avoir pris, il y a peu, sa première dose.