Le recteur de l'université de Yaoundé 1 a renvoyé le philosophe Dr Fridolin Nke de l’institution qu’il dirige. La décision fait beaucoup de bruits dans la cité et n’est toujours pas compréhensible pour un grand nombre de personnes, y compris le futur président de la République peut-être.

« Je viens de prendre connaissance de l'acte de licenciement de monsieur Fridolin Nke, chargé de cours à l'université de Yaoundé 1, signé du recteur de ladite université.

Il s'agit inéluctablement d'un licenciement abusif et certainement irrégulier. Les motifs qui sont invoqués au soutien de cette décision sont des infractions au sens de la loi pénale dont le recteur n'a aucune compétence pour en qualifier et en sanctionner de quelque manière, à savoir la diffamation, les injures, les menaces...

Le droit camerounais donne cette compétence exclusive au juge pénal. Il revenait dès lors au recteur de l'université de Yaoundé 1 de saisir le juge pénal et par la suite, si lesdites infractions étaient constituées, tirer toutes les conséquences de droit, notamment un licenciement pour faute lourde, et si, le régime juridique des emplois dans l'enseignement supérieur le permet par ailleurs.

Au-delà de ces considérations juridiques, il en découle que les libertés d'expression et d'opinion reconnus universellement aux enseignants, plus est, universitaires ne saurait être contrarié par un prétendu droit de réserve de la fonction publique.

Les universitaires ne sauraient être considérés et vus comme des fonctionnaires au sens strict du droit de la fonction publique.

Au-delà de leur statut professionnel, ce sont des penseurs, des doctrinaires et des chercheurs dans leurs domaines respectifs de compétence. Et pour ce faire, bénéficient par tout le monde entier d'une certaine liberté de ton dans leur déploiement intellectuel.

Si un universitaire a débordé dans ses propos que ceux-ci tombent sous le coup de la loi pénale, qu'il soit traduit comme tout citoyen devant le juge pénal pour y répondre.

C'est pourquoi, élu président de la République, un statut spécial garantissant et protégeant l'enseignant contre des freins à son déploiement intellectuel sera accordé aux enseignants camerounais.

Mais en attendant, j'exhorte le gouvernement camerounais à rapporter cette décision de licenciement du Dr Fridolin Nke pour son caractère manifestement abusif. C'est une honte pour notre pays et un abus inacceptable », propos de Me Christian Bomo Ntimbane.