Actualités of Thursday, 23 June 2016

Source: Le Messager

Ce que fait le president Paul Biya à Genève

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Parti du Cameroun quelques jours après la célébration de la fête nationale du 20 mai, le chef de l’Etat qui se trouve vraisemblablement en Suisse n’a pas encore pensé à regagner le pays.

Dans un système où l’on conforte le silence absolu sur les séjours extérieurs dits privés du président de la République, et face aux problèmes qui se posent à la nation, bon nombre d’interrogations à la fois légitimes et redoutables apparaissent. Evocations.

Est-il malade ? Et par ricochet, séjourne-t-il à l’étranger pour se soigner ? Ou encore, a-t-il des problèmes familiaux qui le déstabilisent considérablement ? Toutes ces questions, les citoyens camerounais de bonne foi se les posent depuis que le président Paul a quitté le Cameroun le vendredi 27 mai 2016. Officiellement, il s’agit d’un court séjour privé en Europe, si l’on se réfère au communiqué du directeur du Cabinet civil de la présidence de la République. Le chef de l’Etat qui, selon toute vraisemblance apparaissait préoccupé, a quitté le pays accompagné dans ce voyage privé « d’une suite officielle » (sic) comprenant respectivement, le directeur du Cabinet civil de la Présidence de la République, Martin Belinga Eboutou, le conseiller spécial à la Présidence de la République, le contre-amiral Joseph Fouda, et le chef du protocole d’Etat, le diplomate Simon-Pierre Bikele.

Avant de quitter le Cameroun ce 27 mai 2016, le chef de l’Etat a hâtivement serré la main aux différentes personnalités de la République convoquées à l’Aéroport International de Yaoundé-Nsimalen au moment de son départ, et a évité d’accorder des audiences comme à son accoutumée. L’avion affrété pour ce vol spécial présidentiel a possiblement pris la direction de la Suisse, précisément Genève, si l’on en croit des sources bien introduites. Et depuis, presque trois semaines après, Paul Biya n’a plus donné signe de vie.

Et c’est certainement de l’Europe où il se trouve qu’il signe les différents de messages de circonstances à ses homologues étrangers, tels qu’ils sont régulièrement diffusés par les medias d’Etat. En tout cas, presque trois semaines d’absence du pays, la notion de « court séjour privé » commence véritablement à intriguer au sein d’une population camerounaise qui a logiquement besoin de savoir où se trouve son président.

Et au demeurant, face au manque de communication officielle sur les motivations et les enjeux du court séjour privé du chef de l’Etat, les citoyens camerounais, mieux, le peuple camerounais dont Le Messager est à l’écoute depuis toujours, a inéluctablement besoin de savoir où se trouve son président, et ce qu’il fait là où il se trouve depuis trois semaines maintenant.

Interrogations légitimes

Malheureusement, malgré tous les efforts consentis par votre journal, il ne nous a pas été possible de savoir avec le maximum de précision, ce que fait le président du Cameroun en Europe depuis trois semaines, au cours de ce qui a été qualifié de « court séjour privé ». Evidemment il n’était pas question de fouiner, comme le fait très souvent la presse people, dans les arcanes de l’existence strictement privée du président. Mais d’essayer de comprendre pourquoi Paul Biya peut ainsi prendre du recul par rapport au pays qu’il dirige, pendant un temps qui est loin d’être un court séjour privé.

Certes, il est désormais de notoriété internationale que le président aime bien prendre du temps hors du Cameroun, loin du siège des institutions qu’il incarne. Et souvent la presse internationale s’en est fait l’écho. Avec tout ce qu’il y a comme congestion sur l’image de marque du Cameroun. Mais cette fois il y a lieu de questionner quelques évènements pathétiques qui ont encerclé ce voyage présidentiel pour ce « court séjour privé ».

On sait est effet que depuis un moment, l’absence de la première dame du Cameroun lors des festivités de cette édition de la fête nationale, non seulement au défilé du boulevard du 20 mai, mais aussi à la traditionnelle réception offerte par le couple présidentielle au Palais de l’Unité, ont fait répandre des ragots plus ou moins fantaisistes. Qui plus est, tout ce qui a été révélé à travers les réseaux sociaux, et complexifié par certains médias locaux, notamment sur la vie aux Etats-Unis de Brenda Eyenga Biya, la fille du président de la République, avait fini par formater les esprits de bon nombre de Camerounais. Mais en réalité, là n’est pas notre enclin.

Justifier un séjour privé ?

Entre scruter une actualité atroce, concentrée autour de la vie familiale du président de la République, et un questionnement légitime sur un « court séjour privé » qui s’étend (considérablement) sur presque trois semaines, nous choisissons la deuxième option. Comme nous l’avons dit, les Camerounais ont en effet besoin de savoir pourquoi le président de la République qui avait annoncé que son séjour privé en Europe serait court, est resté plus longtemps que prévu.

Et là encore, en l’absence d’information officielle, hélas, il n’y a que la spéculation journalistique, sur la base des règles qui régissent les sociétés qui se disent démocratiques. Ainsi, peut-on bien se poser la question de savoir si les raisons du prolongement du court séjour privé de Paul Biya en Suisse, sont par exemple liées à son état de santé. On a souvent tendance à oublier que la maladie fait partie de la vie. Dans les pays qui nous inspirent, et que nos dirigeants prennent régulièrement comme référence, admettre que le président de la République a un problème de santé, n’est que normal, naturel.

Récemment, le président nigérian Muhammed Buhari, pour prendre un exemple qui nous est proche, pour justifier un séjour privé en Europe, a pris le soin d’indiquer à l’opinion nationale de son pays qu’il se déplaçait pour soigner une infection à l’oreille. Face à une telle information, le peuple nigérian n’est pas descendu dans la rue pour protester. Chez nous, tout le monde sait que notre président est un vénérable patriarche octogénaire.