Douala. Ils ont fermé les boutiques vendredi 25 août pour manifester contre les « extorsions » des agents de la délégation régionale du Commerce.
Les commerçants du Camp Yabassi à Douala sont en colère. Les occupants de cet espace spécialisé dans la vente des pièces détachées de véhicules ont observé un mouvement d’humeur vendredi 25 août 2023. Ils ont fermé boutique pour protester contre ce qu’ils qualifient d’extorsion de fonds de la part des agents de la délégation régionale du Commerce du Littoral. La tension est montée d’un cran après l’interpellation d’un des leurs la veille, jeudi. Cajetan Igwebe a été bastonné, puis placé en garde à vue dans les cellules de la brigade territoriale de NewBell. Il a ensuite été déféré au parquet. A en croire les commerçants qui exercent dans cet espace, à majorité des Nigérians, des agents de la délégation régionale du Commerce collectent régulièrement de fortes sommes d’argent auprès des vendeurs. Seulement, les marchands disent ne pas savoir de quelle taxe il s’agit et ne reçoivent aucun reçu en retour. Pire, ils voient leurs boutiques scellées s’ils ne s’acquittent pas des sommes exigées. « Le délégué demande de lui donner l’argent en main propre. Les boutiques qui ne donnent pas cet argent sont scellées. Pour les impôts, nous savons ce que nous devons payer. Nous n’avons plus aucune tracasserie de ce côté-là. Pour le Commerce, nous ne savons pas la taxe qu’ils collectent. On veut que l’Etat nous montre un compte pour verser l’argent du Commerce. S’il y a des pénalités, on verse là-bas et on garde les reçus. Ils nous ont déjà pris autant d’argent », déplore Christopher Lenu, le président de l’association des commerçants du Camp Yabassi. Il estime à plus de huit cent millions de F. Cfa le montant reversé ainsi chaque année aux agents du Commerce, sans traçabilité. Les vendeurs de pièces détachées relèvent en outre que les détenteurs d’agréments d’importation n’échappent pas à cette opération. Plaintes Les commerçants en colère indiquent, décharges à l’appui, qu’ils ont fait part de cette situation au gouverneur de la région du Littoral, au préfet du département du Wouri. Une missive intitulée « demande d’arbitrage commerçants Camp Yabassi » a également été déposée le 22 août 2023 auprès des ministères du Commerce, de la Défense, chez le Sgpr, à la Primature, à la présidence de la République. Les réactions restent attendues. « L’Etat demande de payer en ligne. Que l’argent ne passe plus par les mains d’individus. Depuis 2021, nous voulons que le délégué du Commerce nous montre les caisses du Trésor public où on versera de l’argent. Nous ne voulons plus qu’on passe tout le temps au marché pour collecter des sous», se plaint un commerçant camerounais en activité au Camp Yabassi. Pour le délégué régional du Commerce du Littoral, il s’agit de faire respecter la loi. Simon Belinga Ombga relève d’entrée de jeu qu’en tant qu’étranger, il faut une autorisation spéciale signée du ministre du Commerce, celle qu’on appelle agrément à l’exercice de l’activité commerciale pour les étrangers. Pour la vente des motos et les pièces détachées comme c’est le cas au Camp Yabassi, le délégué rappelle que la loi demande que tous les importateurs des motos et de leurs pièces détachées obtiennent au préalable une autorisation spéciale du ministre du Commerce. Il s’agit de l’agrément à l’importation des motos et de leurs pièces détachées. « Nous leur avons demandé chacun de payer son amende au niveau de nos régies de recettes. Chaque assujetti vient déposer la somme qui lui est réclamé auprès du régisseur du commerce. C’est à partir de l’amende qui vous a été infligée que vous avez votre quittance après paiement. Nous ne sommes pas une structure de collecte d’argent. La proposition de venir collecter et reverser ne donne pas », soutient le délégué. Simon Belinga Ombga affirme que depuis 2021, « cette communauté sœur n’a pas payé 5 francs Cfa auprès de la délégation du Commerce ». Il note que des rencontres à l’effet de s’accorder sur les contrôles et le paiement des amendes ont plusieurs fois été organisées. Il déplore en outre les bris des scellés par les commerçants, sans autorisation. Pour lui, un des commerçants a brisé un scellé et conformément à la loi, il a été interpellé. C’est ce qui crée cette tension au sein des commerçants, pense le délégué.