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Actualités of Friday, 19 July 2024

Source: Arol Ketch

Ce que pensait le sinistre Jean Fochivé des militaires et des coups d’État

Très souvent, tout part d'une petite altercation Très souvent, tout part d'une petite altercation

« Je ne diabolise pas les hommes qui ont choisi de devenir militaire. C'est un bon refuge pour les gens au coefficient intellectuel faible, qui n'ont pas pu s'aventurer ailleurs dans cet environnement social implacable.

J'ai d'ailleurs de très bons amis militaires et j'ai remarqué que, dès qu'ils mettent leur uniforme et arborent leurs galons, ils se prennent beaucoup plus pour ce qu'ils rêvent d'être que pour ce qu'ils sont en réalité.
L'oisiveté dans laquelle ils vivent et paraissent se complaire est très souvent à l'origine de ces idées de conquête de pouvoir qui naissent dans les antichambres des prostituées de luxe.

Très souvent, tout part d'une petite altercation avec des fonctionnaires d'un service public, comme la douane qu'ils ne veulent jamais payer, préférant brandir grades et galons. Complexés qu'ils sont, ils nourrissent pour les cadres des pouvoirs publics une animosité qu'ils ne cachent pas et qui est la conséquence d'un néfaste voisinage.

Les premières dispositions qui devaient conditionner la création des corps armées dans nos pays auraient dû être par ordre de priorités:
- La construction des casernes militaires appropriées, très différentes de ces réceptacles situés en pleine ville.

- La définition claire des rôles, missions et champs d'action de ces corps.
- L'étude et l'application des sanctions Onusiennes qui frapperaient tout individu ou groupes d'individus qui prendraient le pouvoir par la force des armes.

Tu me diras peut-être que des sanctions existent. Celles où le peuple en est la victime ont montré leurs limites. Ont-elles seulement enrhumé Abacha ou Buyoya ?
Quand un de ces brigands s'accapare le pouvoir, n'est-ce pas vous, les journalistes, qui êtes les premiers à le traiter d'homme fort ? Ce ne sont pourtant que des criminels qui ruinent leur pays et affament le peuple.
M. Ahidjo était scandalisé quand on traitait ces gens de dictateurs, il disait souvent : « Ces militaires qui du jour au lendemain prennent le pouvoir dans leurs pays, sont si médiocres que je me fais souvent représenter à certains sommets pour ne pas les rencontrer. Ils sont si minables que le mot dictateur qu'on leur donne est plutôt honorable. Non, ce ne sont que des brigands armés qui font tonner les canons pour un oui ou pour un non.

La dictature, comme disait Foccart, est un art. L'art d'imposer par quelque moyen que ce soit vos propres idéaux et vos propres lois aux autres. La dictature ne s'assimile pas au crime. Le peuple se soumet au dictateur et fuit le criminel. C'est cela la différence.

L'exil et l'exode massifs enregistrés pendant ces deux dernières décennies en Afrique ne sont que la conséquence de l'échec de l'instauration des systèmes dictatoriaux.

Selon M. Ahidjo, Foccart était le grand maître de l'Afrique des temps modernes à qui la France doit sa fulgurante expansion économique des années 60-70. Il avait mis en place un ingénieux processus dont l'Afrique ne se remettra jamais. Il armait un groupe de brigands gradés qu'il mettait en stand-by, créait dans le pays un climat d'insécurité sitôt qu'il savait que les dirigeants en place avaient amassé une fortune considérable. Il fomentait alors son coup d'Etat, ouvrant toutes grandes les portes de la France. Les dirigeants déchus s'enfuyaient, précédés par leur fortune, non sans avoir pris le soin de racler les fonds de caisse.

Les nouveaux arrivants, trouvant les caisses vides, se précipitaient vers la France qui, contre un peu d'argent liquide, entrait en possession de toutes les ressources naturelles du pays. »