Un communiqué signé par le ministre de la communication du Cameroun ce 23 janvier 2023 bat en brèche la déclaration du ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, publiée le 20 janvier dernier à Ottawa (Ontario).
« Suite à des informations récentes diffusées par certains médias, le gouvernement de la République du Cameroun informe la communauté nationale et internationale qu'il n'a confié à aucun pays étranger ou entité extérieure un quelconque rôle de médiateur ou de facilitateur pour régler la crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest », lit-on d’entame dans le communiqué du Porte-parole du gouvernement. Un cinglant désaveu de la Déclaration de la diplomatie canadienne. Le Cameroun serait-il froissé par une annonce prématurée de la diplomatie canadienne et aurait sur le coup dénoncé toutes les initiatives de ce pays ? Entre les lignes du communiqué, cette sensation se dégage fortement. « Le gouvernement rappelle qu'il appartient en premier lieu au peuple camerounais, aux institutions et aux dirigeants qu'il a librement choisis, de trouver les voies et moyens appropriés pour faire face aux problèmes auxquels notre pays est confronté », écrit le très diplomate ministre de la Communication. Un peu pour dire au partenaire nord-américain qu’il ne lui appartenait pas de l’annoncer en « premier lieu ». Bien plus, il exprime clairement les attentes du Cameroun à l’endroit de ses amis à travers le monde. « Le gouvernement exhorte les pays amis à traquer et à traduire en justice ceux qui, de l'étranger, financent et encouragent la violence dans notre pays ; remercie le gouvernement des États-Unis ';Amérique
pour les actions qui ont permis de traduire les auteurs de tels actes en justice et encourage les autres pays amis du Cameroun à faire de même », lit-on in extenso dans le communiqué. René Emmanuel Sadi, peu ou prou refroidit les ardeurs de certains acteurs partis à la négociation qui ont déjà communiqué sur cette facilitation à l’exemple de « l’Ambazonie » dont les signatures sont apposées conjointement par Lucas Cho Ayaba, Dabney Yerima, Ebenezer E. Akwanga et Emmanuel J. Taylor. « Le gouvernement de la République exhorte une fois de plus les membres des groupes armés à saisir l'offre de paix du président de la République, Son Excellence Paul Biya et à contribuer une fois de plus au grand travail de construction de la Nation », conclut-il.
Et les prétentions canadiennes ? « Le Canada a accepté de jouer un rôle de facilitateur dans ce processus, dans le cadre de son engagement à promouvoir la paix et la sécurité, et à faire progresser le soutien à la démocratie et
aux droits de la personne. Ce rôle témoigne également de la détermination du Canada à travailler avec ses partenaires africains pour bâtir un avenir meilleur pour tous », déclarait la cheffe de la diplomatie canadienne. On apprenait qu’au nombre des acteurs belligérants dans ce conflit qui court depuis 2017, il y avait d’un côté la République du Cameroun et de l’autre une kyrielle d’acteurs dont la liste rendue publique n’est pas exhaustive. Il
y avait de ce fait de l’autre côté, le Conseil de gouvernement de l’Ambazonie et les forces de Défense de l’Ambozonie, le Mouvement populaire de libération de
l’Afrique et les forces de Défense du (Southern Cameroon), le gouvernement
intérimaire, ainsi que l’équipe de coalition de l’Ambazonie. On apprenait aussi de la déclaration que « les parties expriment en outre l’espoir que d’autres groupes se joindront au processus ». Pour le pays de Justin Trudeau, il s’agissait d’un Accord visant à amorcer un processus formel, ce qui constitue « un premier pas essentiel vers la paix, et un avenir plus sûr, plus inclusif et plus prospère pour les civils touchés par le conflit ». Dans la foulée,
Mélanie Joly félicitait toutes les parties de s’être engagées dans un véritable
dialogue. Par ailleurs, elle engageait tous les intervenants à soutenir les parties et travailler avec elles « pour faire avancer ce processus inclusif, ainsi que pour y contribuer, dans le but de parvenir à un règlement politique durable et viable ». Bien avant, elle avait indiqué que le Canada salue le fait que les parties en conflit aient accepté d’entamer un processus en vue de parvenir à une résolution globale, pacifique et politique du conflit. En outre, il était aussi dit que les parties avaient également convenu de former
des comités techniques pour commencer à travailler sur des mesures de confiance.
En ce qui concerne les dégâts humains de ce conflit, on apprend que les civils sont les plus touchés. Plus de 6000 personnes ont perdu la vie depuis 2017. Plus de 800.000 personnes ont été déplacées et 600.000 enfants n’ont pas pleinement accès à l’éducation.