Ousmane Sonko, inspecteur des impôts et domaines a connu en quelques années une ascension politique fulgurante. De fonctionnaire radié, il devient député à l’Assemblée nationale, puis maire de la ville de Ziguinchor. Après être arrivé troisième lors de la présidentielle de 2019, l’un des plus farouches opposant au président Macky Sall veut briguer à nouveau le suffrage des Sénégalais lors de la prochaine présidentielle prévue le 24 février 2024.
Pourquoi Ousmane Sonko a-t-il été radié de la fonction publique ?
Il y a de cela 10 ans, il était encore inconnu du grand public.C’est sa radiation de la fonction publique qui l’a révélé. C’était le 29 Aout 2016. << Monsieur Ousmane Sonko. Inspecteur des Impôts et des Domaines principal de 2° classe 2° échelon, matricule de solde n°604.122/1, est révoqué sans suspension des droits à pension pour manquement à l'obligation de discrétion professionnelle prévue à l'article 14 de la loi n°61-33 du 15 juin 1961.>> indique le décret de révocation signé du président Macky Sall.
Cette sanction pour manquement au devoir de réserve fait suite à une série de déclarations faites par l’inspecteur des impôts et domaines quelques mois plus tôt.
A maintes reprises, il a dénoncé ce qu’il affirme être des scandales de détournements de deniers publics ou d’avantages fiscaux indus, impliquant des personnalités du pouvoir.
Cependant, Ousmane Sonko nie toute violation du secret professionnel.
Il précise s’exprimer en tant que chef de parti politique et évoque une disposition de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), qui oblige tous les fonctionnaires à dénoncer toutes malversations financières dont ils ont eu connaissance dans l’exercice de leur fonction.
Qu’en est-il de sa carrière politique ?
Ousmane Sonko a officiellement créé son parti politique, Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l'Éthique et la Fraternité (PASTEF) en 2014 alors qu’il était toujours fonctionnaire. Mais, c’est sa radiation, en 2016, qui a contribué à le propulser sur la scène politique.L’année suivante, en 2017, il prend part aux élections législatives et est élu député à l’Assemblée nationale.
Deux ans plus tard, en 2019, Ousmane Sonko présente sa candidature à la magistrature suprême. Il arrive à la troisième place avec 15,76 % de voix. Il est devancé par Macky Sall, le président sortant qui est réélu pour un second mandat et l’ancien Premier ministre Idrissa Seck, président du parti REWMI. Ce dernier a par la suite rejoint la coalition au pouvoir, et est actuellement Président du Conseil Économique, Social et Environnemental.
En janvier 2022, le président du PASTEF est élu maire de Ziguinchor, ville située au Sud du pays.
Pour financer les activités de son parti, M. Sonko opte pour le financement participatif. Sa dernière campagne de levée de fonds lancée mi-janvier, a mobilisé plus de 300 millions de francs CFA en 24 h, une première pour un parti politique au Sénégal.
Aujourd’hui, Ousmane Sonko a annoncé sa candidature pour l’élection présidentielle prévue en 2024 mais sa participation pourrait être compromise.
Ousmane Sonko prendra-t-il part à la prochaine présidentielle ?
Depuis mars 2021, l’homme politique est inculpé pour viols et menaces de mort, à la suite d’une plainte d’une employée d’un salon de massage, Adji Raby Sarr. Il réfute toute accusation de viol et crie au complot.M. Sonko se dit victime d’une tentative de liquidation politique, organisée par le régime en place, pour l’empêcher de se présenter à la présidentielle de 2024.
L’affaire dite <
Convoqué et sur le chemin du tribunal son convoi est bloqué par les forces de l’ordre. Son arrestation et son placement sous garde à vue, a d’ailleurs suscité une vague de violences meurtrières au cours desquelles 14 jeunes ont perdu la vie.
Au cours de ces manifestations de mars 2021, plusieurs enseignes françaises ont été saccagées. Ousmane Sonko est relâché par la suite, puis mis sous contrôle judiciaire.
Photo 4 :
Au Sénégal, le viol est criminalisé depuis 2020. Les auteurs de viol peuvent écoper de peine allant de 10 ans à la perpétuité. Ce qui rendrait Ousmane Sonko inéligible s’il est reconnu coupable.
Aujourd’hui, l’instruction judicaire sur cette affaire est bouclée et la date du procès attendue.
Un autre procès pour diffamation en cours.
Une autre affaire judicaire oppose l’homme politique à Mame Mbaye Niang, ministre sénégalais du Tourisme, qui a porté plainte contre M. Sonko pour diffamation.En effet, Ousmane Sonko avait déclaré au cours d’une conférence de presse que l’ex-ministre de la Jeunesse et de l’emploi a été épinglé par un rapport de l’IGE (l’Inspection générale d’Etat) pour détournement de fonds dans l’affaire dites des 29 milliards de Francs CFA du Programme des Domaines Agricoles Communautaires (PRODAC).
Un rapport dont le ministre conteste l’existence.
Entre temps, M. Sonko est revenu sur ses propos en précisant que le rapport dont il est question est issu de l’inspection Générale des Finances (IGF) plutôt que de l’Inspection Générale d’État (IGE).
Après plusieurs renvois, l’ouverture du procès est fixée au 16 mars 2023. Entre temps, deux autres motifs d’inculpation sont ajoutés à celle de la diffamation par le parquet: injures publiques et faux et usage de faux.
Avec tous ces chefs d’inculpation, sa candidature pourrait être compromise, selon de nombreux observateurs.
Car en cas de condamnation à une peine de six mois, même assortie du sursis, il perdra non seulement sa qualité d’électeur mais aussi son éligibilité conformément à l’alinéa 3 de l’article 29 du code électoral sénégalais.
Ses relations avec la France…
<Depuis ses toutes premières sorties publiques, Ousmane Sonko a toujours affiché des positions antagonistes à l’égard des relations qu’entretiennent la France et le Sénégal.
Dans ses discours, le leader du PASTEF incarne une volonté de changement dans ces rapports entre les deux pays tant au niveau économique, que politique.
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Pourquoi est-il populaire auprès des jeunes ?
Âgé de 48 ans, Ousmane Sonko se veut l’incarnation d’une alternance générationnelle de la classe politique sénégalaise et un nouveau modèle d’homme politique.Il s’exprime plus sur les réseaux sociaux que les médias conventionnels.
Ses dénonciations de fraudes fiscales, ses récurrentes révélations sur les présumées gabegies de l’État et son discours antisystème et nationaliste trouvent écho favorable chez beaucoup de jeunes sénégalais.
Même si ses détracteurs qualifient son discours de populiste, le leader du PASTEF est adulé par une partie d’une jeunesse frustrée par les inégalités économiques et sociales, et qui constitue plus de la moitié de la population sénégalaise.