Il est vrai que le pays le plus peuplé du continent a été victime d’une longue instabilité politique, marquée par de nombreux coups de force militaire. Mais, depuis le retour de la stabilité en 1999, la République Fédérale du Nigéria a connu quatre Chefs d’État parvenus à la présidence au terme des élections libres et démocratiques.
Par contre au Cameroun, depuis qu’il a pris le pouvoir dans un contexte pacifique en 1982, Paul Biya use de toutes les manœuvres possibles, par exemple la modification de la constitution, pour s’éterniser au pouvoir. Et tous ceux qui ont osé convoiter son fauteuil, à l’instar de Edzoa Titus, ou qui ont été soupçonnés de le faire, comme Polycarpe Abah Abah, Olanguena Awono Urbain, Atangana Mebara et bien d’autres, ont été jetés en prison.
Lors de sa dernière visite d’État au Nigeria, du 3 au 4 mai 2016, le Président Paul Biya a, selon toute vraisemblance, pris un plaisir fou découvrir les portraits des anciens présidents du Nigeria (voir photo). En réaction à cette attitude insolite du Président camerounais, Jean Takougang, cadre du SDF, le principal parti d’opposition, a invité Paul Biya, lors d’une émission dominicale de débat sur la chaîne de télévision canal 2, à s’inspirer de ce qu’il a vu au Nigeria pour respecter les règles du jeu démocratique dans son pays.
«J’espère que, là-bas, on lui a aussi montré qu’on peut parler d’alternance sans aller en prison. J’ai même vu comment, le Président Buhari lui montrait les photos de ses prédécesseurs. Je crois que Paul Biya comprendra que l’alternance n’est pas un sujet tabou, qu’on peut laisser tous les partis se déployer sur le terrain. J’espère que Buhari lui a montré que, bien que le Nigeria soit l’épicentre de Boko Haram, les autres partis politiques déploient leurs activités sur le terrain sans être poursuivis par la police».
Dans la même émission, Grégoire Owona, Ministre et haut cadre du RDPC, parti politique au pouvoir, a répliqué à chaud en dédouanant bien évident Paul Biya, président national du RDPC. «Paul Biya n’a jamais pensé que l’alternance est un sujet tabou».
Réélu en 2011, Paul Biya achève le mandat en cours en 2018. Il totalisera alors 36 ans de présidence ininterrompue. Et ses partisans multiplient depuis quelques mois, des appels pour demander à leur champion de continuer, à tous les prix, son règne entamé en 1982.