Ce numéro du magazine Au Coeur de l'Actu de BBC Afrique nous mène dans un long périple en République démocratique du Congo (RDC), au Gabon, au Cameroun et au Burkina Faso pour découvrir l’impact du coût élevé de la vie sur la vie des citoyens du continent.
Comme vous l’avez compris, la cherté de la vie à l’échelle continentale est le thème central de ce numéro de votre magazine Au Cœur de l’Actu, une suite de notre série de magazines dédiés aux actualités qui ont marqué l’année 2022.
Les opérateurs économiques dictent leur loi en RDC
En République démocratique du Congo, le taux d’inflation s’était établi à 5,3 % en juin 2022.Des chiffres avancés par l’Institut national de la statistique et forcément cela se ressent dans le panier de la ménagère, constate notre correspondante à Kinshasa, Pamela Amunezo.
Au marché Gambela, l’un des grands marchés de la ville de Kinshasa, dit-elle, les prix des produits surgelés tels que les poissons chinchards. Les côtes de porcs ou encore le poulet, ont augmentés de 10 % minimum.
Le carton de poisson qui coûtait 120 000 francs congolais, soit 60 dollars US, revient à 140 000 francs congolais, 72 dollars.
Sur place, les vendeurs et vendeuses de ce marché sont dans le désarroi. Ils ne comprennent pas pourquoi les prix n’ont pas baissé, malgré l’accord entre le gouvernement congolais et les opérateurs économiques.
Il y a le tableau des prix. Vous avez vu le prix des chinchards, le prix des poulets. Tout ce qu’on vend dans ces chambres froides, il n’y a pas de prix fixé par le gouvernement congolais. Il n’y en a pas", renseigne un homme interrogé à ce sujet.
"Depuis que le président avait décidé un weekend de baisser les prix d’un carton de poulets à 10 dollars US, la semaine qui a suivi cette annonce, le prix du carton est passé à 50 000 francs congolais, soit 25 dollars", explique une femme en pleine activité au coeur du marché.
Après plusieurs mois de négociations, les autorités congolaises avaient reçu l’engagement des opérateurs économiques étrangers de vendre les produits surgelés entre 15 et 17 dollars US le carton de 10 kilos.
Mais sur le terrain, la réalité est tout autre. Face à cette résistance, elles disent mettre en place d’autres mécanismes afin que le pays ne dépende plus d’eux.
Au Gabon aussi les prix s'envolent
En novembre dernier, les prix des denrées de première nécessité avaient également augmenté, voire doublé.D’ailleurs, selon le classement des villes les plus chères au monde, une étude réalisée par le cabinet américain Mercy Human Consulting, Libreville occupe la 21e place.
Notre correspondant au Gabon Charles Stéphane Mavungu explique la manière dont les Gabonais vivent ce niveau d’inflation élevé.
"Plusieurs produits ont connu une hausse sur le marché. Il s’agit précisément des produits de première nécessité par exemple, du carton de poulets, qui récemment avait une valeur de 7 500 FCFA, mais qui est vendu aujourd’hui à 8 500 FCFA. Le bidon d’huile de 5 litres est passé de 4 500 FCFA à 6 000 FCFA, voire plus de 10 000 FCFA pour l’huile d’olive notamment, à Libreville", explique Mavungu.
Selon lui, cette situation est "un peu difficile pour les ménages des Gabonais considérés comme économiquement faibles".
"Certains d’entre eux, vont devoir malheureusement changer leurs habitudes. Ce qui est constaté d’ailleurs. Certains ont fait le choix de consommer moins de volaille, de viande ou de poisson dont les prix sont jugés trop élevés. Certains autres ont fait le choix de s’approvisionner chez des revendeurs installés près de leur domicile. Cette proximité permet de bénéficier de certains avantages comme les achats à crédits", affirme-t-il.
Interpelé sur ce que fait l’Etat pour soulager les familles, Charles Stéphane Mavungu sert cette réponse :
"Le gouvernement a régulièrement communiqué pour rassurer les ménages sur la maitrise des prix, des brigades de contrôle de la Direction générale de la consommation et de la concurrence improvisent même des inspections dans les boutiques."
Sans transition, les pays comme l’Egypte, le Soudan, le Nigéria ou encore l’Afrique du Sud, à l’instar de nombreux pays du continent dépendent de l’Occident pour s’approvisionner en blé.
La preuve, la facture des importations des produits agricoles pour les pays africains est établie à 4 milliards de dollars en 2020, selon l’ONU. Les 90 % représentent le blé.
Des chiffres qui nous emmènent à savoir pourquoi nous ne consommons pas ce que nous produisons. Apparemment, les produits made in Africa sont plus chers que ceux importés.
C’est le cas au Cameroun où les céréales locales sont hors de prix pour les consommateurs, nous avait dit en juin 2022 notre correspondant à Yaoundé, Jean-Charles Bioella.
Le riz local plus cher au Cameroun que le riz importé
"On ne peut pas fabriquer un truc dans notre pays et c’est nous les consommateurs qui achetons encore ce produit cher !", se lamente une femme dans le micro-trottoir réalisé par notre correspondant à Yaoundé.Le constat est généralisé dans le pays. Le made in Cameroun est inaccessible pour les ménages à revenue moyenne. Les produits fabriqués localement coûtent parfois plus chers que ceux importés.
Les denrées de première nécessité comme les céréales sont aussi concernées par cette cherté. Le Cameroun cultive le riz dans plusieurs localités du pays.
Mais ce riz, nourriture de base, pour la plupart des ménages coûte cher. Ce que déplorent ces consommateurs rencontrés dans les riz de Yaoundé.
"Le riz qui est cultivé ici chez nous est de bonne qualité mais il est cher. Et nous ne pouvons prendre que nous trouvons sur le marché."
Sur le marché local, le riz importé dicte sa loi. Le sac de 50 kg, produit importé, oscille en 20 et 23 000 FCFA, en fonction du type et de la qualité du riz. Or, celui produit à Yagoua, à Ndop, à Mada ou à Foumban oscille entre 45 et 47 000 FCFA.
Une récente étude des Nations unies démontre qu’une hausse de 10 % des denrées alimentaires entraine systématiquement une baisse de 5 % des revenus des familles démunies. Les pays avec des revenus modestes sont les plus vulnérables.
Une bonne transition pour faire cap sur le Burkina Faso.
Réduire au maximum les dépenses au Burkina
En juillet 2022, le taux d’inflation s’était établi à 18,2 %, selon l’Institut burkinabé de la statistique.Nous allons découvrir comment les hommes intègres, avec des revenus modestes, gèrent au quotidien la cherté de la vie dans ce micro-trottoir de notre correspondant sur place, Simon Gongo.
"Je pense que déjà c’est compliqué de dire qu’on va atteindre la fin du mois avec les salaires qu’on a parce que d’déjà c’est quoi ? Ce qu’on gagne comme mensuel ne peut quand même pas tout couvrir en fait parce que c’est assez compliqué d’atteindre même le 15 du mois", confesse un homme.
"Mais ces derniers moments, j’ai eu parfois du mal à joindre une fin de mois à une autre. J’ai dû opérer des changements. Réduire le prix par exemple qui était réservé à la viande et/ou au poisson. Comme les revenus n’ont pas augmenté et les produits de première nécessité ont augmenté, on essaie de minimiser les dépenses au maximum, de laisser tomber ce qui n’est pas essentiel, de couper ailleurs pour venir compléter surtout au niveau de la popote et autres choses", explique une femme interrogée sur la question.
Alors, quelles sont les causes endogènes et exogènes du niveau d’inflation pour l’année 2022 ? Va-t-elle perdurer ? Comment nos gouvernements doivent-ils s’organiser pour soulager les populations ?
On est vulnérable face à l’inflation :
1- Lorsque ce que l’on consomme, on ne le produit pas.
2- Le deuxième élément de vulnérabilité, lorsqu’on a une capacité d’acquisition des biens qui est faible en temps normal.
Il y a autre chose aussi et là c’est au niveau macro, les pays qui ont des politiques budgétaires qui ne sont pas disciplinés, des pays qui ont également un endettement fort sont des pays qui sont très vulnérables à l’inflation.
Alors pendant combien de temps les gens devront encore se serrer la ceinture pour faire face à cette inflation généralisée ?
Personne ne peut prévoir avec certitude ce qui va se passer dans les mois à venir.
Pour ce qui concerne spécifiquement le continent africain, je pense que d’abord sortir de la dépendance d’un certain nombre de produits, notamment le blé ; encourager la production locale dès maintenant, notamment la production locale de farine et encourager une dynamique de production des biens les plus importants pour la consommation quotidienne des ménages.
Et après cela, je pense qu’il faut aussi au niveau de chaque pays, trouver des moyens de mettre en place des projets de types kiné sociaux pour accompagner les ménages les plus vulnérables.