Le Cameroun traverse une période de profondes contradictions, et Chantal Roger Tuile, autrefois farouche critique du régime Biya, illustre parfaitement cette ambiguïté. L'homme qui avait accusé Paul Biya et sa famille de détruire sa vie se positionne aujourd'hui en fervent défenseur du chef de l'État, allant jusqu'à le comparer à "Jésus". Ce revirement spectaculaire suscite l'indignation de nombreux Camerounais qui, comme l'observe l'auteur de cet article, Paul Chouta, ne comprennent plus la cohérence de Roger Chantal Tuile.
Roger Chantal Tuile, qui avait construit sa réputation sur ses dénonciations contre le régime, surprend désormais en se lançant dans une campagne de soutien à Franck Biya, fils du président, souvent critiqué pour son implication dans l’exploitation des ressources naturelles du pays, notamment le bois. Selon les accusations, Franck Biya profiterait de ses positions sans s'acquitter de ses obligations fiscales, laissant le Cameroun sombrer dans un cycle de pillage impuni.
Ce revirement interpelle : comment celui qui avait jadis fustigé la gestion du pays par Paul Biya peut-il aujourd'hui en faire l'éloge ? Pour certains, Tuile incarne désormais le prototype de l’opportuniste politique, prêt à retourner sa veste pour servir ses intérêts personnels. "On ne peut pas retourner sa veste plus de deux fois. La veste n'a pas trois côtés !" ironise Paul Chouta, mettant en lumière les multiples volte-face de Tuile, notamment dans des affaires telles que celle de Nathalie Nkoah ou dans sa tentative d'asile politique à l'étranger.
Derrière ce revirement, beaucoup y voient une quête désespérée de survie dans un paysage politique où les convictions sont souvent sacrifiées sur l'autel des intérêts personnels. Pour Chouta, la position de Tuile n'est qu'une énième tentative de monnayer son influence, surfant sur les souffrances des Camerounais, tout en offrant son soutien au régime qu'il critiquait autrefois.
Ce changement de cap laisse perplexes de nombreux observateurs qui craignent que l'avenir du Cameroun soit confié à des figures plus intéressées par le pouvoir que par l'intérêt général. Si certains voient en Franck Biya une possible continuité du régime en place, d'autres, comme Chouta, redoutent que son accession à la présidence ne soit qu'un prolongement de la gestion critiquée de son père.
En ces temps de crise, le Cameroun a besoin de dirigeants capables d'incarner des valeurs solides et des principes inébranlables. Or, selon l'analyse de Paul Chouta, Chantal Roger Tuile ne semble plus faire partie de cette catégorie. Pour lui, le journaliste qui était autrefois une voix de dénonciation est désormais un "schématiseur" de plus, jouant sur les douleurs du peuple pour tirer profit de la situation.