Ceux qui avaient des appréhensions peuvent se rassurer : le chef de l’État du Cameroun a reçu le Président d’un pays, et non un putschiste. À la grande satisfaction du nouveau locataire du Palais du bord de mer à Libreville.




Depuis l’annonce de la visite officielle du Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA à Yaoundé, l’on se demandait comment cela allait se passer. Et pour parler de manière triviale, « comment Paul BIYA allait le regarder », lui qui, par principe, ne pouvait pas voir d’un bon œil la rupture de l’ordre constitutionnel dans ce pays voisin etfrère.Tout naturellement donc, il a condamné l’arrivée des militaires au pouvoir au Gabon. Une position compréhensible prise avec ses pairs de la sous-région, d’autant plus que les coups d’État militaires commençaient à devenir une mode en Afrique subsaharienne


Le Président de la Transition gabonaise est donc arrivé à Yaoundé, vêtu de son uniforme le plus solennel, le même qu’il arborait le jour de sa prestation de serment, faisant mentir tous ceux qui ont cru que, pour les besoins de la cause, et peut-être pour faire plaisir à son hôte camerounais, OLIGUI NGUEMA allait troquer cet uniforme qui rappelle ses origines militaires, contre le costume de chef d’État. Mieux que son hôte, ce sont lesfaits et gestes de Paul BIYA qu’on s’est mis à passer au peigne fin. Le chef de l’État ne s’est pas contenté de serrer la main à son jeune homologue; il l’a, dans une accolade, serré contre lui. Les médias rapportent que le tête-à-tête entre les deux hommes a duré jusqu’à deux heures de temps. Ils ont parlé de la situation au Gabon, des relations entre Yaoundé et Libreville. À la fin de cet entretien, ils ont procédé à un échange de cadeaux symboliques.


Une visite d’explication

Avant de quitter Yaoundé, le chef de l’État gabonais s’estrépandu en remerciements vis-à-vis du peuple camerounais et de son chef pour l’accueil qui lui a été réservé. Il a aussi dévoilé – et on pouvait en fait l’imaginer - l’objet de son séjour en terre camerounaise : « une visite d‘explication », a dit le Général OLIGUI NGUEMA qui sait que sa prise de pouvoir à Libreville n’a pas toujours été bien perçue par ses homologues de la sous-région Afrique centrale. C’est la raison pour laquelle, il a entrepris courageusement une offensive diplomatique en direction de ses pairs afin que le Gabon retrouve sa place au sein de la CEMAC et de la CEEAC, deux institutions sous-régionales dont il a été suspendu à cause de la prise du pouvoir par les militaires. La joie et la satisfaction qui se lisaient sur le visage de Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA sont aussi révélateurs de ce qu’il a reçu des assurances du Président Paul BIYA qui s’est résolu à accompagner le Gabon vers le retour à l’ordre constitutionnel, et à retrouver sa place au sein des institutions sous régionales. Il est probable que l’homme fort de Libreville aura toute sa place aux côtés de ses pairs de la sous-région lors du Sommet des chefs d’État de la CEEAC prévu en Guinée Équatoriale dans les prochains jours. De toute évidence, pour l’instant, rien ne semble plus s’opposer à son retour. Plus intéressante encore est l’attitude du Président Paul BIYA qui a reçu son hôte gabonais sans laisser transpirer une once de nervosité. Il est clair que le chef de l’État camerounais, en bon homme d’État, a simplement pris acte de l’évolution politique dans ce pays et, après avoir observé les trois premiers mois du nouveau pouvoir, estime qu’il n’y a aucune raison pour qu’il ne regarde pas vers l’avant. En réalité, la leçon à tirer de cette visite est qu’au-delà des hommes qui passent, c’est avec les États qu’il faut bâtir des relations fortes et durables.