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Source: www.camerounweb.com

Comment Adamou Ndam Njoya a trahi le peuple camerounais le 13 novembre 1991 !

Adamou Ndam Njoya Adamou Ndam Njoya

Le 13 novembre 1991, Adamou Ndam Njoya, figure de l'opposition camerounaise, signe un accord mettant fin aux "Villes mortes", un mouvement de contestation qui paralysait le pays depuis plusieurs mois. Cette décision, prise contre l'avis des opposants "radicaux", aurait permis au régime de Paul Biya de se maintenir au pouvoir alors qu'il était fragilisé. L'article retrace les événements ayant conduit à cette signature et analyse ses conséquences sur la vie politique camerounaise.

Comment Adamou Ndam Njoya a trahi le peuple camerounais le 13 novembre 1991 !

Fabien Eboussi Balouga, le très grand philosophe camerounais, dit quelque chose de fondamental dans son ouvrage intitulé « La démocratie de transit au Cameroun » : « L’amnésie est une maladie qui enferme dans une incohérence répétitive, prive des bienfaits de l’expérience cumulative ». Comme pour dire, les peuples qui négligent leur passé, sont condamnés à reproduire les mêmes erreurs.
Nous sommes au début des années 1990, la rue camerounaise, avec pour points d’orgue : les arrestations et les condamnations en février-mars de Me Yondo Black, Anicet Ekane, Henriette Ekwe, Albert Mukong, Djeukam Tchameni, Tatah Mentan, Hansel Eyoh Ndumbe, Ntemfack Ofege, George Tanni et Consorts pour leur participation ou leur soutien à des réunions en vue de la création d’un parti politique et le retour du multipartisme, interdit de fait au Cameroun depuis 1962 ; ainsi que le lancement du SDF le 26 mai 1990 à Bamenda, avec à la clé 06 morts « piétinés par balles ».
Face au mépris et à l’entêtement du régime, les opposants durcissent le ton et revendiquent désormais la « Conférence nationale souveraine » comme cela s’est passé au Benin ou encore au Congo Brazzaville ; ceci devant déboucher sur le départ pure et simple du régime de Paul Biya.
Pour cela, une plateforme des forces d’opposition et de la société civile est mise sur pieds : l’Alliance pour la Reconstruction du Cameroun à travers la Conférence nationale Souveraine (ARC-CNS).
C’est sur ces entrefaites que le 1er avril 1991, Mboua Massock inventera les « Villes mortes », en demandant, par des tracts qu’il fait déverser dans la ville, aux populations de Douala de rester chez elles les jeudi 18 et Vendredi 19 Avril 1991. L’opération est un énorme succès. Elle est ainsi étendue à l’ensemble du pays les 7,8,9,10 mai 1991, et est désormais baptisée « Villes mortes-Pays mort », qui est très largement suivie pendant près de 6 mois dans 7 provinces sur 10, encore que dans les provinces du Centre, Sud et Est, l’on connait un grand ralentissement des activités.
Résultat des courses : l’économie est paralysée, les recettes douanières et fiscales sont quasi-nulles, les caisses de l’État sont vides. Grosso modo, le régime est plus que dos au mur, surtout que ses soutiens internationaux, notamment la France, lui font pression pour une dépressurisation sociale et politique au Cameroun.
Malgré cela, Paul Biya résiste, comme à son habitude, et déclarera à l’assemblée le 27 juin 1991, dans une formule restée légendaire : « La conférence nationale est sans objet ».
En lieu et place, dans une autre allocution du 11 octobre 1991, il va plutôt annoncer la tenue de la « Tripartie » du 30 octobre au 17 novembre 1991, sous la houlette du Premier Ministre, Sadou Hayatou, ceci dans le but d’une décrispation de la société camerounaise au bord de la rupture.
Première trahison d’Adamou Ndam Njoya, la participation à la « Tripartite »
Face à cet autre acte de défiance et de mépris de Paul Biya, les opposants, réunis au sein de la « coordination des forces d’opposition et des associations », décidera à l’unanimité lors d’une de ses assises de Nkongsamba de ne pas prendre part à ce raout, qui avait tout l’air d’un piège.
Mais une fois sorti de la salle, Adamou Ndam Njoya, qui, rappelons-le, a toujours été très proche de Jen Fochivé qui apparaissait à bien des égards comme son parrain après le décès de son père Njoya Arouna, va décider d’y participer. Lors des réunions suivantes de la « coordination », il va s’essayer, à coup de juridisme et de scientisme (il aimait bien jouer le « Docteur), de convaincre l’aile « dure » au prétexte qu’ils n’avaient rien à perdre en y allant. Ce qui va s’avérer très faux après !
Il va alors instiller le virus de la suspicion au sein de la « coordination », et au fil des jours de de discussions des suspicions vont naitre de part et d’autre. Au finish, la « coordination » va se retrouver à aller à la « Tripartite » en rangs dispersés. Avec le résultat qu’on connait.
Trahison finale d’Adamou Ndam Njoya : le 13 novembre 1991 !
Bien qu’ils soient finalement allés à la « Tripartite », l’on assistera à un éclatement de la « Coordination » en ailes « modérée » et « radicale ».
Les « radicaux », à l’instar de Ni John Fru Ndi, vont décider de claquer la porte de la « Tripartite » le 09 novembre 1991, estimant, à raison que le régime de Yaoundé ne faisait aucune concession de fond quant à la démocratie. Car, le débat sur la modification de la constitution avait été exclu des échanges, tandis qu’en lieu et place d’un « nouveau code électoral », le texte électoral adopté plus tard par l’Assemblée nationale, lors d’une session extraordinaire débutée le 05 décembre 1991, sera restreint aux seules « conditions d’élection des députés à l’Assemblée nationale ». Bien plus encore, contrairement au caractère « contraignant » et « souverain » des résolutions de la « Tripartite » qui avait été promis tant par le président de la République dans son discours du 11 octobre 1991, que le premier Ministre dans son allocution d’ouverture du 30 octobre 1991, les actes des travaux de ces assises du Palais des congrès de Yaoundé resteront pour l’essentiel « consultatifs ».
En dépit de tous ces griefs évidents, les « modérés » sous la conduite d’Adamou Ndam Njoya, vont choisir de poursuivre les discussions, qui n’étaient en fait qu’un monologue du régime. C’est ainsi qu’il va signer la « Déclaration du 13 novembre 1991 » mettant fin aux « villes mortes », alors qu’il n’en a jamais été l’initiateur ou tout au moins l’instigateur.
C’est à partir de ce 13 novembre 1991, que le régime du président Paul Biya, qui était pratiquement à la porte de sortie, va se relever et se maintenir indéfiniment, jusqu’à présent.
Il faut dire qu’Adamou Ndam Njoya a sauvé la mise à Paul Biya au moins trois fois :
- En novembre 1991, en mettant fin aux « Villes mortes ».
- En octobre 1992, en contribuant fortement à la dispersion des voix de l’opposition. Il est à noter qu’officiellement, Ni John Fru Ndi avait obtenu 35,97%., Paul Biya, 39,98%., tandis que Ndam Njoya avait 3,62%. A vous de voir, même par simple arithmétique officielle !
- Depuis 1997, en crédibilisant toutes les élections présidentielles, qu’il ne conteste pratiquement jamais devant le juge électoral.
C’est en récompense de cela que le régime a fait cadeau du Noun à l’UDC !
Et cet héritage de trahison permanente du peuple camerounais que son épouse, Patricia Tomaïno, est en train de perpétuer. D’où sa récente sortie sur les ondes de « La Voix de l’Amérique » où elle s’oppose contre toute idée de coalition de l’opposition !

P.S : Dans une prochaine publication, je vous expliquerai comment les soi-disant opposants, au travers des mariages de leurs enfants avec ceux des pontes du régime, travaillent à maintenir le statu quo après le départ de Paul Biya ; là où le peuple naïf et manipulé, n’y voit qu’une affaire de sentiments.