Le général de corps d’armée a effectué du 24 au 26 août dernier une visite des chantiers du génie militaire dans la 2ème région militaire interarmées.
Le quai de Bota à Limbe est pris d’assaut par des militaires de l’armée camerounaise aux aurores de jeudi 25 août 2016. 7h pointe à l’horloge et déjà du monde. Le dispositif de départ par voie maritime se met en place. Un coup d’accélérateur est ainsi donné aux formalités d’embarquement de la vingtaine de personnes qui constituent la délégation conduite par le général de corps d’armée, René Claude Meka, chef d’état-major des armées, en mission commandée pour Bakassi, sur instruction du chef de l’Etat.
Au programme, le point de l’évolution des travaux confiés au génie militaire et l’encouragement des militaires qui participent au développement du pays par la construction des infrastructures. La mission n’est pas sans péril. C’est en effet dans la péninsule de Bakassi qu’un sous-préfet camerounais et sa suite ont été enlevés par des pirates en 2008 alors qu’ils effectuaient une mission. Le 12 novembre 2007, une autre attaque dans l'une des localités de la péninsule s'est soldée par la mort de 21 soldats camerounais et de nombreux blessés. Même si elle n’en dit mot, l’équipée a ces souvenirs déplaisants en mémoire lorsqu’elle quitte le quai de Bota.
Les équipages des embarcations du Bir Delta et de la Compagnie des palmeurs de combat (Copalco) sont prêts pour le départ. La précision de leurs gestes et les mots apaisants rassurent. Dans ces installations portuaires sommaires de Bota où flottent quelques veilles barques, l’embarquement de la mission peut commencer. Sous une pluie battante, le général René Claude Meka enfile son gilet de sauvetage avant de se glisser dans une petite embarcation pour le transfert du quai de Bota vers le patrouilleur « Cameroon Navy Ship Le Ntem », un joyau de la marine nationale mis en service en juillet 2014. C’est à bord de ce navire doté d’une puissance de feu (01 canon bitube de 37 mm et deux mitrailleuses bitube de 14,5 mm) que le voyage se poursuit.
Un pylône de 75 m de hauteur
La pluie, elle, redouble d’intensité arrosant sans ménagement les passagers des embarcations, parmi lesquels le général de division, Mohamadou Saly, commandant de la 2ème région militaire interarmées (Littoral, Sud-Ouest, Nord-Ouest et Ouest), le colonel Jackson Kamgain, directeur du génie militaire, le colonel Donatien Melingui Nouma, inspecteur des forces état-major des armées, le capitaine de vaisseau Samuel Sylvin Ndoutoume, sous-chef plan état-major des armées, le capitaine de vaisseau Jean Calvin Nlend, adjoint au commandant de la 2ème région militaire interarmées chargé des forces navales, le capitaine de vaisseau, Hamadou Lame, commandant des forces de surface et aussi le chef d’escadron, Stans Mouaha-Bell, chef de cabinet du Chef d’Etat-major des armées, tous embarqués pour le voyage de Bakassi.
« La pluie n’arrête pas la progression, la mission est sacrée », cette maxime bien connue est répétée par des militaires enthousiastes ce jeudi matin. Le premier transbordement se fait dans une ambiance lourde accentuée par la météo capricieuse. Le commandant du Ntem, le capitaine de corvette Bertrand Mekinda tente de mettre un peu chaleur, ses convives sont en effet trempés jusqu’aux os. Il ne cache pas son émotion d’accueillir à bord deux généraux de l’armée et une bonne dizaine d’officiers supérieurs. Souhaitant à tous une bienvenue, il prévient que le voyage Limbe-Rio dure entre « deux heures trente minutes et trois heures ».
Prévision confirmée, bien escorté par le Bir Delta et la Copalco, le Ntem mouille à l’entrée du Rio environ trois heures plus tard. Un deuxième transbordement a lieu ici, toujours sous une pluie battante, le navire de guerre ne peut en effet pas s’aventurer dans les criques. Il faut poursuivre le voyage dans des embarcations plus petites. Le général et sa suite quittent le Ntem pour prendre place dans les embarcations du Bir Delta et de la Copalco qui mettent aussitôt les gazes, destination, Akwa où un quai de fortune attend les passagers.
C’est la première escale de la délégation partie de Limbe. Ici se dresse fièrement un pylône de 75 m de hauteur construit par le génie militaire. Il portera en altitude entre autres les équipements de transmission hertzienne, un balisage diurne et nocturne, un dispositif de fixation des câbles radio fréquence_ Le maitre d’ouvrage de ce projet qui comprend la construction de trois autres pylônes à Jabane 2, Bamusso et Rio Terre est le ministère des Postes et télécommunications. « Un calcul de rayonnage a été fait pour disposer les quatre pylônes », assure le directeur du génie militaire, colonel Jackson Kamgain.
57 personnes sont employées dont 20 militaires et 37 civils. Le général René Claude Meka, avide de détails, apprend du directeur du génie militaire que le taux d’avancement de ce projet de télécommunications à ce jour est d’environ 50%. Parmi d’autres, les sociétés de téléphonie mobile devraient en être les grands bénéficiaires pour une extension de leur zone de couverture. Selon le colonel Jackson Kamgain, ce pylône aura plusieurs fonctions à savoir les connexions téléphoniques où tous les opérateurs pourront se connecter. L’escale d’Akwa ne dure qu’une quinzaine de minutes. L’on se rue à nouveau vers les embarcations qui, poussées par le vrombissement de puissants moteurs, serpentent les criques de la presqu’ile de Bakassi. Cap sur le Beach d’Isanguele où le sous-préfet et le maire attendent leurs hôtes.
Village des pêcheurs
Le quai tenu par des hommes en arme est sommaire, juste derrière le décor, au loin, une belle cité se dévoile. C’est un village des pêcheurs construit par le génie militaire, rien à voir avec les pâles pêcheries qui jonchent la presqu’ile. L’ensemble est constitué de 60 logements équipés des plaques solaires, d’un château d’eau fonctionnel qui assure la disponibilité du précieux liquide grâce à l’énergie solaire, de fumoirs et de toilettes modernes neufs. Seul hic, la belle ressemble à une cité fantôme. Les habitations attendent en effet preneurs.
Le souspréfet d’Isanguele rassure : « Au moins 600 demandes de pêcheurs attendent d’être examinées ». Selon nos informations, le dossier est piloté par le ministre des Pêches et des Industries animales qui devrait bientôt sélectionner les premiers habitants de cette cité prête à l’emploi. Sur cette note d’espoir, le général et sa suite ont regagné les embarcations. L’heure avancée n’a pas permis l’escale de Bamusso. La base du Bir Delta à Rio a été la dernière étape avant de rejoindre le CNS Ntem pour le voyage retour vers Bota. Ici, le transbordement s’est fait de nuit, sous la vigilance des militaires du Bir et de la Copalco. C’est autour de 21 h que le général René Claude Meka a mis pieds à terre à Limbe au terme d’une journée faite d’embarquements, de débarquements et de transbordements quasi-innombrables.
La visite n’a cependant pas concerné que les chantiers du génie militaire à Bakassi. Tout a commencé à Douala mercredi, le chef d’état-major des armées s’est arrêté sur le chantier du prolongement du boulevard nord de la République (taux d’exécution 30%) et sur l’axe carrefour Nyala Château Japoma rail long de 3 km où le taux d’exécution des travaux est de 56%. Vendredi, toujours à Douala, il clôturé sa visite en deux étapes. D’abord l’inspection du chantier achevé de la protection de l’unique voie d’accès terrestre à la base navale. Ici, le niveau de l’enrochement a été élevé pour empêcher les eaux du Wouri de traverser la chaussée. Enfin, le chantier d’aménagement de la voie d’accès au centre de traitement des déchets d’Hysacam à Pk 10. Ici le taux d’avancement des travaux est de 85% environ, selon le génie militaire.