Pour lutter contre les détournements des deniers publics dans son pays, Paul Biya a mis en place, le Tribunal Criminel Spécial dont la mission est de traquer et juger les auteurs de crimes financiers qui portent sur des montants qui dépassent 50 millions de francs CFA. Plusieurs proches collaborateurs se sont ainsi retrouvés sous les verrous. C'est le cas de l'ancien ministre des dépenses Edgar Mebe Ngo'o considéré dans le sérail comme un candidat sérieux à la succession de Paul Biya.
Malgré toutes ces actions fortes posées par le chef de l’Etat, la corruption reste en vogue au plus haut sommet de l’Etat. C’est d’ailleurs ce qui a poussé le journaliste Jean Bruno Tagne à écrire pour le média Afrique XXI, un article intitulé « Au Cameroun, la prime aux grands « détourneurs » ».
L’ancien journaliste de Canal 2 International y décrit les faveurs accordées aux personnes reconnues coupables de crimes financiers au Cameroun.
« La récente libération de l’ancien ministre Basile Atangana Kouna et sa réception par la présidence, alors qu’il avait détourné plus de 1 milliard de francs CFA, passent mal dans l’opinion. Cette polémique a relancé le débat sur la loi portant création du Tribunal criminel spécial et démontré une fois de plus que la lutte contre la corruption est une notion à géométrie très variable au Cameroun », indique-t-il.
Jean Bruno Tagne n’est pas le seul à s’indigner. Son confrère Léger Ntiga, Directeur de publication du journal Essinga, parle lui, de profanation de la présidence de la République. « J’estime que la République a été profanée parce qu’un citoyen, reconnu coupable de délinquance économique, ne peut pas ainsi parader dans le palais de la République. Il y a eu, à mon avis, une faute de communication », a-t-il confié.
Le cas de Basile Atangana Kouna n’est pas une exception au Cameroun. « L’exemple le plus souvent cité pour illustrer ce « deux poids deux mesures » est celui de l’homme d’affaires Yves Michel Fotso. Ancien directeur général de la Cameroon Airlines (Camair), Fotso avait été arrêté et écroué à la prison centrale de Kondengui le 1er décembre 2010 pour détournement de fonds publics dans le cadre de l’achat d’un avion à l’usage public du président Paul Biya. Le mis en cause avait remboursé près de 1 milliard de francs CFA pour obtenir l’arrêt des poursuites, en vain. », rappelle Jean Bruno Tagne