Actualités of Thursday, 22 September 2022

Source: La Nouvelle Expression du 22-9-2022

Conflit foncier : l’Irad et ses riverains à couteaux tirés

L’Irad et ses riverains à couteaux tirés L’Irad et ses riverains à couteaux tirés

Plus de 20.000 familles riveraines de l’Institut des Recherches Agricoles pour le Développement (Irad) sont menacées d’être jetées dans la rue suite aux revendications de l’organisme agricole sur les terres qu’elles occupent.

C’est le comble de l’inquiétude pour près de 20.000 familles en moyenne à Nkolbisson et à Akok Ndoe, deux quartiers du 7e arrondissement de Yaoundé riverains de l’Irad. Depuis le 11 Août dernier, le Préfet du Mfoundi les a notifiés d’un arrêté d’expulsion.

Dans le détail, te patron du Mfoundi justifie cette décision par la volonté des pouvoirs publics de reconstituer le patrimoine foncier de l’Irad qui est estimé à 21C hectares, hérités de l’ancêtre de l’Irad depuis 1948.Mais le hic se situe au sujet des limites du terrain de l’Irad.

Pour les populations riveraines, l’Irad empiète ri plus ni moins sur leurs terres puisqu’elle a déjà implanté des bornes qui impliquent que leurs domiciles doivent être démolies. Ce qu’elles n’entendent naturellement pas laisser faire.

Disputes autour des limites

Parmi ces riverains déterminés à ne rien céder. Marie Bete Biloa, 93 ans, dont la maison se trouve aux confins des limites que l’Irad indique tes limites de ces terres.

«Je suis venu en mariage ici à Ebozoa en 1957, de ce côté-à nous n’avions rien à voir avec l’Institut Français Agricole (IFA), l’ancêtre de l’Irad puisque mon beau-père M. Mebenga avait refusé de leur céder ses terres jusqu’à sa mort malgré les 300.000 frs qui lui étaient proposés. La limite de leurs terres était très loin d’ici», explique-t-elle.

Sur cette question des limites deux autres figures du quartier Ebozoa à Nkolbisson confortent les ères de Mme Biloa. D’abord Zacharie Njepang, qui s’est installé à Nkolbisson en 1957 où i a aussi travaillé comme chef de poste agricole après le départ des expatriés.

«Cette affaire de reconstitution des terres de l’Irad remonte à une trentaine d’années maintenant Au milieu des années 80 déjà le Préfet du Mfoundi s’était déjà mêlé de cette affaire en effectuant une descente sur le terrain pour reconstituer le patrimoine fonder de l’Irad à la demande de son Directeur. Mais celui-ci a dû déchanter à partir du moment où nous lui avons opposé qu’il n’avait rien à voir dans ce dossier d’autant que ses occupants avaient acquis ce terrain légalement Le Préfet avait donc dû se retirer», affirme-t-il.

Plus loin, à quelques encablures du domicile du Directeur Générai de l’Irad, se trouve à l’arrière de cette maison, la concession de M. Mbondji, un ancien responsable de l’Irad.

«Je ne sais pas pourquoi l’Irad vient de ce côté chercher du terrain, ils en ont ailleurs. En tout cas moi je ne vos pas comment on pourrait me faire partir puisque je suis en règle j’ai mes papiers», affirme-il. À l’appui de sa déclaration, il nous indique les limites du terrain de l’Iirad qu’il dit bien connaître pour y avoir travaillé pendant longtemps..

Procédures judiciaires

Comme M. Mbondji, tes populations riveraines de l’Irad se disent d’autant plus fondées à jouir de leurs terres qu’elles y sont installées légalement. Documents à l’appui, les autochtones affirment avoir sollicité et obtenu un titre foncier en 2000, la justice estimant que l’Irad devait leur rétrocéder des terres pour non exploitation de ces dernières depuis des lustres.

Devant cette issue, l’Irad allait elle-même se faire établir un titre foncier en 2008, lequel sera amitié par la justice en 2012. ce qui allait permettre aux propriétaires des terres d’y installer des acquéreurs venus y compris du NoSo.

Pourtant sans s’en remettre à la justice, le ministre des Domaines du Cadastre et des Affaires Foncières allait à son tour retoquer le titre foncier des populations autochtones. Ce qui, aussitôt allait permettre à l’Irad de se prévaloir à nouveau de son titre foncier, ne tenant nullement plus compte des prescriptions de la justice.

Selon les populations riveraines de l’Irad, la pression de l’Irad sur elles vient de ce que cette structure a reçu une dotation financière de l’Etat pour booster la production agricole locale, dans l’optique de l’import substitution, nouveau cheval de bataille du gouvernement pour juguler la dépendance du Cameroun à l’extérieur.

«Nous n’allons pas être sacrifiés au prétexte que l’Irad doit faire des champs. Ils ont des terrains partout au Cameroun et souvent dans l’arrière-pays. Qu’ils aillent travailler là-bas et nous laissent tranquilles», s’indigne L. Ahanda, un natif de Nkolbisson.

Loin de la mise en demeure du Préfet du Mfoundi, les populations riveraines de l’Irad espèrent continuer à vivre dans leurs domiciles alors que l’ultimatum de l’autorité administrative à leur endroit arrive pratiquement à expiration.