Rhissa Ag Boula, ex-ministre d'État du Niger, a annoncé mardi 8 août dernier, la création d'un mouvement de résistance dont l'objectif est de rétablir le président déchu, Mohamed Bazoum.
Dans un communiqué largement relayé sur les réseaux sociaux, Ag Boula indique que son mouvement dénommé Conseil de la résistance pour la République, "s'emploiera à rétablir l'ordre, la légalité constitutionnelle et le président Bazoum Mohamed dans la plénitude de ses fonctions".
Le chef du nouveau mouvement rebelle a appelé l'armée à arrêter "sans délai" le chef de la junte qui a renversé le président Bazoum, le général Abdourahmane Tchiani.
Dans un entretien exclusif accordé à BBC Newshour, l’ ancien ministre du tourisme a ajouté qu'il avait le soutien de la majorité de la population. "Nous avons la majorité de la population, la majorité des Nigériens croient en la démocratie, ils croient aux valeurs de la démocratie et de la république et ils veulent un retour à l'ordre pacifique".
Il a insisté sur le fait qu'"il n'y a qu'un seul gouvernement légitime et nous, en tant que groupe de la société civile, nous soutenons ce gouvernement et nous voulons qu'il soit rétabli au pouvoir ; nous voulons que la communauté internationale nous aide à le faire. Nous demandons à la CEDEAO d'assumer la responsabilité de la sécurité au niveau régional. Il y a eu cette contagion de coups d'État et cela doit cesser".
Rhissa Ag Boula a conclu en déclarant que la CEDEAO devrait intervenir au Niger : "Si la CEDEAO veut vraiment défendre la démocratie, elle devrait intervenir".
On ne sait pas encore quelle est la composition du mouvement ni le nombre d'éléments qui composent le Conseil de la résistance pour la République, mais son leader est bien connu des Nigériens.
Un passé de rebelle
Rhissa Ag Boula s'est révélé aux Nigériens au début des années 90 lorsqu'il s'est présenté à la tête d'une rébellion touareg qu'il a dirigée de 1991 à 1995. À la faveur d'un accord de paix signé avec le gouvernement en avril 1995, son mouvement, la Coordination de la résistance armée (CRA), vole en éclats.En décembre 1997, Ag Boula est nommé ministre du Tourisme et de l'Artisanat par le président Ibrahim Bare Mainassara. Il occupe ce poste jusqu'en février 2004 où il est arrêté et emprisonné pour la mort d'Adam Amangué, un responsable du parti au pouvoir.
Libéré en 2005, il se réfugie en France où il cordonne les activités de l'opposition, à la tête de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UPDS-Amana). Trois ans plus tard, Ag Boula est condamné à mort par contumace pour l'assassinat d'Adam Amangué.
La même année, il crée le Front des forces de restauration (FFR) un mouvement rébelle qui rejette un accord de paix signé entre le gouvernement et les groupes rébelles. Rhissa Ag Boubla dit vouloir "poursuivre la lutte politique et armée jusqu'à ce que l'ordre démocratique et la justice soient rétablis".
Retour dans le gouvernement
De retour au Niger en décembre 2009, il est arrêté trois mois plus tard pour son implication présumée dans la rébellion de 2007 à 2009. En décembre 2010, les charges qui pesaient contre lui sont été abandonnées par la Cour criminelle de Niamey et il est lavé de tout soupçon.En janvier 2011, Ag Boula est élu conseiller régional d'Agadez avant d'être nommé en septembre de la même année, conseiller du président de la République, Mahamadou Issoufou.
Ag Boula sera nommé en avril 2016 ministre d'Etat par le président Mahamadou Issoufou. Il occupera ce poste jusqu'à la fin du second et dernier mandat du président Issoufou. Le 7 avril 2021, il est reconduit au même poste à la faveur de la nomination du premier gouvernement du président élu, Mohamed Bazoum.