Comment manger africain quand on se retrouve à des milliers de kilomètres de Yaoundé, Dakar, Kinshasa où Libreville ? Les expériences sont nombreuses et les témoignages aussi.
Une fois en Europe, aux Etats-Unis ou au Canada, de nombreux africains sont confrontés à la dure réalité de la cuisine occidentale. Adieu les petits plats et autres recettes qui ont bercé l’enfance des uns et des autres.
Edmond Benoit Sadio, Sénégalais installé à Montréal est propriétaire d’un restaurant appelé «Diolo Traiteur». Créé en 2008, il propose différents plats africains qu’il associe aux mets sénégalais. Cet ingénieur en logistique et transports à la base, a muri l’idée d’ouvrir un restaurant africain lors de son arrivée à Québec après avoir constaté qu’autour de lui beaucoup mangeaient mal, côté africain.
«Il fallait que je me désigne comme ambassadeur pour vendre éventuellement la nourriture de mon pays aux gens d’ici puis à ceux qui n’avaient pas assez de temps, ni la connaissance pour faire certains plats. Et si la cuisine africaine te rattrape dans le temps, tu peux même tomber malade parce que si pendant au moins un an tu manges pas un plat de Thiéboudienne du fait que tu es en voyage il y a problème » fait remarquer le cuisinier.
Après avoir trouvé ses marques, Edmond Benoit Sadio offre aujourd’hui ses services à une large communauté africaine qui vont de l’organisation des mariages en passant par des baptêmes et autres cérémonies de réjouissance.
Dès le début, les choses s’emballent pour le restaurant « Diolo Traiteur » qui se verra confier par le théâtre national du Canada son premier gros marché. C’est-à-dire assurer la restauration de 400 personnes.
« Ce qu’ils apprécient c’est la saveur, le goût, en d’autres termes l’authenticité de la cuisine africaine y compris le côté sans gluten de nos mets car il y a de nombreuses personnes aujourd’hui qui ne mangent plus cela donc elle est un peu bio. En ce sens que les produits utilisés dans la cuisine sont importés et naturels. » se réjouit le promoteur.
A des kilomètres du Canada, les expériences sont pratiquement les mêmes pour les ressortissants du continent. Charles, né au Cameroun et vivant dans le canton du Vallet dans la ville de Sion en Suisse, fait savoir qu'il est bien plus facile de trouver la cuisine originaire de l’Afrique de l’Est que celle venue de son pays natal.
En revanche pour Anabelle, l’expérience est toute autre puisque basée à Bruxelles, il est plus facile pour elle de se procurer des produits de son pays natal le Cameroun pour préparer les plats jadis consommés dans son enfance auprès de sa famille.
En effet, la capitale belge regorge en son sein plusieurs commerçants qui proposent une multitude de produits indispensables notamment, des macabos, taros, plantains, crevettes séchées ou encore l’huile rouge pour réaliser des plats typiquement camerounais.
Cependant, à y regarder de près les choses ne semblent pas faciles pour se procurer les ingrédients devant servir à la préparation d’un mets africain.
«Il faut une certaine hygiène pour faire entrer ces produits. Moi, j’ai un permis pour importer les ingrédients et autres produits alimentaires qui m’aide à dédouaner facilement tout ce que je commande. Je m’assure que ces produits sont de bonne qualité. Aussi, je commande de grosses quantités pour amortir les coûts afin d’avoir tout ce dont j’ai besoin en réserve pendant au moins deux ans», insiste Edmond Benoit Sadio.
De Montréal à la Suisse en passant par la Belgique, la cuisine africaine connaît un grand succès. Il faut toutefois s’armer d’un peu d’ingéniosité pour avoir ces produits et surtout satisfaire une clientèle de plus en plus exigeante et variée.