Actualités of Friday, 18 November 2022

Source: www.bbc.com

Casablanca sous les coups du bistouri

Casablanca sous les coups du bistouri Casablanca sous les coups du bistouri

« Miroir miroir ! Dis-moi, que dois-je changer pour être la plus belle ? » En Afrique du nord, une opération qui amincit le tour de taille et amplifie les hanches est en vogue; son nom, le « Moroccan Butt Lift » aussi appelé Ferrari Design Shape. 

Dans cette clinique à Casablanca, clinique victime de son succès, le docteur Guessous ne manque pas de clients.

 Après avoir mis de l’argent de côté pendant de longs mois, Henda Bransia a fait le trajet depuis la Tunisie pour concrétiser son projet.

Pour cette jeune femme, c’est plus qu’une opération, c’est un vrai investissement : « Je sais que je suis une femme très belle, mais je veux faire cette opération pour être une star… ».

 Cette envie d’augmenter son capital beauté génère tout de même des craintes « j’ai peur des douleurs, j’ai peur des cicatrices » des inquiétudes qui s’envolent aussi vite qu’elles se sont manifestées « …mais bon, ce sont des petits détails ».

Augmenter son capital beauté coûte que coûte…

À l’échelle mondiale, le « BBL » Brazilian Butt Lift (augmentation du volume des fesses par lipofilling et silhouette bien dessinée) est l’opération la plus demandée. Les Etats-Unis et le Brésil sont les deux pays où le BBL est le plus pratiqué.

 À Casablanca, c’est une autre procédure similaire qui a la cote. Le médecin a fait un constat pour le moins surprenant

 « Au Maroc, c’est le Ferrari Design (qui fonctionne), ce n’est pas moi qui l’ai créé, c’est les patientes qui l’ont créé. C’est elles qui me demandent d’avoir plus de hanche (…) parce qu’elles veulent plus évasées sur la largeur. Cette silhouette a pris beaucoup d’importance et tout le monde la veut ».

 Le Ferrari Design Shape a un coût. Au Maroc, les intéressés déboursent entre 4 000 et 10 000 dollars (environ 2 530 295 et 6 325 739 F CFA).

Pour exaucer ce vœu formulé par ses patientes, comme pour le BBL, le docteur recycle leurs graisses. Une fois aspirée dans une ou plusieurs parties du corps à l’aide de petites canules insérées sous la peau, généralement le ventre ou les cuisses, la graisse est transférée dans les fesses.

 La méthode reste la même pour les hommes – mais ce public préfère en règle générale dessiner leurs abdos ou en créer.

…à ses risques et périls

Pour réussir ces greffes, les cellules prélevées puis celles sélectionnées pour être réadministrées dans le corps de la patiente doivent toutes être vivantes sans exception.

Ces opérations ne sont pas à l’abri d’une complication pire, elles peuvent être fatales.

1 femme sur 3000 meurt au cours de cette pratique selon une étude publiée en 2018 par la Task Force for Safety in Gluteal Fat Grafting.

Une opération ne se termine jamais dans un le bloc opératoire, une surveillance médicale pointilleuse est primordiale post opération.

Dans le cas contraire, les conséquences peuvent être graves : blessures aux organes abdominaux, perte de sensibilité ou bien même embolie pulmonaire.

« C’est comme aller chez le coiffeur »

L’habituée de la boulangerie du quartier demande toujours au vendeur « une baguette ou un croissant » - dans cet établissement, les femmes font leur demande avec le même automatisme.

Aujourd’hui, Zahra a choisi « injections de botox ».

La procédure consiste à injecter de la toxine botulique, dans les muscles du visage pour bloquer la production de l’acétylcholine ; ce qui entraine une paralysie du muscle et l’empêche de se contracter.

« Ça ne me dérange absolument pas de dire que j’ai refait ma bouche, j’ai fait le botox, j’ai fait le fillers. Ce sont des choses qui sont devenus normales de nos jours, c’est comme aller chez le coiffeur », nous dit Zahra.

Selfies et filtres sur le banc des accusés

Les adolescentes et les jeunes adultes sont de plus en plus attirées par la chirurgie plastique. Le docteur Guessous en a vu passer des patientes en 25 ans de pratique, il peut lui-même en témoigner :

 « Les filles de 17 ans, après leur bac veulent faire leur corps très tôt. Elles sont accompagnées par leur parents qui adhèrent à ces idées ».

 Dr Guessous pense que les selfies qui pullulent sur les réseaux sociaux et l’existence, par centaines, de filtres photographiques fabriquent ces envies de changements corporels précoces.

 « C’est un fait nouveau. On prend des millions de selfies par jour, on se juge tous les jours devant la photo, on découvre alors quelque chose qu’on ne pouvait pas voir dans le miroir et auquel on ne faisait pas attention ».