Actualités of Thursday, 16 February 2017

Source: 237online.com

Classement des lycées: l'Office du Bac aux bancs des accusés

L’Office du baccalauréat du Cameroun (OBC) L’Office du baccalauréat du Cameroun (OBC)

l était attendu. L’Office du baccalauréat du Cameroun (OBC) l’a depuis le 07 février 2017. Le classement des établissements d’enseignement secondaire ayant obtenu les meilleurs taux de réussite au baccalauréat 2016 consacre (une nouvelle fois après 2014-2015 et 2013-2014) la galaxie du privé confessionnel. Le Collège Jean Tabi, le Collège François-Xavier Vogt et le Collège Liberman s’illustrent comme de véritables «boîtes à bac» du pays.

Comme dans un mouchoir de poche, ces établissements se tiennent sur les premières marches du podium, avec respectivement 99.32 %, 98.13 % et 97.65 % de taux de réussite à la session de 2016. Pour parler du classement des lycées, on note que juste deux figurent parmi les 30 meilleurs établissements scolaires 2016 au Cameroun contre quatre au précédent classement. Le lycée bilingue de Mbouda occupe la 28ème place et le Lycée de Bepanda est à la 30ème place.

Atangana et Pascal Essengue. Des enseignants émérites de l’enseignement secondaire public étaient présents sur les ondes de Satellite FM dans l’après-midi du 08 février 2017. Sur le plateau de cette radio de la capitale, ils sont venus «éplucher» le classement récemment rendu public par l’OBC. Dans leurs argumentaires, les uns et les autres se sont félicités de la régularité dans la mise à la disposition de la communauté éducative nationale dudit document. Quelques bémols toutefois.

«Les indicateurs utilisés par l’OBC pour dresser les classements occultent bizarrement ce qui fait la spécificité de chaque établissement». «La diversité des initiatives mises en œuvre par les lycées et collèges du pays, est difficilement quantifiable». «Encore une fois, les aspects purement quantitatifs du classement, ne peuvent mettre en exergue les particularités des établissements». «La question de l’usage et des finalités de la publication de ces classements demeure donc entière».

Ces avis et bien d’autres ont été entendus au cours du débat radiophonique. Selon Dorothée Atangana, «bien que ces classements soient présentés comme un moyen de promouvoir de bonnes pratiques, visant à améliorer les conditions d’études des élèves, l’objectif n’est pas atteint». À l’origine, se souvient-elle, ils avaient été conçus pour assurer plus de transparence en ne limitant pas les données publiques à la course aux 100 % de reçus au baccalauréat en sachant que tous les établissements peuvent y parvenir en se débarrassant de ceux qui risquent d’échouer.

La suite de son propos révèle qu’à travers ses palmarès, l’OBC s’échine tout simplement à réduire la complexité des mécanismes pédagogiques à quelques indicateurs chiffrés. «En tout état de cause, soutient Pascal Essengue, cela ne permet pas aux personnels d’analyser leur travail, de réfléchir collectivement et sans pression à leurs pratiques pour améliorer la réussite des élèves». Toujours dans cette posture critique, Bernard Fonkou estime que «ces palmarès négligent complètement ce qui fait d’un établissement un lieu de vie : organisation du temps scolaire soucieux des rythmes des élèves, vie culturelle et associative favorisée, démocratie lycéenne respectée, place des parents, ouverture sur l’extérieur...»

Pour ce professeur qui revendique plusieurs corrections des épreuves du baccalauréat au Cameroun, le message envoyé avec le palmarès des lycées et collèges ne va pas dans ce sens. «Au contraire, les classements veulent généraliser ce qui ne peut l'être», dit-il, capitalisant sur son expérience d’ancien président de jury de délibération. Et par rapport à cela, il retient que dans les grandes villes, la question éducative est forcément plus sensible qu’ailleurs, car l’offre y est plus variée, la course à la réussite plus vive et les porte-monnaie mieux remplis avec une offre bien installée. Comme pour justifier le «piètre classement» des lycées, Dorothée Atangana prend pour argument le fait que le privé confessionnel est un ensemble de structures aux effectifs conséquents.

«Là-bas, renseigne-t-elle, les professeurs sont appliqués et ont un grand souci de la progression intellectuelle, humaine, et spirituelle de leurs élèves». En plus de défendre une conception des établissements scolaires comme lieux de vie, Dorothée Atangana trouve que «les bons résultats s'expliquent notamment par un travail de soutien personnalisé, et par des relations fortes au sein de ces établissements à taille humaine».

Ces regards, on les a certainement écoutés à l’OBC. Là-bas, la ligne de défense s’articule autour du caractère pratique des classements. «Ce sont juste des éléments de pilotage pour les chefs d'établissement, de réflexion pour les professeurs et équipes de direction et d'appréciation pour les parents d'élèves. Ils peuvent contenir des lacunes. Mais celles-ci ne sont pas à prendre à la lettre», entend-on.