C’est un Akéré Tabeng Muna apparemment sûr de sa force qui s’est présenté mercredi dernier devant la presse nationale et internationale. En son domicile, sis au quartier Bastos à Yaoundé, ce candidat déclaré à la l’élection présidentielle de 2018, a dévoilé quelques ressorts de sa stratégie pour succéder à Paul Biya.
Conscient que la route d’Etoudi est parsemée d’embuches de toutes sortes, cet avocat chevronné de 65 ans, se dit capable de venir à bout «du système» qui, à travers notamment le Code électoral, offre peu de chances pour une alternance politique.
L’ancien vice-président de Transparency International mise sur le fait que cette loi ne «codifie pas la volonté du peuple camerounais», y compris celui du Septentrion où il entend faire le plein de voix. Pari irréaliste. Dégainent des érudits du Grand-Nord qui évoquent la solide étreinte de Paul Biya sur cette partie du pays. Faux. Rétorque l’ancien bâtonnier qui dénonce «un mythe cultivé». Selon lui, «le peuple camerounais qui n’a jamais élu un président au premier mandat est disposé à le faire».
L’ancien président du Conseil économique, social et culturel de l’Union africaine (Ecosocc) veut séduire surtout les femmes et conquérir les jeunes très nombreux dans le plus grand bassin électoral. Avec plus de deux millions d’électeurs, soit près de la moitié du total des votants de l’élection présidentielle de 2011 - qui était estimée par Elections Cameroon (Elecam) à 4 951 434, le Grand-Nord apparait de fait comme la clé qui ouvre les portes du palais de l’Unité.
Quel parti pour porter son ambition présidentielle ? Akéré Muna soutient que «la voie d’une candidature indépendante est périlleuse», mais l’identité du parti politique sous la bannière de laquelle il se présentera effectivement sera dévoilée «en temps utile». Cependant, il se dit prêt à s’effacer pour faire la place à une candidature tractée par une dynamique de changement véritable et en phase avec les idées qu’il défend.
Autrement dit, celui qui s’est d’ores et déjà délesté de la plupart de ses responsabilités dans des institutions internationales «pour éviter tout conflit d’intérêt», ne ferme pas la porte à un désistement. Mais au profit de qui ? Probablement pas à celui du champion de l’opposition, puisque Akéré Muna se dit «proposant et non opposant».
Une posture qui fait dire à certains qu’il est «le cheval de Troie de Paul Biya pour torpiller l’opposition et crédibiliser en même temps la prochaine présidentielle ». Sans renier ses relations d’hier avec le chef de l’Etat, l’ex-commissaire aux comptes de la Banque africaine de développement (BAD) affirme ne pas être «prisonnier du président Paul Biya qui lui-même ne s’est pas senti celui du président Ahidjo». Visiblement agacé par le procès pour délit de patronyme qui lui est «systématiquement fait», Akéré Muna indique «assumer l’héritage de son père, mais aimerais être jugé pour ses propres actes».
Relativement à son programme (encore en préparation avec un comité d’experts), l’impétrant à la magistrature suprême révèle qu’il sera assis sur trois piliers : l’éducation, la justice et la santé. Et l’économie dans tout cela ? Pour le candidat, «en créant un climat des affaires favorable, avec une sécurité judiciaire, nous allons régler beaucoup de problèmes dans ce domaine en favorisant les investissements».
Sur un tout autre terrain, Akeré Muna affirme qu’il travaillera à ce que «nous soyons reconciliés avec notre histoire. (…) Il n’est pas normal qu’il y ait une loi d’amnistie et que les gens ne soient pas restaurés dans leurs droits, que la dépouille du premier président du Cameroun soit encore à l’étranger, que nos rues ne portent les noms des héros de l’indépendance», explique-t-il.
S’il se dit affecté par la situation dans le Nord-Ouest et le Sud- Ouest, Akéré Muna soutient être pour le fédéralisme et propose une réflexion sur la question.