Le candidat du Mrc a profité de son meeting à Garoua pour évoquer la capacité de Paul Biya à diriger le Cameroun à son âge.
Pour la deuxième fois en un mois, vous effectuez une visite dans les régions septentrionales, qu'est-ce qui vous y attire ?
Si vous avez été attentif à mon parcours, ce n'est pas seulement le septentrion que j'ai visité, c'est tout le pays, donc, il n'y a pas une attraction particulière par rapport à une région spécifique. J'étais soucieux dans un premier temps, de voir l'état des structures de notre parti sur le terrain à l'approche de l'élection présidentielle.
Ma première visite avait cet objectif : régler le fonctionnement des structures de notre parti, m'assurer que le dispositif est en place, parachever le travail d'implantation là où nous n'étions pas encore suffisamment présents.
C'est pour cela que lors de cette première visite, nous sommes allés en profondeur, nous avons visité tous les arrondissements. Dans certains cas même, les villages, les composantes d'un même arrondissement.
D'ailleurs cette première visite était dans le prolongement de la visite que nous avions effectuée dans d'autres régions du pays. Je fais remarquer que, ce que nous avons appelé la «Caravane du Mrc» s'est ébranlée depuis fin 2015. Ça avait commencé par Bafoussam, pour s'étendre dans d'autres parties du pays. La partie septentrionale du pays avait fait l'objet de reports à plusieurs reprises pour des raisons de sécurité à l'époque. Nous voulions commencer par l'Extrême-Nord et descendre pour des raisons de commodité.
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Lorsque les conditions sont réunies nous sommes donc venus. D'ailleurs en 2016, j'ai tenu meeting à Ngaoundéré. La deuxième partie c'est dans le cadre de la campagne électorale, c’est pourquoi cette vi- site est limitée à la ville de Garoua.
Une opinion vous soupçonne d'éviter de vous rendre dans les régions anglophones du Sud-ouest et Nord-ouest...
J'ai déjà été dans les régions anglophones, les gens oublient. J'ai tenu un grand meeting, vraiment un meeting à succès à Bamenda le 25 juin 2016.
Dans le Sud-Ouest nous sommes allés dans certaines localités sans pouvoir tenir de meeting parce qu’en ce moment-là, c'était des réunions préparatoires pour le grand meeting que nous voulions y tenir en septembre.
Pour quand la prochaine date?
Nous avons un programme de meetings qui est en circulation et tout le monde le connaît. Nous ne pouvons-nous y rendre que si les autorités administratives et les forces de maintien de l'ordre nous garantissent la sécurité. C'est une zone de guerre, vous n'allez pas dans une zone de guerre comme vous allez dans une zone de paix. Nous communiquons aux autorités compétentes notre itinéraire de déplacement.
A elles, de nous assurer que nous pouvons y aller en toute sécurité. Le ministre de l'Administration territoriale avait demandé expressément que lorsqu'on veut se rendre dans l'une de ces Régions, l'on doit indiquer l'itinéraire exact, les lieux et dates etc., c'est ce qu'on va faire. Il ne suffit pas de faire la notification, il faut encore que les autorités administratives et les forces de maintien de l'ordre nous donnent une assurance de leur côté.
On sait que vous appelez au dialogue pour résoudre cette crise anglophone, vous le faites depuis son début. Vu son évolution, votre position a-t-elle changée ?
Le message que je voudrais porter à l'endroit de nos frères et sœurs anglophones, c’est que nous ne sommes plus à la phase où il faut espérer une solution du gouvernement actuel parce qu'il a montré soit son incapacité, soit son manque de volonté de résoudre la crise.
Nous pensons que seul le changement à la tête de l'État peut offrir une vraie chance de régler la crise. Notamment le changement à la tête de l'État avec ceux qui sont constants sur une proposition de solution.
C'est notre cas, nous avons toujours dit, « il faut porter un message de comme on dirait en Afrique. Reconstruire les villages, aller chercher ceux qui sont réfugiés au Nigeria, sortir ceux qui sont dans les forêts, les rétablir, leur redonner confiance et maintenant ouvrir le dialogue avec des personnalités considérées comme représentatives des populations anglophones, pour nous mettre d'accord sur la forme de l'État. C'est pour cela que j'ai dit que si je suis élu président de la République, ma première visite sera dans les régions anglophones.
Êtes-vous confiant en l'environnement de cette élection présidentielle?
S'il y avait un code électoral adopté de façon un peu plus consensuelle, il y aurait déjà un peu plus de confiance. Nous n'avons pas pu, en dépit du combat que nous avons mené sur ce terrain depuis 2013, obtenir que le gouvernement bouge ne serait-ce que sur un seul point quant à l'amélioration des conditions de l'organisation des élections dans notre pays. Mais, nous étions devant un choix cornélien: aller aux élections ou ne pas aller. D'ailleurs on nous a interpellé en nous demandant :
«Pour- quoi est-ce que vous allez aux élections alors que la partie anglophone n'est pas en état de participer sereine- ment à l'élection? Nous avions le choix entre boycotter et laisser le gouverne- ment actuel aller tranquillement se faire « réélire » dans un fauteuil et dire je suis investi de la légitimité de l'élection et je peux mener la politique que je veux , en dépit des insuffisances du Code ou aller aux élections en sachant que nous avons appris de l'élection de 2013 à laquelle nous avons participé, et nous savons aussi où sont les points faibles du gouvernement. Nous nous sommes organisés en conséquence et nous avons confiance de pouvoir gagner cette élection.
L'on pense que le candidat est très faiblement entouré en termes de lieutenants qui relaient dans les Régions et les zones rurales du pays et que c'est là la faiblesse de sa candidature...
C'est la première fois que j'entends ça. Notre premier vice-président (Mamadou Mota, ndlr) est basé dans l'Extrême-Nord, nous avons là-bas un représentant qui est très fort. Nous avons été dans tous les arrondissements pour y tenir des meetings y compris dans tous les arrondissements où on avait promis que nous ne pouvions pas tenir meeting, il y a eu de l'affluence...
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Je prends comme ça, à l'Ouest, nous avons quelqu'un qui a pris les rênes du parti depuis 2015 et qui l'a porté à un niveau où personne ne l'attendait, nous avons le régional de l'Est, vous avez vu, nous avons tenu un meeting fort couru à Bertoua avant de revenir ici à Garoua, après avoir tenu un meeting à succès il y a deux ou trois semaines à Garoua Boulai. Quand on me dit qu'il n'y a pas de relais, je suis étonné.
Nous avons dans le Sud quelqu'un comme Dr Okoo, un médecin, qui est le régional du Sud. Je ne sais pas quel genre de lieutenants vous voulez, nous avons un médecin dans le Sud, le vice-président qui est basé à l'Extrême-Nord est un ingénieur, à l'Ouest c'est un homme d'affaires. Je ne crois pas qu'en qualité, le parti dirigeant ait plus de cadres que nous.
Combien de meetings avez- vous tenu depuis que vous avez entamé votre conquête?
Je ne sais pas. Ce sont mes lieutenants qui peuvent vous le dire.
Qu'est-ce qui vous fait tant courir?
C'est l'enjeu. Le pays est dans un état tel que, et sans faire du catastrophisme, il faut vraiment qu'il y ait un sursaut national. C'est pour cela que je ne considère pas l'élection du 7 octobre prochain comme une élection politicienne. C'est une élection qui offre la possibilité à notre pays de rebondir. Je pense que chacun au fond de lui-même doit trouver la lucidité nécessaire pour dire, entre quelles mains nous pouvons remettre notre pays pour les années à venir.
Le président actuel, s’il avait quelque chose à offrir, il l’a déjà fait. Même par son âge il ne pourrait plus, quand bien même il le voudrait, sauf s'il veut que les autres gouvernent à sa place et derrière son image. Mais, lui-même ne peux plus et donc il faut que les Camerounais par la large victoire que j'espère, fassent comprendre à notre président gentiment qu'il est temps qu'il aille prendre sa retraite.