L'influence de Chantal Biya fascine et interroge. Capable d'intervenir dans des domaines aussi sensibles que la sécurité présidentielle, elle semble dessiner les contours d'un pouvoir parallèle, sans jamais totalement l'incarner.
Sa récente intervention dans la carrière de Dieudonné Evina Ndo, promu à la Direction de la sécurité présidentielle, illustre parfaitement cette capacité d'influence. Un signal fort qui démontre sa capacité à peser sur certaines nominations stratégiques.
Les sources proches du gouvernement camerounais décrivent un mécanisme complexe. Plus Paul Biya s'efface, plus s'ouvre un espace d'influence. Chantal n'est pas aux commandes de l'agenda présidentiel - mission dévolue à Samuel Mvondo Ayolo - mais sa proximité quotidienne lui confère un ascendant certain.
Un proche du gouvernement résume magistralement cette situation : « Plus le chef de l'État prend de recul, plus il y a d'espace pour d'autres pouvoirs, comme celui de la première dame actuellement. »
Malgré ces capacités d'intervention, Chantal Biya n'est pas une dirigeante de facto. Paul Biya continue de gouverner de manière très personnelle, convoquant ses conseillers à sa guise, prenant ses décisions dans une totale autonomie.
Son mode de gouvernance, décrit comme secret et basé sur des entretiens individuels, rend difficile la compréhension des réels mécanismes de pouvoir. Chantal Biya apparaît ainsi tantôt comme une porte d'entrée potentielle, tantôt comme une simple spectatrice privilégiée.
La réalité semble se nicher dans cette zone grise : ni tout-puissante, ni impuissante, Chantal Biya incarne une nouvelle figure du pouvoir camerounais, hybride et insaisissable.