Dans une lettre qu'il a envoyée au président de la République à Etoudi, un Camerounais (du nom de Essimi Kouna): qui s'affiche et parfaitement conscient des risque qu'il pourrait se faire arrêter, demande à Paul Biya de "quitter le pouvoir pour sauver le pays".
Lettre à S.E. Monsieur Paul Biya président de la République du Cameroun.
Monsieur le Président de la République,
"Dans l'espoir que ma lettre vous parvienne, c’est avec un profond respect, mais aussi une vive inquiétude pour l’avenir de notre nation, que je vous adresse cette lettre. À 92 ans, après 42 années passées à la tête de notre pays, il est temps de tourner une page de notre histoire commune. Je vous appelle, Monsieur le Président, à quitter le pouvoir dignement, pour le bien de tous les Camerounais.
Votre long règne, hélas, est marqué par un bilan inconfortable. La corruption, le népotisme et la cleptocratie gangrènent notre société. Le pays, autrefois fier et prospère, est aujourd’hui à genoux, confronté à une hausse vertigineuse des prix, à des injustices sociales flagrantes et à des arrestations arbitraires qui bafouent l’État de droit. Nos institutions, notre éducation, notre économie : tous les secteurs d’activité sont englués dans un chaos profond.
Votre projet de vous maintenir au pouvoir, dans un contexte aussi fragile, est particulièrement dangereux. Dans un pays riche de sa diversité, avec plus de 250 ethnies et deux langues officielles, votre long règne nourrit un sentiment croissant de marginalisation et d’exclusion chez de nombreuses communautés. Ce sentiment, alimenté par l’injustice et le manque de perspectives, menace gravement la cohésion nationale et risque d’embraser le pays dans une guerre civile.
Monsieur le Président, l’histoire retiendra votre contribution à la construction de notre nation, mais l’histoire jugera aussi votre choix de vous accrocher au pouvoir au-delà de toute raison. Je vous supplie de faire preuve de sagesse et de grandeur d’âme. Votre départ, loin d’être une défaite, serait un acte de patriotisme, un signe fort de votre attachement à la paix et à la prospérité de notre pays. Il permettrait une transition pacifique et ouvrirait la voie à une ère nouvelle, fondée sur la justice, l’égalité et le respect de tous.
Dans l’espoir que cette missive trouvera une oreille attentive, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma plus haute considération".