Une campagne se fait avec tout ; celle qui court en ce moment au Cameroun n’y déroge pas. On vient de lui trouver un scandale ; il a la forme d’un plagiat. Ainsi, en en croire nos doxosophes, le candidat sortant serait allé copier chez le voisin, une inspiration vielle de plus de 10 ans.
Autrement, « La force de l’expérience », slogan retenu pour la circonstance, serait un copié-collé des agences locales de com mobilisées pour les besoins de la cause. De leur côté, les agences concernées se défendent de n’avoir rien créé, s’étant contentées de recevoir des documents entièrement préparés par les experts organiques du candidat.
On peut néanmoins tenter un rapprochement entre les camps qui se battent, en les recentrant sur un objet qui, s’il s’inspire généralement des théories sur l’élaboration des campagnes et slogans, n’en est néanmoins pas toujours une copie mimétique. En fait, le propre de la communication politique est de se décliner parfois dans les formes inattendues, choquantes, pourvues qu’elles soient captivantes, articulées à l’action envisagée et authentiques, sans être originales en tout temps.
Il y a là l’enjeu d’une vraie démarcation avec la communication, notamment, commerciale ou sociale. Au demeurent, il faut espérer que le débat qui enfle n’en ajoute pas à la malédiction de la communication, en abusant d’actualiser, sous le couvert de réserves techniques, de vraies querelles commerciales entre concurrents déchus, au risque de voir la lueur s’éteindre, et la confiance repartir chez les étrangers. Le débat, voir le combat de fond devrait conserver son sens éthique.
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Il s’agit d’abord d’appeler à un renforcement de la confiance des officiels dans l’expertise nationale, d’une part, mais surtout, de travailler ensemble à affranchir du ghetto une filière entière, la communication, restée longtemps captive d’un préjugé inhibant, d’autre part. Faut savoir raison garder et ne pas se tromper d’épreuve.
Sur le plan technique proprement dit, un slogan en politique est une externalisation condensée d’une action à venir. Il est dit pertinent, authentique et captivant quand il est assorti à sa source, adapté à sa cible et au contexte. Celui du candidat Paul Biya l’est en tout point de vue. Qui plus est, on ne saurait ici parler de plagiat, personne n’ayant emprunté la pensée originale de personne dans une exploitation dolosive.
Les sites cibles sont si différents et séparés par tout, le temps, le lieu, le contexte, les acteurs, les époques, les visions, les défis. On devrait alors, au mieux, parler de ressemblance ou d’homophonie, et de rien d’autre, le transfert de structures étant intrinsèquement impossible. Ce qui devrait donc préoccuper les uns et les autres, c’est de savoir si le slogan du candidat sortant résume l’esprit de l’action envisagée, et non pas s’il l’a inventé de toute pièce.