Actualités of Sunday, 29 October 2023

Source: www.bbc.com

Comment stimuler la consommation locale en Afrique de l’Ouest

Des produits alimentaires Des produits alimentaires

Le mois d'octobre, dédié au consommer local par l’Union économique et monétaire ouest-africain (UEMOA), tire à sa fin.

Au Togo et au Bénin, les entrepreneurs et les autorités profitent de ce mois pour mettre en valeur la production locale et réfléchir sur les solutions à une meilleure vulgarisation.

Dans les huit pays de l'Union, les entrepreneurs et les autorités profitent de ce mois pour mettre en valeur la production locale et réfléchir sur les solutions à une meilleure vulgarisation.

Sur l’esplanade du Palais des congrès de Cotonou au Bénin, une centaine d'exposants occupent des stands achalandés d'une variété de produits agroalimentaires, Textile, cosmétiques, mobilier, artisanat ou encore matériaux de construction. Les visiteurs ont un large choix de produits made in Bénin.

Dans son stand, Henriette propose des assaisonnements et des condiments transformés. « Nous faisons la promotion d’aliments riches en fibres et en nutriments essentiels. Et aujourd’hui notamment, on présente la farine mixe pâtisserie qui est une farine qui va vous permettre de faire de la bouillie, des crêpes, du gâteau pour des goûters sains », a-t-elle indiqué.

Avec intérêt, les clients parcourent les stands, surpris par la transformation de certains produits. « Ça me permet de découvrir de nouvelles variétés. J’ai aimé découvrir le vin d’hibiscus », a confié une visiteuse, émerveillée par les produits qu’elle découvre.

Le fonio à la conquête des Béninois

Le fonio, céréale qui est cultivée en Afrique de l’Ouest depuis plus de 5 000 ans, est bourré de nutriments et de vitamines, sans gluten.

Bilikis Latoundji, productrice de fonio au Bénin, participe à ces foires pour valoriser ce produit local principalement consommé dans la région de l’Atacora, au nord-ouest du pays.

En dehors de cette contrée, ils ne sont pas nombreux les Béninois qui connaissent les vertus du fonio.

« Nous avons décidé de mettre la lumière sur cette céréale afin que beaucoup d’Africains puissent en profiter », a confié celle qu’on appelle dans le pays « docteur fonio ».

Des collations et des plats à base de fonio, c’est ce qu’elle propose aux consommateurs.

Le Directeur adjoint de Cabinet de la ministre du Commerce du Bénin montre sa satisfaction par rapport aux retombées 4 ans après l’institution du mois de la consommation locale. « Nous avons aujourd’hui des produits consommés par des consommateurs qui ne s’intéressaient pas à ce type de produits. Ils trouvent que c’est des substituts aux produits importés », a-t-il déclaré.

Après Cotonou, 5 autres villes du Bénin accueillent des foires sur les produits locaux avec environ 300 forains.

Engouement autour de l’initiative au Togo

Au Centre togolais des expositions et foires Togo 2000, l’ambiance est plutôt festive depuis le début de ce mois d’octobre.

« Quelles stratégies pour stimuler la consommation des biens et services locaux dans l’espace UEMOA ? », c’est le thème retenu cette année pour célébrer les produits locaux au Togo.

Pour Mme Rose Kayi Mivedor, le ministre du Commerce et de la Consommation locale, cette initiative permet aux entrepreneurs locaux de valoriser leurs entreprises.

« On a noté l’effectif grandissant des entrepreneurs dont les chiffres d’affaires ont connu une augmentation qui oscille entre 20 et 40% en 2022 par rapport à 2019 », affirme-t-elle.

Elle relève les mesures prises par le gouvernement pour amener les opérateurs à réserver une place de choix aux produits locaux.

« Nous avons les grandes surfaces de distribution et de vente qui ont dédié des rayons entiers aux produits locaux », ajoute-t-elle.

Cependant, la faible disponibilité des produits locaux, les coûts des facteurs de production qui sont excessivement élevés, le niveau de la qualité à améliorer et les exportations frauduleuses sont des défis qui réduisent les efforts.

Pourquoi le consommer local est important

Le consommer local comporte évidemment beaucoup d’avantages. Le premier est économique. Il s’agit d’une réelle opportunité pour le producteur, qui sécurise son modèle économique, pour le consommateur, qui profite souvent de meilleurs prix et d'une traçabilité du produit, mais aussi pour le territoire concerné.

Il peut être un moyen de réduire le déficit de la balance des paiements de nos pays et leur dépendance aux chocs exogènes liés aux conflits ou aux pandémies.

En effet, la guerre entre l'Ukraine et la Russie a mis en exergue la dépendance de certains pays au blé ukrainien et la Covid 19, à cause des restrictions sur le frêt, a causé des pénuries de certains produits sur nos marchés.

Un autre avantage crucial du consommer local est, qu'en privilégiant un circuit court de production et de consommation, il permet de réduire l'empreinte carbone et lutter contre le changement climatique.

Les défis du passage à l’échelle

Même si tout le monde semble s’accorder sur l’importance des campagnes en faveur du consommer local, pour être efficaces il faut qu’elles soient intégrées dans de véritables politiques agricoles et industrielles au niveau de chaque pays et ensuite au niveau sous'régional.

Ces politiques permettront de produire des biens simples mais de qualité et surtout accessibles aux populations.

L'Afrique est le marché de consommation qui va certainement connaître la plus grande croissance en termes de taille si on se base sur les indicateurs démographiques.

Tata Ametoenyenou, le président de l’Organisation d’appui à la démocratie et au développement local (OADEL) au Togo propose quelques pistes pour stimuler la consommation des produits locaux.

« Il faut soutenir le secteur de la production agroalimentaire », a-t-il souligné d’abord, avant d’ajouter : « Aujourd'hui, la plupart des unités de transformation qui œuvrent dans la transformation agricole locale sont de petites unités de transformation. Ces petites unités-là n'ont pas suffisamment de moyens financiers pour acheter des équipements pour payer la matière première agricole, les stocker et pouvoir les transformer à grande échelle. Donc ça, c'est un problème qu'il faut résoudre ».

La petite quantité envoyée par les producteurs sur le marché ne reste que dans les coins de la ville. « C'est ça qui fait que les produits locaux n'arrivent pas à être très pesants sur l'ensemble des marchés de nos pays, voire dans la sous-région », a-t-il expliqué ensuite.

Pour lui, il faut continuer la sensibilisation sur la nécessité de consommer les produits locaux auprès des consommateurs.

Au Togo, le gouvernement a mis en place une politique pour faciliter l’accès des produits locaux, à les vendre à des prix compétitifs avec des normes et des standards de qualité pour satisfaire aux besoins des consommateurs.

Le déploiement d’une stratégie d’industrialisation, le soutien au renforcement de la production, l’opérationnalisation de l’organe qui s’occupe de tout ce qui est normalisation et qualité, l’accélération du processus de certification de 50 produits togolais et l’actualisation de la stratégie de la promotion de la consommation locale sont quelques-unes de ces stratégies.

L'objectif est qu'elles produisent un effet bascule vers un changement systémique en faveur de la consommation locale.