Ceci est une réalité dans le discours de fin de session du président de l’Assemblée nationale (Pan) le 7 juillet dernier.
Ça a tourné casaque dans la ritournelle des clôtures de session du Pan. La surprise, il l’a réservée à la fin de ses propos, jetant nombre de ses collègues, de différents partis politiques présents à l’hémicycle, dans la méditation, chacun pour ce qui le concerne. « Chers collègues, je voudrais relever ici pour et pour le déplorer, certains comportements déviants par lesquels s’illustrent de plus en plus les députés à l’Assemblée nationale. Déficit de camaraderie, culture de l’individualisme, lutte de positionnement, des intrigues à n’en plus finir, croc-en jambe et autres peaux de banane », assène-t-il du haut de la chaire. En clair, Cavaye prend l’opinion publique à témoin sur le fait que les députés se battent de plus en plus non plus pour l’intérêt général mais pour des causes personnelles. « On pourrait croire que les élus de la Nations visent d’autres objectifs que ceux pour lesquels leur présence est requise à l’hémicycle », souligne-t-il à ce propos. On peut à la teneur lexicale reconnaître que la représentation nationale est en situation, surtout quand une description aussi préoccupante vient de la bouche la plus autorisée. Pour autant, on ne peut s’empêcher de s’interroger davantage quand le natif de Mada parle des ambitions de ses collègues au sein de l’hémicycle. « Il est légitime d’avoir des ambitions personnelles. Pourvu que la démarche pour y parvenir ne vienne point hypothéquer ainsi que le bon fonctionnement d’une grande et prestigieuse institution comme la nôtre », lance-t-il subrepticement comme pour mettre en garde certains députés qui tiendraient des agendas cachés. Il y aurait-il des élus du peuple impatients de s’emparer du perchoir ? Si tel n’était pas le cas, pourquoi perlerait-il des ambitions personnelles ? À ce sujet, ce ne serait pas seulement le poste de Cavaye qui serait ouvertement convoité, mais aussi les postes lucratifs du bureau ou de la présidence des commissions. Avant que n’arrive le mois de mars 2024, où le Bureau sera réélu, la lutte est de toute évidence féroce au sein des officines ou des partis politiques.
Guerres souterraines de positionnement
A la session dernière, un pan de voile avait été déjà soulevé sur les batailles pour la quête du poste de questeur entre le Sdf et le Pcrn. Ceci n’occulte en rien la dimension des guerres souterraines de positionnement au sein du Rdpc qui affiche au compteur 162 sièges sur les 180 disponibles. A côté de ceci, douze sièges sont vacants au sein de l’hémicycle, une chose inédite au sein de la Chambre basse du parlement qui attend toujours l’organisation des élections partielles à cet effet. Cavaye, par sa sortie devrait donc attirer l’attention de la présidence de la République de combler au plus vite ce vide qui handicape, qu’on le veuille pas, la représentation de certains départements du pays. Pour finir, le Pan appelle ses collègues empressés de monter plus haut, de mettre un bémol à leur engagement. Il leur rappelle que « demain, nous serons ce que nous serons. Mais aujourd’hui, soyons d’abord ce que nous sommes ». Cinglant ! Un peu comme pour titiller et, pourquoi pas, moquer les ambitions à ses yeux démesurées de ces collègues, il leur rappelle de ne pas oublier que le temps de Dieu est le meilleur. « Ne l’oublions pas : God’s time is the best. A bon entendeur salut », soupire-t-il à la fin.