Le président de l’Assemblée nationale s’est permis de critiquer Paul Biya. Un fait rarissime depuis 25 ans que Cavaye Yeguie Djibril tient les rênes de cette institution de la République.

Le député du Mayo-Sava (Extrême-nord), membre du bureau politique et militant de longue date du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) se frustre de la façon dont le gouvernement gère les mouvements de grogne sociale qui secouent le Cameroun.

En clôturant ce 11 avril la première session parlementaire de l’année, Cavaye Yeguie Djibril, pour la première fois, est allé droit au but et a été clair avec le gouvernement en lui donnant une bonne leçon : « Gouverner, c’est prévoir et je voudrais ajouter que c’est savoir anticiper sur des évènements », conseille-t-il au chef de l’État.

Il fait ainsi allusion non seulement à la crise anglophone qui perdure encore aujourd’hui mais aussi à celle récente des enseignants, des avocats, des médecins et des étudiants.

Le président de l’Assemblée nationale estime que c’est bien de résoudre les crises, mais c’est encore mieux de les éviter. Cavaye Yeguie Djibril craint le pire et enjoint le gouvernement à mettre tout en œuvre pour désamorcer la grève qui paralyse le pays.

Dans son discours, l’exhortation du gouvernement à éviter autant que faire se peut les crises sociales, revient comme un leitmotiv.

Il reconnait toutefois les efforts consentis et les mesures prises par le chef de l’État pour régler, par exemple, le problème des personnels soignants. Mais il souhaite qu’à l’avenir, les espoirs des Camerounais soient satisfaits en amont pour éviter une déstabilisation du Cameroun.

Calme précaire dans les régions anglophones

Pour Cavaye Yeguie Djibril, un calme précaire règne dans les régions anglophones. Il se montre optimiste et prescrit le dialogue comme la voie royale pour le retour à l’apaisement dans les régions frondeuses du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

« Au moment où nous clôturons nos travaux, je voudrais me féliciter des signes d’apaisement que nous observons dans les régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. Personnellement, je crois aux vertus du dialogue. Une fois de plus, j’encourage les uns et les autres à user de ce dialogue… Je demeure convaincu que des solutions consensuelles et définitives seront trouvées », a-t-il déclaré, confiant.