Les autorités camerounaises sont-elles en guerre contre les réseaux sociaux ? Tout porte à que oui. Elles multiplient en effet les sorties musclées contre ces espaces d’échanges et de partage d’informations en ligne.
Le 1er novembre 2016, Cameroon tribune, le quotidien gouvernemental, titrait: «Dérives sur les réseaux sociaux: la cote d’alerte». Dans cet article que certains observateurs n’ont pas hésité à qualifier de commandé par les autorités, le quotidien bilingue national écrivait «des informations erronées, des images montées de toutes pièces ainsi que d’autres qui sont choquantes circulent depuis plusieurs semaines, semant la psychose au sein de l’opinion», dénonçait CT.
Ce sentiment partagé par certains hommes politiques proches du pouvoir est aussi celui du Président de l’Assemblée Nationale (PAN). Cavaye Yeguié Djibril a profité de l’ouverture jeudi, de la session parlementaire de novembre, pour porter une autre charge contre les réseaux sociaux. «Comment ne pas évoquer pour le déplorer, cette nouvelle forme de terrorisme, tout aussi insidieuse qui ces derniers temps écument le cyberespace. Je veux parler du phénomène des réseaux sociaux», a affirmé le PAN.
Il a présenté un tableau noir qui laisse penser que les réseaux sociaux sont essentiellement négatifs. «Originellement considérés comme un outil de communication et une plate-forme de partage en ligne, voilà que les réseaux sociaux sont devenus une arme vouée à la désinformation. Pis encore à l’intoxication et à la manipulation des consciences, semant ainsi la psychose au sein de l’opinion. Un phénomène social désormais aussi dangereux qu’un missile lâché dans la nature », s’est-il insurgé.
Pour l’élu de la nation, le phénomène «est d’autant plus dangereux que ce déferlement d’informations erronées et leurs amateurs sont malheureusement de plus en plus nombreux qui évoluent aux antipodes de toute éthique et de toute déontologie», a-t-il fait savoir en ajoutant que « les réseaux sociaux sont devenus au Cameroun des fléaux sociaux».
Une charge qui est l’illustration de la considération qu’ont certains hommes politiques des réseaux sociaux. Ils semblent pourtant incontournables, voire indispensables aujourd’hui. À ce sujet, Raoul Simplice Minlo, l’ancien journaliste de la CRTV, dans une récente tribune, appelait les Camerounais à s’en adapter.
«Le Gouvernement et toutes les autres administrations, les entreprises, les médias, les universités, les hôpitaux, les partis politiques, les églises, les lycées et collèges doivent, comme l’avait prescrit d’ailleurs le Chef de l’État au gouvernement en début d’année, s’approprier médias et réseaux sociaux. Au lieu donc de commander des dossiers médiatiques à charge, pour dénoncer et toujours fustiger ces outils, marqueurs de notre époque, il serait plus judicieux et important d’engager une réflexion sérieuse et profonde sur l’appropriation et les usages avantageux du web 2.0 au Cameroun à l’ère de la révolution numérique», a écrit le confrère.